L’Évangile de Matthieu
Le Notre Père – Partie II – Matthieu 6:11-12
Le chapitre 6 est le chapitre de la prière modèle, du Notre Père. Dans ce chapitre, Jésus-Christ va revenir sur des notions essentielles qui permettent de comprendre la véritable prière, celle qui se fait dans l’intimité de sa chambre, celle qui ne répète pas les mots, celle qui ne fait pas de bruit, celle où l’on entre en dialogue véritable avec le Père. On connaît tous le Notre Père. Beaucoup le récitent par automatisme sans comprendre sa portée spirituelle. Il est temps non plus de réciter le Notre Père, mais de déclamer cette prière avec le cœur dans l’attitude et l’état d’esprit qui plaît à Dieu.
Ainsi, après l’introduction sur l’enseignement de l’état d’esprit de celui qui entre en prière, Jésus-Christ donne un modèle de prière, le Notre Père, qui contient tout ce dont nous avons besoin pour notre vie spirituelle. Lors de l’étude précédente, nous avions vu les deux premiers versets du Notre Père. Dans cette seconde partie, nous allons nous pencher sur les versets 11 et 12 de la prière.
Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.
Commençons par lire la prière dans son intégralité.
⁹Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; ¹⁰que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. ¹¹Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; ¹²pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; ¹³ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin. Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen !
Matthieu 6:9-13, Traduction Louis Segond
Lors de l’étude précédente, nous avions coupé cette prière en trois parties, et cela uniquement dans le but que les articles ou les vidéos ne soient pas trop longs.
→ La première partie : les versets 9 et 10
→ La seconde partie : les versets 11 et 12
→ La troisième partie : le verset 13.
La partie I, qui concerne les versets 9 et 10, a déjà été mise en ligne la semaine dernière. Nous allons maintenant avancer et étudier les versets qui suivent, les versets 11 et 12 que nous allons relire.
¹¹Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; ¹²pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ;
Ces deux versets contiennent à eux seuls tout l’enseignement concernant la nourriture physique et spirituelle, et tout l’enseignement concernant le pardon de Dieu et le pardon à autrui.
Remarquons que Jésus-Christ nous a demandé d’entrer à l’intérieur de notre esprit pour s’adresser au Père. Je parle au Père, je m’adresse à Lui dans l’intimité de mes pensées, et Il me répond par son Esprit. Alors pourquoi ce « nous » qui sous-entend une prière de groupe ? En vérité, dans le texte en grec original, ce que l’on a traduit par « nous » est la déclinaison du pronom ἐγώ – ego qui est le je, et qui se traduit par mon, ma, moi, mes… Il n’y a donc pas de nous.

Nous savons que la portée du « Notre Père », prière que l’on devrait appeler « Mon Père » est spirituelle. Il est évident, alors, que ce pain quotidien concerne une nourriture spirituelle. Il s’agit de la nourriture physique, car la nourriture du corps vient de Dieu et se trouve dans la nature, dans la création. Mais il y a aussi la nourriture spirituelle, celle de l’esprit, et elle vient aussi de Dieu, et cette nourriture, c’est sa Parole. Comme Jésus-Christ est la parole de Dieu faite chair, c’est pour cela qu’Il a pu dire « je suis le pain vivant descendu du ciel » ( Jean 6:51) et « Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jean 6:35).
C’est la Parole de Dieu qui nourrit l’esprit et qui le fait grandir.
Remarquons aussi l’utilisation des mots « aujourd’hui » et « quotidien », comme s’il y a une répétition, une insistance. On demande à Dieu de nous donner aujourd’hui le pain quotidien, c’est-à-dire le pain qui arrive chaque jour. Voyons tout cela en détail pour bien comprendre de quoi il s’agit, et surtout de quel pain il s’agit.

Mais, et c’est là que cela devient intéressant, ce mot, métaphoriquement, désigne la bonne action, ce qui se fait dans la lumière, contrairement à la nuit où sont réalisés les crimes et les mauvaises actions. Le jour, c’est donc la lumière, alors que la nuit, c’est l’obscurité.

Ce pain, cet ἄρτος – artos est un pain un peu spécial, un pain qui était pétri trois fois, préparé à l’avance et qu’on utilisait lors des fêtes ou que l’on mettait sur la table de proposition. Ce sont les pains de proposition, ceux qui étaient constamment éclairés par la lumière de la Ménorah, le chandelier à 7 branches et qui symbolisait la présence divine.
Donc ce pain, symboliquement, représente ce qui est pétri, préparé à l’avance pour les œuvres bonnes du Seigneur. C’est l’esprit de l’homme nourri par l’Esprit de Dieu qui prépare l’homme, à accomplir de bonnes choses, c’est-à-dire à devenir enfant de Dieu.
Ainsi, chaque jour, par l’Esprit, par la Parole, Dieu nous façonne, nous pétrit, pour que nous puissions accomplir de bonnes œuvres, pour que nous puissions devenir enfants de Dieu, et être remplis de l’Amour de Dieu.

Ce mot ἐπιούσιος – epiousios a deux occurrences dans la Parole de Dieu, ici en Matthieu et l’autre occurrence se trouve en Luc 11:3 : « Donne-nous chaque jour notre pain quotidien ». Il s’agit du même passage. Certaines traductions, notamment la Darby, a préféré opter pour le verbe faire pour traduire ce mot ἐπιούσιος – epiousios : « Donne-nous aujourd’hui le pain qu’il nous faut ». Donc, il s’agirait du pain nécessaire, du pain qu’il nous faut, du pain dont nous avons besoin pour nourrir notre esprit chaque jour.
Le dictionnaire le Grand Bailly donne la définition « du jour suivant » pour ἐπιούσιος – epiousios.
Ainsi, dans cette prière, on demande à Dieu de nourrir chaque jour notre esprit par sa Parole afin de nous préparer pour le jour suivant, de nous façonner à son image et à sa ressemblance, pour devenir un enfant de Dieu. Cette nourriture de l’esprit, qui vient de Dieu, c’est la Parole, et Jésus-Christ est la Parole de Dieu faite chair, c’est pour cela qu’il a dit en Jean 6:51 « Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde. »
C’est la Parole de Dieu qui nourrit l’esprit, la Parole de Dieu est le pain de notre esprit qui lui permet de grandir, de s’épanouir, d’être enseigné… tout simplement de lui donner la vie. Sans cette nourriture, l’esprit ne peut vivre, il s’éteint. Et ce que Jésus-Christ a donné, c’est sa propre vie, pour nous sauver par son œuvre. Il est grand temps de lire la Parole de Dieu pour nourrir son esprit, et ainsi, se laisser préparer par Dieu afin de devenir enfant de Dieu, et donc, être dans la capacité d’accomplir de bonnes œuvres, être en paix, et surtout, libéré des mensonges du monde qui nous retiennent dans le péché.

Dans quasiment toutes les traductions que nous avons de la Bible en français, nous avons cette phrase qui implicitement nous fait croire que c’est parce que nous avons pardonné aux autres, que Dieu va nous pardonner nos péchés, comme si, quelque part, Dieu ne pourrait pas agir et qu’Il attendrait qu’on agisse pour agir à son tour. Comme si le pardon de Dieu viendrait à la suite de notre pardon aux autres. D’abord, nous on pardonne, et après Dieu peut nous pardonner. Si on ne pardonne pas, alors Dieu ne peut pas nous pardonner. Penser ainsi, c’est enlever la souveraineté de Dieu, c’est croire que Dieu n’est pas souverain, mais tributaire d’une décision d’un homme. Et on va voir que deux seuls petits mots dans cette traduction ont fait changer tout le sens du texte, et ces petits mots, ce sont « comme » et « aussi ».

Ainsi, le sens est rétabli, c’est-à-dire que c’est parce que Dieu nous a pardonné que nous sommes alors capables de pardonner à ceux qui nous ont fait du mal. Nous avons péché contre Dieu, donc nous avons fait du mal à Dieu, et Dieu nous pardonne. Et parce qu’Il nous pardonne, alors on devient capable de pardonner à ceux qui nous ont fait du tort. On demande pardon à Dieu, Dieu nous pardonne. C’est la repentance. Alors, tous les jours, Dieu nous donne notre « pain quotidien », sa Parole, qui va nourrir notre esprit et nous rendre capables de pardonner à celui qui nous a fait du tort. Et donc, nous sommes devenus capables de pardonner parce que Dieu nous a pardonné en premier.
Et cela rejoint 1 Jean 4:19 : « Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. »
Nous sommes capables d’aimer seulement parce que Dieu nous a aimés en premier.
Nous nous retrouvons à la partie III pour l’étude des derniers versets du « Notre Père », versets qui nous feront aborder les thèmes de la tentation, de la délivrance, du règne de Dieu.
Que Dieu vous garde et vous bénisse.
Pour visionner cette étude sur la chaîne @VeriteetDelivranceChrist
