L’évangile de Matthieu
L’adultère – Matthieu 5:27-28
Le chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu s’ouvre sur le discours sur la montagne, les béatitudes, que nous avons vu lors de l’étude 21 et dans la continuité de son discours, Jésus-Christ va opérer une réforme de la loi morale établie par l’homme pour en ressortir uniquement la Vérité, c’est-à-dire pour l’épurer de la tradition. Petit à petit, Jésus-Christ va détruire le venin du mensonge de la loi morale humaine par la Vérité de Dieu, et cela va concerner toutes les instances de nos vies.
Après les Béatitudes, Jésus-Christ va revenir sur les cinq dernières paroles des dix commandements, la Loi de Moïse, afin de recentrer la relation à l’autre en Dieu, cette relation à l’autre qui fait défaut aux scribes et aux pharisiens. Et alors, la loi devient une loi d’Amour. Dans ces deux versets de notre étude, Jésus-Christ revient sur la notion d’adultère, notion de la loi de Moïse qu’Il va élever à sa dimension spirituelle.
Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.
²⁷Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère.
²⁸Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur.
Matthieu 5:27:28, Traduction Louis Segond
Dans ces deux versets, Jésus-Christ revient sur une Parole de la Loi de Moïse que l’on a appelé les dix commandements. Cette Parole, on peut la lire en Exode 20:14 et au Livre du Deutéronome 5:18 : « Tu ne commettras pas d’adultère. »
Cette Parole a été comprise, par la morale pharisaïque, uniquement dans l’acte matériel de l’adultère. Les pharisiens n’ont regardé uniquement dans cette parole que ce qui concernait le corps. Pour les docteurs de la Loi de l’époque de Jésus, et pour certains de notre époque, le péché vient avec le passage à l’acte. Or, Jésus-Christ va renverser cette fausse croyance en disant que le péché est déjà commis en pensée et qu’il n’est que la concrétisation de nos pensées. Ainsi, c’est au niveau des pensées que tout se joue, car le mauvais sentiment vient de la pensée et se traduit par l’action.
Le véritable combat spirituel consiste à rectifier nos mauvaises pensées afin qu’elles ne se concrétisent pas dans nos actes. Pour le comprendre, je vous laisse lire le livre « Le véritable combat spirituel » que vous pouvez trouver sur ce site.
Et l’adultère commis en pensée, c’est la convoitise. On va d’abord convoiter une personne, la regarder avec convoitise, et cela peut mener au passage à l’acte si les circonstances le permettent. Parfois même au viol. Il s’agit donc d’une intention qui naît dans le mental, dans l’ego, et qui si on ne la fait pas taire, peut mener au passage à l’acte. Voyons tout cela en détail.
Nous avons vu que Jésus-Christ revient sur cette Parole des dix paroles : « tu ne commettras pas l’adultère » du Deutéronome et de l’Exode, ces fameuses paroles que Dieu a donné à Moïse sur le mont Sinaï, des ordonnances divines dont le but était de mettre en évidence le péché, de mettre en évidence les fautes du peuple.
Dieu a dit ce qu’il fallait faire et ne pas faire, a donné une ligne de conduite. Il fallait en effet montrer au peuple ce qui était bon et ce qui ne l’était pas.
Le verbe « être adultère » c’est μοιχεύω – moicheuo, littéralement commettre un adultère, être un adultère, avoir une relation illicite avec une autre femme que la sienne ou un autre homme que son époux.
En hébreu, l’adultère c’est נָאַף – na’aph qui est un verbe qui signifie commettre l’adultère, et aussi, dans son sens figuré, il désigne le fait de s’adonner à un culte idolâtrique.
Ainsi, l’adultère est aussi lié à l’idolâtrie, au fait d’adorer un autre dieu que Dieu.
Ce verbe grec a plusieurs sens :
→ voir, discerner, par l’intermédiaire de l’œil.
→ posséder la vue.
→ voir, regarder, apercevoir.
→ tourner les yeux vers une chose, regarder fixement.
→ percevoir par les sens, sentir.
→ découvrir à l’usage, savoir par expérience.
→ et métaphoriquement, voir avec les yeux de l’esprit, avoir la compréhension, l’intelligence, discerner mentalement, tourner les pensées, considérer.
Ainsi, il ne s’agit pas simplement de regarder, mais plutôt de considérer, de regarder fixement, d’envisager une femme, de dévisager une femme, de regarder attentivement toutes ses courbes…
Et cela, nécessairement, nous fait penser à Eve qui, après que le Serpent lui a montré l’arbre de la connaissance du bien et du mal, a fixé son fruit, l’a regardé attentivement, l’a considéré, et cela a fait naître en elle la convoitise en trouvant le fruit beau et bon à manger. Alors, elle a voulu le goûter et la suite on la connaît.
Ici, on retrouve le même processus. L’œil est attiré par une belle femme, et l’ego fait naître la convoitise. Tout se passe par la vue. C’est pour cela que Dieu nous demande de regarder l’Invisible et non le visible. Il nous demande de Le fixer Lui, et non les choses qui paraissent belles du monde et qui peuvent nous faire chuter.
Pour l’adultère c’est pareil. L’homme marié regarde une belle femme, et en la considérant, en la regardant avec attention, en voyant ses formes… il commence à la convoiter. C’est le début de la fin.
Ce verbe est composé de :
→ la préposition ἐπί – epi qui signifie sur, à, par avant. Elle est aussi utilisée pour marquer une position, au-dessus, contre, à travers, au temps de.
→ le nom θυμός – thumos qui désigne la passion, la chaleur, la colère immédiate et bouillante qui subsiste, l’ardeur, le vin de la passion, le vin qui enflamme et qui conduit le buveur à la folie.
Ainsi, la convoitise, qui fait naître le désir, peut conduire à la passion folle, à la violente chaleur qui embrase et qui nous fait commettre l’irrémédiable.
Rappelons que Dieu sonde les cœurs et les reins. Dieu connaît chacune de nos pensées, et Il sait que cette convoitise, qui arrive par la vue et qui est comme un feu qui embrase, est quelque chose qu’il faut combattre afin de ne pas succomber, de ne pas passer à l’acte.
Pour la morale pharisaïque, seul l’acte comptait, et seul l’acte était jugé. Or, Jésus-Christ dit que celui qui ne combat pas ses mauvaises pensées a déjà commis l’acte, est déjà coupable, puisqu’il a laissé le feu s’embraser en lui, et un jour, ce feu va avoir raison de lui, et il passera à l’acte.
Comprenez que celui qui ne combat pas son ego, qui ne le fait pas taire, qui ne repousse pas les mauvaises pensées qui naissent dans son mental, un jour ou l’autre, il passera à l’acte. Tout se joue dans nos pensées. Et l’ego est très fort lorsqu’il s’agit d’attirer notre regard vers quelque chose afin d’attiser en nous le feu de la convoitise. Ici, il s’agit d’adultère, mais si on élève spirituellement cette Parole, on sait alors qu’il s’agit aussi d’idolâtrie. Par la convoitise, en tournant notre regard vers les choses du monde, en les envisageant, cela va allumer le désir d’obtenir ces choses à tout prix ; cela peut être un statut social, une maison, une voiture, un moment de notoriété, un moment de gloire… On va envier celui qui a de nombreux abonnés, le chanteur à succès, le voisin qui possède une plus belle maison que nous… Et c’est l’idolâtrie, car toute notre attention va être portée sur cette chose qu’on n’a pas, et l’on va tout faire pour l’obtenir.
Bien sûr, dans ces versets Jésus-Christ parle de l’homme qui convoite une femme qui n’est pas la sienne et Il enseigne que tout se joue d’abord dans nos pensées, que le véritable combat à mener est un combat contre nos pensées mauvaises, et en ce sens, nul ne peut le mener à notre place. Le programme de délivrance est une méthode qui justement permet de mieux comprendre la Parole de Dieu, et donc, de rectifier ses pensées. Car lorsque l’on est avec Dieu, on ne pense plus de la même manière.
Soyez bénis.
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