L’Évangile de Matthieu
Le Notre Père – Partie I – Matthieu 6:9-10
Le chapitre 6 est le chapitre de la prière modèle, du Notre Père. Dans ce chapitre, Jésus-Christ va revenir sur des notions essentielles qui permettent de comprendre la véritable prière, celle qui se fait dans l’intimité de sa chambre, celle qui ne répète pas les mots, celle qui ne fait pas de bruit, celle où l’on entre en dialogue véritable avec le Père. On connaît tous le Notre Père. Beaucoup le récitent par automatisme sans comprendre sa portée spirituelle. Il est temps non plus de réciter le Notre Père, mais de déclamer cette prière avec le cœur dans l’attitude et l’état d’esprit qui plaît à Dieu.
Ainsi, après l’introduction sur l’enseignement de l’état d’esprit de la prière, Jésus-Christ, dans ces quelques versets, donne un modèle de prière qui contient tout ce dont nous avons besoin pour notre vie spirituelle. Dans cette première partie de l’étude du Notre Père, nous allons nous pencher sur les versets 9 et 10.
Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.
⁹Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; ¹⁰que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. ¹¹Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; ¹²pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; ¹³ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin. Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen !
Matthieu 6:9-13, Traduction Louis Segond
Après l’introduction à cette prière, que nous avons développée lors des études précédentes, introduction où Jésus-Christ explique la véritable prière qui est la véritable relation avec le Père, Il donne ici un modèle de prière que l’on a appelé le « Notre Père ». Cette prière, tous les chrétiens la connaissent et la récitent presque tous les jours. Cependant, peu savent et comprennent sa véritable portée spirituelle. Beaucoup ont appris cette prière par cœur, et non par le cœur, et la récitent machinalement, comme un enfant de l’école primaire récite un poème devant son instituteur, sans véritablement comprendre le sens du poème.
Pour expliquer la totalité, du moins essayer d’expliquer la totalité de l’enseignement spirituel porté par ce modèle de prière, il nous faudrait écrire un livre, tant il y a des choses à dire. Pour les besoins de l’étude, pour ne pas faire trop long, nous allons expliquer le « Notre Père » en trois parties, pour éviter de trop longs articles ou vidéos :
→ La première partie : les versets 9 et 10
→ La seconde partie : les versets 11 et 12
→ La troisième partie : le verset 13.
Ainsi, commençons cette étude du « Notre Père » par décortiquer les versets 9 et 10.
« ⁹Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; ¹⁰que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »
La première chose que l’on doit dire c’est que grammaticalement, la locution « sur la terre comme au ciel » est rattachée à la sanctification du nom, au règne de Dieu et à sa volonté. Tout cela doit être fait sur la terre comme au ciel.

Jésus appelait Dieu le Père, ainsi que ses disciples. Ainsi, en appelant Dieu son Père, on entre en relation intime avec Dieu, le Père, et on regarde Dieu comme un Père aimant, proche et attentionné, un Père qui nous a créés, qui a mis son Esprit en nous, qui nous anime du même esprit que lui, qui nous enseigne, qui nous donne la connaissance et le savoir, un Père qui est proche, et qui, pourtant, est dans les cieux.
Dieu est dans les cieux, mais il est avec nous, très proche, puisqu’Il est dans notre esprit. L’Esprit de Dieu est en nous, et enseigne notre esprit, Il nous guide, nous accompagne, nous conseille. Dieu n’est pas un être lointain. On n’a pas besoin de crier pour lui parler, ni de répéter les mots, comme nous l’avons vu lors de l’étude précédente. Dieu est proche de nous par l’Esprit, et c’est d’esprit à Esprit que l’on se met en relation avec Lui. Tout se passe à l’intérieur de nous, au sein même de nos pensées, de notre conscience.

Ainsi, Dieu, le Père, a sa demeure dans le ciel. Beaucoup de théologiens disent que parce que Dieu a sa demeure dans le ciel, alors Il descend pour me voir. Ce n’est absolument pas le sens de cette parole de Jésus-Christ. En effet, le fait de dire que le Père est dans les cieux, cela signifie que l’on proclame que Dieu est au-dessus de nous et au-dessus de tout, que parce qu’Il est placé en hauteur, Il voit tout, et rien ne lui échappe. Il a une vue d’ensemble sur tout ce qu’il se passe sur Terre. Et par l’Esprit, bien sûr, Il est avec nous, dans notre Esprit. Dieu est donc avec nous en toutes circonstances, partout où nous sommes, puisqu’Il est au-dessus de tout. Et donc, partout où nous sommes, Il veille sur nous, nous protège, nous enseigne, nous parle, nous guide.
Ainsi, lorsque l’on dit « Mon Père qui es dans les cieux », par la foi, on proclame que Dieu est son Père et qu’Il est proche, attentionné, qu’Il voit tout, qu’Il sait exactement où on se trouve, qu’Il a toujours son regard sur moi. Par la foi, on saisit que Dieu est proche et qu’Il est au-dessus de nous, Il est proche par l’esprit, et Il est au-dessus de nous, donc Il voit tout.

Le nom, ὄνομα – onoma en grec ancien, désigne le nom propre, mais aussi, il est utilisé pour tout ce qu’il recouvre, tout ce qui est pensé ou ressenti quand il est amené à l’esprit par sa mention. Quand on entend le nom, on se rappelle la personne qui porte ce nom, tant par son rang, par son autorité, par ses actions, par la relation que l’on a avec cette personne…
Par exemple, quand on mentionne le nom du Général de Gaulle, la mention de ce nom est rattachée à la seconde Guerre mondiale, à la Cinquième République, à l’homme d’État, à l’appel du 18 juin 1940, à la libération de la France, à un grand leader…
De plus, le mot ὄνομα – onoma désigne aussi la cause ou la raison nommée, à cause de ceci, il a cela. Par exemple, à cause de son alimentation trop riche en sucre, il souffre de diabète. La raison du diabète, dans cette phrase, c’est le sucre, donc le sucre c’est le nom dans le sens ὄνομα – onoma.
Ici, dans ce modèle de prière donné par Jésus-Christ, il s’agit du nom de Dieu. Quel est le nom de Dieu ? C’est le tétragramme יהוה – YHVH, qui littéralement pourrait se traduire par être et faire être au passé, au présent, au futur. C’est « je suis » et « je fais être » au passé, présent et au futur. Ainsi, quand on pense au nom de Dieu, on se rappelle que Dieu était, est et sera, et qu’Il a fait être, qu’Il fait être et qu’Il fera être.
Dans cette notion de faire être, nous avons l’idée de devenir. Ainsi, Dieu, par la foi, nous fait devenir enfant de Dieu, l’être qu’Il a créé à son image et à sa ressemblance. Il nous a créés, et par la foi, Il nous fait devenir tel qu’Il nous a créés.

Le verbe ἁγιάζω – hagiazo signifie sanctifier, consacrer comme saint, séparé des choses profanes et dédié à Dieu, purifier, purifier l’intérieur par la repentance.
Que doit-on comprendre ? Que Dieu n’est pas un simple élément de plus dans notre vie, un élément ajouté aux choses communes, aux choses du monde. Dieu n’est pas dans le monde, Il est au-dessus du monde et voit le monde. Ce qui signifie qu’il faut garder le nom de Dieu saint, ne pas le mêler aux choses du monde. Il y a les choses du monde, et il y a Dieu.
Dieu est pur, et tout ce qu’Il a créé est pur. C’est l’homme qui rend les choses impures. Toute la création est bonne, car Dieu est bon. C’est l’homme qui par son orgueil a rendu ce que Dieu a créé mauvais, qui a transformé ce que Dieu a créé pour le rendre mauvais. Au départ, avant toute intervention humaine, toute la création était bonne et pure.
« Que ton nom soit sanctifié », signifie littéralement que ton nom soit gardé saint, que l’on ne mêle pas ton nom aux choses impures du monde, que l’on n’impute pas à Dieu les souffrances du monde, les guerres, les famines… qui ne sont que des conséquences des actions des hommes.
Et rappelez-vous, cela doit être établi sur terre comme au ciel.

Ce mot βασιλεία – basileia dans sa construction étymologique peut revêtir trois sens :
→ le roi d’un peuple, celui qui est le roi du peuple.
→ Le chef qui fait marcher le peuple.
→ Le chef, le fort, celui sur lequel le peuple s’appuie.
Qui est le peuple de Dieu ? Tous ceux qui ont reconnu Jésus-Christ comme leur Seigneur et Sauveur représentent le peuple de Dieu. Ainsi, lorsque l’on parle du règne de Dieu, on parle de l’autorité de Jésus-Christ et de sa royauté. C’est Jésus-Christ qui est le Roi. C’est Jésus-Christ qui est le berger qui conduit les brebis, les brebis représentant le peuple de Dieu. C’est Jésus-Christ qui est le Fort, le Roc, celui sur lequel on s’appuie, celui qui possède l’autorité et qui nous protège des mauvais, des hypocrites, des orgueilleux, des insensés…
Par cette phrase « que ton règne vienne », on réclame l’autorité de Dieu dans nos vies, et on demande à Dieu de conduire nos vies, on reconnaît Dieu comme son Seigneur, son Maître, on demande à Dieu de nous conduire, de nous guider… et cela, on le rappelle, sur terre et au ciel.

Le verbe ἔρχομαι – erchomai signifie venir, apparaître, et métaphoriquement, il signifie arriver dans la vie, avoir une place ou l’influence, suivre quelqu’un.
Ainsi, on demande à Dieu que son autorité s’établisse dans nos vies, qu’on Le suivre. Littéralement, on dit à Dieu que l’on se soumet à son autorité, on lui demande de gérer nos vies, on remet toute sa vie entre ses mains, avec une entière confiance, pour se laisser guider, et cela, sur terre et au ciel.

La racine de ce mot est θέλω – thelo qui signifie vouloir, avoir à l’esprit, avoir l’intention de, être résolu à, désirer, souhaiter, prendre plaisir à…
Ainsi, les questions que l’on peut se poser est : « quel est le désir de Dieu ? Que souhaite Dieu ? À quoi prend plaisir Dieu ? Qu’a décidé de faire Dieu ? Et donc, quel est son plan pour l’humanité ?
À toutes ces questions, c’est Jésus-Christ lui-même qui répond en Jean 6:40 : « La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. »
La volonté de Dieu c’est que quiconque place sa confiance en la Parole (Jésus-Christ, la parole faite chair), afin qu’il soit ressuscité au dernier jour, donc au jour du retour de Jésus-Christ sur Terre. Voilà la volonté de Dieu.
Ainsi, on prie pour que la volonté de Dieu s’établisse sur terre, c’est-à-dire pour que tous les hommes se convertissent à Dieu et acceptent Jésus-Christ comme leur Seigneur et Sauveur, et au ciel.
Nous nous retrouvons à la partie II pour la suite du déroulement du « Notre Père », partie II où nous verrons les versets 11 et 12 du chapitre 6 de l’Évangile de Matthieu, versets qui nous feront aborder les thèmes de la nourriture spirituelle et du pardon.
Que Dieu vous garde et vous bénisse.

Pour écouter cette étude sur la chaîne @VeriteetDelivranceChrist
