La main et l’oeil droits

L’évangile de Matthieu

La main et l’œil droits – Matthieu 5:29-30

Le chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu s’ouvre sur le discours sur la montagne, les béatitudes, que nous avons vu lors de l’étude 21 et dans la continuité de son discours, Jésus-Christ va opérer une réforme de la loi morale établie par l’homme pour en ressortir uniquement la Vérité, c’est-à-dire pour l’épurer de la tradition. Petit à petit, Jésus-Christ va détruire le venin du mensonge de la loi morale humaine par la Vérité de Dieu, et cela va concerner toutes les instances de nos vies.

Dans notre étude qui concerne les versets 29 et 30 du chapitre cinq de l’Évangile de Matthieu, Jésus-Christ utilise l’image de l’œil droit et celle de la main droite. Il est entendu que son discours doit être compris dans son sens spirituel, et non physique. Ainsi, quelle est la signifie spirituelle de la main droite et de l’œil droit ?

Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.

 

²⁹Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.

³⁰Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne.

Matthieu 5:29-30, Traduction Louis Segond

 

Ces Paroles de Jésus-Christ suivent directement l’enseignement concernant l’adultère que nous avions expliqué lors de l’étude précédente, l’étude 29. Ainsi, ce conseil de Dieu, car il s’agit bien d’un conseil, concerne l’adultère. Pour lui, il vaudrait mieux qu’il s’arrache l’œil droit plutôt qu’il fasse naître la convoitise, car la convoitise naît dans le regard, nous l’avions expliqué lors de l’étude précédente. Et il vaudrait mieux pour lui qu’il se coupe la main droite, plutôt que de passer à l’acte.

Cependant, on retrouve le même conseil en Matthieu 18:7-9 : « Malheur au monde à cause des scandales ! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-les et jette-les loin de toi ; mieux vaut pour toi entrer dans la vie boiteux ou manchot, que d’avoir deux pieds ou deux mains et d’être jeté dans le feu éternel. Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; mieux vaut pour toi entrer dans la vie, n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans le feu de la géhenne. »

Et l’on voit ici que le conseil concerne et s’applique à celui par qui le scandale arrive, l’auteur du scandale. Et l’adultère, dans son sens spirituel, qui est celui d’adorer un autre dieu que Dieu, est un scandale qui appelle au malheur, c’est-à-dire au mal qui arrive à l’heure.

Maintenant, il nous faut comprendre cette Parole de Dieu dans sa dimension spirituelle. En effet, elle ne concerne pas le corps. Jésus-Christ ne nous demande pas de nous arracher l’œil droit ni de nous couper la main droite. D’ailleurs, pourquoi l’œil droit et non le gauche ? Pourquoi la main droite et non la main gauche ? Tout simplement parce que l’œil droit symbolise ce que l’on recherche. Or, si l’on recherche le mal, il vaut mieux alors pour nous effectivement d’extirper de notre mental le mal, de le détruire. Et la main droite symbolise l’action. Ainsi, si notre action est de faire le mal, il vaut mieux alors couper cette action, c’est-à-dire ne pas la faire.

Les pharisiens et les docteurs de la loi ont pris cette Parole dans sa dimension terrestre, et c’est comme cela que l’on est arrivé à croire que l’on doit couper la main d’un voleur par exemple. Or, non, il ne s’agit aucunement d’une mutilation physique. Il s’agit d’une mutilation spirituelle, d’arracher la mauvaise pensée dans notre mental, celle qui vient du regard, afin de ne pas commettre l’irréparable, et de faire en sorte que toutes nos actions soient alignées avec la pensée de Dieu, que nos actions ne sont pas effectuées pour faire le mal, et l’action peut être l’adultère, effectivement, mais aussi le vol, la calomnie, la vengeance… Voyons tout cela en détail.

 

Il s’agit effectivement de l’œil et aussi, métaphoriquement, des yeux de l’esprit, de la faculté de connaître. Ainsi, c’est voir avec l’esprit. C’est regarder, voir quelque chose avec l’esprit.

Vient du verbe ὀπτάνομαι – optanomai qui signifie regarder, voir, se laisser voir, apparaître.

Ainsi, l’œil c’est ce que l’on regarde, ce que l’on voit, et ce que l’on voit peut engendrer des pensées dans notre mental.

Ainsi, celui qui regarde l’autorité, qui convoite l’autorité ou la place d’honneur, qui a pour but d’obtenir du pouvoir sur les autres, qui nourrit son orgueil, qui veut s’élever au-dessus des autres en ayant mieux que l’autre, qui cherche la première place… Si ce qu’il voit ou regarde attentivement peut le faire chuter, alors il vaut mieux qu’il arrache son œil ce qu’il voit, de ce qu’il convoite, plutôt que d’y succomber.

Imaginons que l’on voit, sur les réseaux sociaux, un « influenceur » aux nombreux abonnés. Si l’on commence à envier son statut parce qu’on désire aussi avoir de nombreux abonnés, donc obtenir une certaine notoriété, il vaut mieux détourner son regard, arracher cette mauvaise pensée de notre esprit, afin de ne pas chuter, afin de ne pas nourrir une jalousie qui pourrait nous pousser au péché. Rappelons que le péché est toute les fois où l’on pense ou agit sans Dieu.

Prenons un autre exemple, celui de la mode. Le monde nous fait croire que nous sommes notre corps, et donc, nous nous définissons par rapport à l’image que nous projetons. Cette image est visible et passe par le regard. Ainsi, beaucoup, à force de voir et d’aduler des stars, désirent leur ressembler, et perdent complètement leur propre personnalité. Et finalement, ces personnes se conforment aux diktats de la mode, et deviennent esclaves de ces diktats. Et cette façon de penser, qui naît de ce que l’on voit dans les magazines de mode ou chez les stars de la chanson ou du cinéma, peut virer à l’obsession et pousser à la mutilation du corps par la chirurgie dite esthétique.

Les publicitaires ont très bien compris ce mécanisme du regard qui crée l’envie. Il suffit d’attirer les regards sur l’objet que l’on veut vendre, d’engendrer le fait que le public visé va envisager l’objet, le regarder attentivement, et le tour est joué. Les personnes sont alors poussées à acheter l’objet même si elles n’ont pas besoin de l’objet, simplement parce que le fait de regarder avec attention l’objet a créé chez elles, dans leur mental, la pensée du besoin de l’objet. Encore une fois, cela peut devenir obsessionnel. Souvenons-nous que c’est par le regard qu’est né le péché originel. Satan a attiré l’attention d’Eve sur le fruit de l’arbre de la connaissance et du bien, et Eve l’a regardé attentivement, ce qui a fait naître le désir en elle de la manger.

Ce verbe a plusieurs sens :

→ poser une pierre d’achoppement ou un obstacle dans le chemin, sur lequel un autre peut trébucher et tomber. Donc, littéralement, mettre des pièges, chercher à faire chuter quelqu’un,

→ métaphoriquement, ce verbe prend le sens d’offenser quelqu’un,

→ attirer à pécher,

→ faire qu’une personne commence à se méfier de quelqu’un en qui elle avait l’habitude de croire et d’obéir,

→ être une occasion de chute,

→ être offensé par quelqu’un, c’est-à-dire dire voir dans un autre ce que je désapprouve ou qui m’empêche de reconnaître son autorité,

→ se sentir contrarié,

→ faire que quelqu’un ait du déplaisir à une chose,

→ rendre indigné.

Ainsi, si je cherche à nuire à quelqu’un, je provoque le scandale. Si j’offense quelqu’un, je provoque le scandale. Si j’attire quelqu’un dans le péché, je provoque le scandale. Si, par ma médisance, je fais qu’une personne commence à se méfier d’une personne en qui elle avait confiance, je provoque le scandale. Si je suis une occasion de chute pour autrui, je provoque le scandale. Si j’indigne quelqu’un, ou que je fais tout pour qu’autrui ressente du déplaisir, je provoque le scandale. Et si je provoque le scandale à cause de ma convoitise, parce que je regarde les choses du monde, parce que j’adhère aux choses du monde, il vaut mieux, avant de provoquer le scandale, et donc, de faire du mal aux autres, d’arracher la mauvaise pensée dans mon mental avant de passer à l’acte, et donc, symboliquement, d’arracher mon œil droit.

Ce verbe σκανδαλίζω – skandalizo découle du nom neutre σκάνδαλον – skandalon qui désigne la détente d’un piège, une trappe, un obstacle placé sur le chemin pour faire tomber ou trébucher quelqu’un, et toute personne ou chose par laquelle quelqu’un est amené à l’erreur ou au péché.

On comprend que ce mot comporte l’idée de faire du mal à autrui. Ainsi, si notre regard, ce que l’on regarde, fait naître en nous la pensée de faire du mal à autrui, pour le faire tomber, pour l’amener à l’erreur ou au péché, il faut mieux extirper cette pensée, l’arracher de notre mental, avant qu’elle ne se concrétise par l’acte.

Ainsi, il s’agit d’un impératif et le temps aoriste, qui est un temps indéfini, montre qu’il faut extirper cette mauvaise pensée de notre esprit indéfiniment, lutter contre elle pour qu’elle ne revienne plus. Il faut se délivrer de cette pensée mauvaise.

Ainsi, cette pensée mauvaise il faut la jeter et ne plus s’en préoccuper, ne plus y penser.

Pourquoi ? Parce que si l’on n’extirpe par la mauvaise pensée qui naît à l’intérieur de nous par ce que l’on voit, alors cette mauvaise pensée va grandir, et étouffer l’esprit, et si l’on n’y prend pas garde, si l’on passe à l’action, si l’on fait chuter quelqu’un, alors on peut périr dans le feu de géhenne, qui, rappelons-le, est l’enfer, c’est-à-dire un état extrême de solitude et de profonde angoisse où il n’y a aucun moyen de sortir, ni de s’exprimer.

 

Ainsi, c’est le passage à l’acte de cette recherche de gloire et de pouvoir, ce passage à l’action qui est une occasion de chute. Et l’on y retrouve le verbe σκανδαλίζω – skandalizo du verset 29.

On peut noter que les deux versets, 29 et 30, sont donc construits de la même manière. Le verset 29 met l’accent sur la pensée, alors que le verset 30 met l’accent sur l’action. Et encore une fois, il n’est pas question de se couper la main, dans le sens physique.

Ainsi, il est question ici de s’opposer à l’action que l’on s’apprête à faire, l’action de scandaliser autrui, de chercher à le faire chuter, de l’entraîner au péché…

Il faut comprendre que Jésus-Christ nous dit que si ce que je m’apprête à faire pour obtenir ce que j’aime, et que cela sera une occasion de chute et de scandale pour autrui, et même si cela me semble vital, je m’arrêter net dans mon action, et m’en détourner avant de commettre le mal, avant que le mal soit fait, car si je ne m’arrête pas, alors c’est l’enfer qui m’attend.

Soyez bénis.

Pour visionner la vidéo de cette étude :

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