La deuxième tentation

L’évangile de Matthieu

La deuxième tentation – Matthieu 4:5-7

Le chapitre quatre de l’Évangile de Matthieu montre un plan en trois grandes parties : la triple tentation dans le désert, l’appel des premiers apôtres et le début du ministère de Jésus-Christ. Et c’est à la première grande partie que nous allons nous pencher dans cette étude, plus précisément à la seconde tentation, étant donné que la première tentation a déjà été expliquée lors d’une étude précédente.

Nous avions vu, lors de l’étude précédente, la signification spirituelle de la première tentation, qui est celle de faire passer les désirs du corps avant la Parole de Dieu. Dans cette étude des versets 5 à 7 du chapitre 4 de l’Évangile de Matthieu, nous allons découvrir la signification spirituelle de la deuxième tentation, qui, encore une fois, ne vient pas de Satan, mais du diable, le diabolos, c’est-à-dire l’ego.

Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.

Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple, et lui dit : Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera des ordres à ses anges à ton sujet ; et ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre. Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.

Matthieu 4:5-7, traduction Louis Segond

Lors de notre étude précédente (Étude 14 – La première tentation – Matthieu 4:1-4), nous avions défini qui était le diable, διάβολος – diabolos en grec, terme qui existait chez les philosophes grecs au moins 600 ans avant l’écriture des Évangiles, et bien plus encore avant que le christianisme associe ce mot à Satan et qu’il devienne le Diable. Nous avions expliqué que les Grecs associaient ce mot διάβολος – diabolos aux pulsions attachées à l’âme, à quelque chose qui est à l’intérieur de soi et qui attise les émotions, les pulsions, les exacerbe et pousse à agir contre le bon sens, l’équilibre moral ou l’ordre social. Bien avant sa diabolisation par le christianisme, ce que les Grecs avaient appelé διάβολος – diabolos c’est tout simplement l’ego, la bouffée d’orgueil héritage du péché originel, notre petit ennemi qui est à l’intérieur de nous et qui fait naître des pensées contraires à l’ordre établi par Dieu afin, justement, de nous détourner de Dieu. Christianisé à outrance pour devenir le Diable avec toute sa panoplie grotesque (cornes, pieds de bouc, tête de bouc…) et assimilé à Satan, cet ego n’est pas Satan, mais il nous fait dévier du Plan de Dieu, et c’est lorsque l’on s’éloigne de Dieu qu’intervient Satan, puisqu’il guette la moindre opportunité pour lancer ses flèches enflammées. Celui qui écoute son ego va se positionner dans l’avoir, et non plus dans l’être. Son esprit va plonger dans le brouillard, et il ne sera plus capable d’écouter Dieu. L’ego nous fait vivre constamment dans les regrets du passé et la peur de l’avenir, et il nous fait toujours tourner le regard vers le visible, vers l’avoir, afin d’attiser en nous le désir de la convoitise, le désir de posséder, le désir d’obtenir du pouvoir sur les autres. Cet ego nous fait vivre de nombreuses expériences, parfois douloureuses, mais ces expériences sont nécessaires pour prendre la décision de suivre Dieu ou de continuer à suivre ses émotions, ses pulsions et son orgueil, son envie de devenir son propre dieu.

Ainsi, dans ces versets, ce n’est pas Satan qui conduit Jésus « dans la ville sainte », mais bien une mauvaise pensée orgueilleuse, celle qui surgit chez chacun de nous, celle qui vient des pulsions, de la chair, car encore une fois, Jésus-Christ doit l’éprouver pour nous montrer comment il faut faire taire l’ego.

 

Verset 5

Le diable le transporta dans la ville sainte, le plaça sur le haut du temple

 

On va remettre les mots dans l’ordre tels qu’ils apparaissent dans le texte originel en grec ancien :

→ prendre, prendre avec soi, joindre à soi, comme un associé ou un compagnon qui se joint à soi.

→ métaphoriquement, accepter ou reconnaître que quelqu’un est comme il enseigne qu’il doit être.

→ recevoir quelque chose de transmis, une fonction à remplir

→ recevoir avec l’esprit par transmission orale

→ verbe qui utilisé pour les disciples signifient recevoir l’instruction des maîtres.

Ainsi, on voit que ce verbe παραλαμβάνω – paralambano ne signifie en rien, comme le laisse supposer le texte, que Jésus-Christ est pris dans les airs par Satan et transporté sur le sommet du Temple. Il n’y a rien de physique ici. C’est l’ego, qui est comme un compagnon qui est à l’intérieur de nous, qui se fait entendre à l’esprit, qui transmet quelque chose, ici une pensée, à l’esprit de Jésus.

 

 

Le mot ἅγιος – hagios signifie une chose très sainte, consacrée à Dieu.

Le mot πόλις – polis signifie une ville, une cité, sa ville natale, la ville dans laquelle on vit, mais aussi la Jérusalem céleste.

Comme cette ville est sainte, c’est-à-dire consacrée à Dieu, elle est la demeure de Dieu, la Jérusalem céleste, la capitale du Royaume des Cieux, celle qui s’établira sur Terre après l’épuration de la grande tribulation et le retour de Jésus-Christ.

Ainsi, en pensée, Jésus visualisa cette Jérusalem céleste, en pensée, il fut transporté dans la Jérusalem céleste, mais pas au milieu de la ville céleste, mais au sommet de son temple, donc, au plus haut point de la ville.

 

Littéralement, le diable, donc l’ego, insinue en Jésus la pensée qu’il doit prouver qu’il est le Fils de Dieu en se jetant en bas du plus haut point de la Jérusalem céleste, et s’il est réellement le Fils de Dieu, alors des anges viendront le secourir. Et pour appuyer ses propos, il cite la Parole de Dieu, et notamment le psaume 91:11-12 : « Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies ; ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre. »

Et là, on voit comment l’ego agit en nous : il utilise la Parole de Dieu pour la détourner de son contexte et l’arranger à sa sauce. En effet, au psaume 91, il s’agit du juste qui place toute sa confiance en Dieu, et donc qui est à l’abri de Dieu, protégé par le bouclier de la foi. Or, l’ego va détourner cette Parole de Dieu, va la sortir de son contexte pour servir ses intérêts, en disant à Jésus que s’il est véritable le Fils de Dieu, alors s’il se jette du haut du temple de la Jérusalem céleste, des anges viendront le soutenir. Ce n’est absolument pas le propos du psaume. On n’est absolument pas dans le même contexte.

L’ego agit souvent en détournant pour son compte la Parole de Dieu, pour l’arranger à sa façon, afin que cette Parole le serve. Ainsi, on ne sert plus la Parole, on n’obéit plus à la Parole, mais on se sert de la Parole pour son intérêt personnel. C’est cela tenter Dieu, se servir de Dieu pour son intérêt personnel, et non plus servir Dieu.

C’est très pernicieux comme méthode, car en faisant ainsi, on pense servir la Parole, puisqu’on la cite, mais cela n’est pas le cas. L’ego, notre for intérieur, connaît Dieu, comme notre esprit connaît Dieu. Et l’ego va toujours détourner la Parole à son avantage. Il va faire jaillir en nous des pensées trompeuses. On va penser faire le bien, ou servir Dieu, mais en réalité, on va se servir de Dieu pour notre avantage, ou l’on va penser bien faire, mais on va aller à contre sens de la Parole de Dieu, donc contre notre propre fonctionnement.

Et naturellement, Jésus va faire taire cette pensée mauvaise, qui est celle de tenter Dieu, de se servir de Dieu pour son avantage personnel, en répondant par une Parole de Dieu.

 

Verset 7

Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur, ton Dieu.

Jésus répond à cette tentation, cette mauvaise pensée, en citant l’une des 10 paroles (10 commandements), tu ne tenteras pas ton Dieu, que l’on peut lire en Deutéronome 6:16 : « Vous ne tenterez point l’Éternel, votre Dieu, comme vous l’avez tenté à Massa. »

Cette deuxième tentation est celle de tenter Dieu, de mettre Dieu à l’épreuve, de se servir de la Parole de Dieu pour servir ses intérêts. Cette Parole du Deutéronome est très profonde, et si on l’explique rapidement, elle signifie qu’il ne faut pas essayer de faire agir Dieu plus vite et pour son propre intérêt, L’éprouver, le mettre à l’épreuve, éprouver le pouvoir de Dieu.

Et cela, la bouffée orgueilleuse qui est l’ego aime mettre à l’épreuve Dieu, aime défier Dieu.

Ainsi, la première tentation est celle de faire passer ses besoins naturels, ses désirs, avant la Parole de Dieu. La seconde tentation est celle de tenter Dieu, de mettre à l’épreuve Dieu et de se servir de la Parole pour suivre ses objectifs. Alors, on ne sert plus Dieu, mais on se sert de Dieu pour son propre compte.

Et c’est ainsi qu’agit toujours l’ego, d’abord en nous faisant regarder du côté de nos besoins naturels, puis il nous fait croire que l’on peut tenter Dieu, l’obliger à se manifester, et se servir de sa Parole pour servir ses objectifs ou obtenir du pouvoir. Et l’on verra, à la prochaine étude, la troisième tentation. Ainsi, on saura comment agit l’ego, les moyens et les leviers qu’il utilise pour nous détourner de Dieu.

Soyez bénis.

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