Etude 2 Corinthiens 10 v.3 à 5

Etude et traduction sémantique de 2 Corinthiens 10 versets 3 à 5

Nos armes ne sont pas charnelles, elles sont spirituelles

 

Trop souvent, nous avons une lecture biaisée des textes bibliques, une lecture déformée par le prisme d’une doctrine religieuse et/ou par les traductions françaises des Bibles traditionnelles qui sont mises à la disposition des croyants. La plupart de nos Bibles françaises ont été traduites à partir de la première traduction de la Bible en latin, la Vulgate. Ce travail de traduction des textes originels en hébreu pour l’Ancien Testament et en grec pour le Nouveau Testament a été attribué à Jérôme de Stridon (342 – 420). Cette version latine de la Bible s’est imposée dans l’Église et c’est à partir de la Vulgate que l’on a traduit la Bible en français, italien, espagnol, anglais… Cependant, il existe des erreurs de traduction, et l’on sait que la Vulgate a « rectifié » certains écrits qui ne collaient pas au dogme religieux qui était en train de se mettre en place. Ajoutons à cela que nos Bibles françaises sont toutes orientées, les traductions sont toutes orientées pour coller à une mouvance du christianisme, soit catholique, soit évangélique, soit protestante, soit orthodoxe… et donc ne donnent plus le vrai sens des textes originels. Dans cette série d’articles, nous allons regarder les textes originels, en hébreu pour l’Ancien Testament et en Grec pour le Nouveau Testament, et essayer d’en ressortir le véritable sens, afin de redonner la Parole de Dieu en vérité, non pas comme nous le voulons ou pour servir nos intérêts ou pour coller à une doctrine religieuse, mais comme Dieu Le veut.

 

Dans ce premier article de cette longue série qui nous attend sur le « décryptage » biblique (peut-être devrions-nous dire de rectification du sens des textes bibliques), nous allons étudier un texte de l’apôtre Paul, sa deuxième lettre aux Corinthiens, et plus précisément, un petit passage de cette lettre qui parle du combat spirituel. Lisons ce texte d’après la traduction de Louis Segond.

 

³Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. ⁴Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. ⁵Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ.

 

Verset 3 : « Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. »

Dans la Bible juive complète de David H. Stern (Bible traduite à partir des textes originels), ce verset trois est retranscrit de cette manière : « Nous vivons bien évidemment dans ce monde, mais nous ne combattons pas selon chair ». On note une différence. Est-ce que marcher dans la chair c’est vivre dans le monde ? La TOB a traduit le début de ce verset de cette manière : « Tout homme que nous sommes… » et dans la Bible en français courant, on peut lire : « Certes, nous sommes tous des êtres humains… ».

Quel est le véritable sens de ce verset et plus précisément de ce début de verset ?

Marchons ⇒ περιπατουντες – peripatountes dans le texte grec originel, qui est la conjugaison du verbe περιπατέω – peripateo qui signifie marcher, être en chemin, progresser, faire bon usage des opportunités et qui désigne aussi le verbe vivre en hébreu.

On retrouve ce même verbe traduit pas le verbe être en Romains 8:1 : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus

Ce verbe περιπατέω – peripateo dérive du verbe πατέω – pateo qui peut s’entendre sous deux sens différents : piétiner, écraser avec les pieds, fouler aux pieds, traiter avec insulte et mépris, profaner les choses saints ou avancer, marcher sur pour vaincre les périls et les machinations.

Comprenez que même si nous marchons avec Dieu, nous sommes pour le moment dans la chair. Nous pouvons vaincre les machinations, avancer, mais aussi fouler aux pieds les choses saintes. Donc, nous avons une dualité en nous qui est attachée à la chair. Quelle est cette dualité ? L’esprit et l’ego. Nous avons l’esprit qui vient de Dieu et l’ego qui est le fragment de Satan qui est en nous, dans le mental, cette bouffée d’orgueil qui nous pousse à nous éloigner de Dieu. Si nous écoutons Dieu, nous marchons, nous avançons sans craindre les périls ; si nous écoutons l’ego, il prend le dessus sur l’esprit, et alors on piétine les choses saintes. Remarquez que tout cela se passe au niveau de la conscience, donc au niveau des pensées.

La chair ⇒ σάρξ – sarx qui signifie la chair, le corps, le corps humain.

Combattre _ στρατεύομαι – strateuomai, qui est un verbe dont la signification est :

→ faire une expédition militaire, conduire des soldats à la guerre ou la bataille (se dit d’un commandant).

→ remplir ses devoirs militaires, être en service actif, être un soldat.

→ combattre

Littéralement, voici le sens de ce verset 3 ⇒ nous avons à l’intérieur de nous l’ego qui nous pousse à suivre le monde, et nous devons combattre cet ego afin de marcher par l’esprit. Ce combat que nous devons mener est un combat d’esprit, car l’ego ne se combat pas avec des techniques humaines, mais spirituellement, car ce combat est avant tout un combat d’esprit.

 

Verset 4 : « Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles ; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. »

Commençons par donner d’autre exemples de traductions de ce verset que l’on peut trouver dans nos Bibles :

→ Celle de la Bible juive complète de David H. Stern : « car les armes que nous utilisons ne sont pas de ce monde. Au contraire, elles ont la puissance de Dieu pour démolir les forteresses. »

→ Celle de la TOB : « Non, les armes de notre combat ne sont pas d’origine humaine, mais leur puissance vient de Dieu pour la destruction des forteresses. »

→ Dans la Bible en français courant : « Dans notre combat, les armes que nous utilisons ne sont pas d’origine humaine ; ce sont des armes puissantes de Dieu qui permettent de détruire des forteresses. Nous détruisons les faux raisonnements. »

Et je vous le dis tout de suite, c’est la traduction de la Bible en français courant qui est la plus juste. Voyons cela en détail :

Charnelles ⇒ σάρξ – sarx qui signifie la chair, le corps, le corps humain.

Forteresses ⇒ οχυρωματων – ochurômatpôn, qui au singulier est ὀχύρωμα – ochuroma. Ce mot est employé une seule fois dans le Nouveau Testament, ce qui nous montre qu’il a vraiment un sens particulier. Et dans ce mot, il y a le sujet principal de notre combat spirituel, celui contre quoi nous devons lutter grâce aux armes puissantes que Dieu nous donne. Rappelons que ces armes composent l’armure du chrétien, on y trouve la ceinture de la Vérité, la cuirasse de justice, les chaussures du zèle, le bouclier de la foi, le casque du salut, l’épée de l’esprit. Des armes avant tout défensives, et non de combat, sauf pour la dernière arme que Dieu nous donne. Et toutes ces armes servent à renverser les forteresses. Regardons la signification précise du mot ὀχύρωμα – ochurom. Ce mot désigne effectivement un château, une forteresse, un fort, mais il désigne aussi toute chose sur laquelle on s’appuie, et par extension, les arguments et raisonnements qu’un disputeur avance pour fortifier son opinion et la défendre contre son opposant.

ὀχύρωμα – ochuroma dérive de ἔχω – echo qui signifie :

→ Avoir c’est-à-dire tenir, détenir, avoir possession d’un esprit (émotion – mental), considérer comme détenir. Il y a ici un aspect illusoire, car l’on peut considérer détenir quelque chose que l’on n’a pas.

→ De ceux qui sont joints par les liens du sang ou par le mariage ou par amitié ou les impératifs de la loi, le service ou le compagnonnage. Là encore, c’est quelque chose d’illusoire et de profondément humain. On pense se joindre ou se lier avec quelqu’un ou une doctrine, ou une philosophie…

→ Se trouver ou se tenir soi-même de telle ou telle manière.

→ S’attacher à une chose, adhérer à, s’accrocher à, être fermement attaché à une personne ou une chose.

Symboliquement, ce mot ὀχύρωμα – ochuroma désigne une position à laquelle on tient particulièrement, comme la position d’un philosophe qui va défendre sa thèse ou celle d’un adhérent politique qui tient à son parti politique et qui va défendre ses idées politiques.

Dans l’Ancien Testament, lorsque l’on va regarder dans la Septante (qui est la traduction de l’Ancien Testament en hébreu), on retrouve ce mot ὀχύρωμα – ochuroma en Genèse 39 :20, passage où Joseph, fils de Jacob est en Égypte, en prison, enfermé après les fausses accusations de la femme de Potifar. Dans l’Ancien Testament, c’est le mot אכר – ‘acar qui a été traduit par ὀχύρωμα – ochuroma, et ce mot traduit une idée d’enfermement, de celui qui est enchaîné et qui est obligé de faire serment. En effet, dans l’Égypte antique, on enfermait les prisonniers au plus bas des cachots pour les obliger à faire serment au Pharaon, c’est-à-dire à le reconnaître comme un Dieu. Donc, par ce moyen, on voulait que les gens se soumettent au Pharaon et en fassent leur dieu.

Et c’est exactement le sens de ce mot qui a été traduit par « forteresses » dans nos Bibles. Les forteresses représentent tous les arguments et les raisonnements qu’une personne va mettre devant nous pour défendre, fortifier et nous faire adhérer à son idéologie, à sa thèse, à sa philosophie, à sa doctrine. Il y a ici un aspect de discours, de quelqu’un qui parle pour nous convaincre de quelque chose, qui avance ses arguments, mais qui va, si on le laisse faire, si on l’écoute, si l’on n’y prend pas garde, nous enfermer, nous tenir prisonnier de mensonges, et donc de Satan. D’ailleurs, on le comprend aisément au verset 5. Renverser les forteresses signifie que Dieu nous donne les moyens, les armes, pour se tenir éloigné de ces gens-là qui ne professent que des mensonges et de fausses théories, de comprendre qu’ils disent des mensonges.

D’ailleurs, le premier conseil que Dieu nous donne, dans les psaumes, au psaume 1 verset 1 est celui-ci : « Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pécheurs, et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs. »

Dieu nous dit ne pas marcher selon les conseils des méchants et de ne pas s’asseoir en compagnie des moqueurs. Les moqueurs  sont toutes ces personnes qui montent des forteresses, c’est-à-dire de faux raisonnements, de fausses doctrines, de fausses idéologies, de fausses philosophies. Dieu nous demande de nous tenir éloignés d’eux, de ne pas les écouter. Ainsi, ils ne feront pas entrer le doute dans notre conscience, ainsi que de mauvaises pensées qui vont nous éloigner du chemin de Dieu. Ne pas écouter le conseil est simple, et pourtant… cela demande de ne plus passer du temps sur les réseaux sociaux, d’éteindre la télévision, de fermer son magazine… 

 

Verset 5 : « Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ. »

Renversons ⇒ καθαιρουντες – kathairountes, forme conjuguée du verbe καθαιρέω – kathaireo qui signifie descendre, mettre bas, démolir, mais sans aucune notion de violence.

Les raisonnements ⇒ il s’agit du mot  λογισμός – logismos. Ce mot désigne un stratagème, un calcul, une supposition, un raisonneur, une logique fallacieuse, un jugement.

Comprenez que tous ceux qui s’établissent dans la foi, qui ont confiance au Seigneur Jésus-Christ, pourront mettre bas tous ces faux raisonnements, non pas d’une manière violente, mais tout simplement en disant la vérité, en ne cherchant pas à convaincre, mais en parlant, en ouvrant la bouche pour dire la vérité. Ceux qui veulent entendre entendront, les autres, que le Seigneur leur vienne en aide.

Hauteur ⇒ ὕψωμα – hupsoma, signifie barrière, muraille, rempart. Vient du verbe ὑψόω – hupsoo qui signifie métaphoriquement s’élever vers le sommet de l’opulence et de la prospérité, s’élever aux honneurs. C’est celui qui va chercher à s’élever au-dessus des autres, le dédaigneux, le présomptueux, le prétentieux. Ces gens-là sont ceux qui se pensent être leur propre dieu, et qui s’élèvent contre la connaissance de Dieu. Dieu nous invite, en disant la Parole de Vie, en les mettant face à leurs mensonges, à les renverser. Pas à discuter avec eux, mais à leur dire la vérité, c’est-à-dire la Parole de Dieu, comme Jésus a répondu à Satan lors de l’épisode de la triple tentation dans le désert. Jésus n’a pas cherché à discuter avec Satan, Il n’a pas cherché à le raisonner, mais Il lui a rappelé la Vérité et a opposé la Vérité à chacun de ses mensonges. Ce mot ὕψωμα – hupsoma signifie aussi barrière. Comprenez que ces gens élèvent des barrières, donc quelque chose qui les empêche d’avancer. Ces gens se barricadent derrière leurs fausses théories, leurs fausses doctrines, mais ils n’avancent plus, ils ne sont pas dans l’édification.

Et c’est en faisant cela, en gardant la Parole de Dieu, en connaissant Dieu, que l’on peut renverser tous les mensonges professés par les gens du monde. Et c’est en faisant cela que la pensée, notre pensée, est libérée. Pour qu’elle soit libérée, il faut l’amener à l’obéissance de Christ, c’est-à-dire que l’on doit devenir humble, ne plus croire que l’on peut être son propre dieu, mais qu’il n’y a qu’un seul Maître, c’est Jésus-Christ. Le combat que nous devons mener est un combat d’esprit, un combat qui se situe à l’intérieur de nos pensées, contre notre mental (ego), nos programmations mentales et les mensonges du monde. Et ce combat, chacun doit le mener, car chacun doit rectifier ses pensées, c’est-à-dire amener celles qui sont captives à Jésus-Christ. Ce travail se fait par la repentance, c’est-à-dire par l’acceptation de se voir en vérité, tel que nous sommes, avec nos péchés. Dieu ne nous demande pas de combattre contre ces gens, Il nous demande de dire la vérité et de rectifier ses pensées. Et pour cela, il ne faut pas écouter ces gens, il faut s’en éloigner, il ne faut pas les laisser faire entrer de mauvaises pensées en nous. Alors, Dieu pourra nous guider, pourra nous élaguer, afin que nous revenions à la vie.

J’explique tout cela dans le livre « Le véritable combat spirituel, un combat contre nos pensées mauvaises ». Soyez bénis.

 

Pour aller plus loin 

 

Laisser un commentaire

error: Halte au copié collé

En savoir plus sur Vérité et Délivrance

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading