L’évangile de Matthieu
Jean l’Immergeur – Matthieu 3:4-6
Le chapitre 3 de l’Évangile de Matthieu présente Jean le Baptiste et son rôle. Jean appelle à la rédemption par l’immersion dans l’eau, ce que l’on a appelé le baptême de l’eau, en vue de préparer la venue de Jésus-Christ qui va baptiser par l’Esprit. Que signifie tout cela ? Ce chapitre 3 est riche en enseignements, et donc, nous allons l’expliquer en plusieurs parties.
Dans l’étude précédente, la première partie, nous avons découvert qui était Jean, fils de Zacharie, ainsi que la prophétie de l’Ancien Testament qui l’annonçait. Dans cette seconde partie, qui concerne les versets 3 à 6 du chapitre 3 de Matthieu, on a la description physique de Jean, ainsi que la signification spirituelle du baptême de la repentance.
Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.
Lisons Matthieu 3:4-6
⁴Jean avait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins. Il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. ⁵Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, se rendaient auprès de lui ; ⁶et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.
Traduction Louis Segond
Jean est décrit comme quelqu’un vêtu d’un vêtement en poils de chameau, et d’une ceinture de cuir, ne mangeant que des sauterelles et du miel sauvage. On a une impression d’une extrême pauvreté. Et pourtant, tout le monde se déplace pour l’écouter et se faire baptiser par lui. Suivrait-on un pauvre ? Quelqu’un qui est vu comme un excentrique, qui vit dans le désert comme un ermite ? Non. Et pourtant, beaucoup venaient à lui pour l’écouter et nombreux se sont fait baptiser dans l’eau du Jourdain.
Lors de l’étude précédente, nous avions dit que Jean ne prêchait pas dans le désert, mais il prêchait que c’est dans le désert que se prépare la venue du Messie, et le désert, dans la Parole de Dieu, c’est le lieu où l’on se met à l’écoute de Dieu. C’est dans l’écoute de la Parole de Dieu que l’on prépare le chemin qui mène à Dieu, et que Dieu se révèle à nous pour nous montrer le chemin.
Jean appelle à un baptême de repentance par l’immersion dans l’eau du Jourdain, l’eau qui lave, l’eau qui purifie. Et son appel concerne tout le monde, comme nous allons le voir dans cette étude, et c’est pour cela que l’on trouve le même récit en Marc 1 et en Luc 3, car on sait que Marc s’adresse aux tièdes et Luc s’adresse aux juifs et aux gentils.
On se souvient que Jean est le fils de Zacharie, et que Zacharie est souverain sacrificateur de la lignée d’Aaron, le premier grand prêtre, et de la tribu de Lévi. C’est Luc qui nous donne tous ces détails en racontant la naissance de Jean, détails qui ont leur importance pour ceux qui ne connaissent pas les traditions juives. Comme Matthieu s’adresse à des juifs, il ne mentionne pas ces détails, car les juifs connaissaient Zacharie, et donc savaient que Jean était héritier du sacerdoce, il était sacrificateur.
Or, cette classe sacerdotale, qui officiait au Temple, n’était pas pauvre. Zacharie était même plutôt riche, il avait des biens, et Jean était son fils unique, dont il était héritier des biens de son père et spirituellement, de sa charge de sacrificateur.
Lorsqu’on lit qu’il était vêtu d’un vêtement de poils de chameau, on pourrait penser qu’il portait un chandail, un vêtement pauvre. Or, le poil de chameau désigne une étoffe de laine souple, un tissu de qualité supérieure. Pour vous en donner une idée, ce tissu, encore fabriqué de nos jours, est utilisé par de grands couturiers pour la confection de vêtements de qualité. Ainsi, le vêtement que porte Jean n’est pas un vêtement de pauvre, mais bien un vêtement qui montre sa qualité de chef religieux.
Mais, il nous faut regarder plus loin et réfléchir à pourquoi ce détail nous est donné. Nous en trouvons la réponse dans l’Ancien Testament, en 2 Rois 1:8 : « Ils lui répondirent : C’était un homme vêtu de poil et ayant une ceinture de cuir autour des reins. Et Achazia dit : C’est Élie, le Thischbite. »
Ce détail concernant la tenue vestimentaire de Jean est donné pour que l’on puisse faire le lien avec le prophète Elie, qui lui aussi portait une ceinture de cuir. La ceinture de cuir est celle décrite par Paul en Éphésiens 6:14a : « Tenez donc ferme : ayez à vos reins la vérité pour ceinture ; ».
Cette ceinture de cuir représente la ceinture de Vérité que l’on met à ses reins, la ceinture de Vérité que Dieu nous donne lorsque l’on a accepté de se voir en vérité, de voir en vérité son état de pécheur, et donc, lorsque l’on s’est repenti. Et Jean appelle au repentir, il appelle à se saisir de cette ceinture. Les juifs connaissaient les Écritures, et eux avaient fait le lien avec le prophète Elie, dont le nom signifie « Yahvé est mon Dieu », et qui se confronta au roi Achab et à la reine Jézabel qui avaient abandonné l’Éternel Dieu pour servir Baal et avaient fait entrer l’iniquité en Israël. C’est Elie qui se retrouva face à face aux 450 prophètes de Baal et aux 400 prophètes d’Astarté sur le mont Carmel (1 Rois 18:17-40). Les prophètes de Baal et d’Astarté font des incantations à leurs dieux toute la journée pour faire tomber la pluie, et rien ne se passe. Elie construit un autel de douze pierres, creuse un fossé autour, met en place l’autel à l’Éternel, et demande à trois reprises aux faux prophètes de verser de l’eau sur son sacrifice, puis il prie Dieu qui fait s’abattre le feu du ciel, si bien que le bois et les pierres sont consumés et l’eau du fossé évaporée.
En 1 Rois 18:21 nous lisons : « Alors Elie s’approcha de tout le peuple, et dit : Jusqu’à quand clocherez-vous des deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, allez après lui ; si c’est Baal, allez après lui ! Le peuple ne lui répondit rien. »
De la même manière, Jean appelle le peuple à cesser de claudiquer, et à se repentir. À cette époque, les juifs suivaient la tradition, c’est-à-dire le Talmud, et non la Parole de Dieu, c’est-à-dire le Tanakh. Jean appelait à revenir à la Vérité. Elie ne connut pas la mort, comme il est écrit en 2 Rois 2:11 : « Comme ils continuaient à marcher en parlant, voici, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre, et Élie monta au ciel dans un tourbillon. » Enoch, l’arrière-grand-père de Noé, fut lui aussi élevé au ciel, et l’on ne le trouva plus.
Donc, Jean, par sa description, on sait qu’il avait une certaine position sacerdotale et qu’il était respecté par les juifs. Certains ont vu en lui Elie. Et par la ceinture de cuir, il exhorte à la repentance, c’est-à-dire à revenir à Dieu en vérité, afin de pouvoir entrer dans le Royaume des Cieux qui est proche, royaume dont la porte d’entrée est Jésus-Christ.
Il faut donc d’abord se repentir, afin de se saisir de la ceinture de vérité, puis accepter Jésus-Christ comme son Seigneur, et alors, on recevra le baptême de l’esprit, et l’on vivra par l’esprit. C’est la sanctification.
Comme toute la Parole est importante, on pourrait aussi se demander pourquoi Matthieu précise la nourriture de Jean.
Spirituellement, on a l’image d’une idéologie dévastatrice qui se propage, et qui est capable de se métamorphoser pour s’adapter à son milieu. Et Jean mangeait de genre ce sauterelles, comprenez que le remède qu’il donne, c’est-à-dire la repentance, permet de guérir son esprit contre l’effet d’une théorie dévastatrice pour l’esprit.
Petite anecdote : On trouve, dans la Rome antique, une personne du nom de Locuste, une femme qui a vécu au premier siècle après Jésus-Christ et qui pratiquait la mithridatisation, c’est-à-dire qu’elle buvait un peu de poison chaque jour, afin de s’immuniser contre n’importe quelle sorte de poisons inventés par les hommes de son temps. En l’an 54, Agrippine la Jeune, sœur de l’empereur Canigula, loua les services de Locuste pour empoisonner Claude et faire couronner son fils Néron.
Le miel, dans la Parole de Dieu, a une signification morale. Le miel est une nourriture utile et saine, tant qu’elle est prise avec modération. Elle est pleine de bonnes choses, si l’on en mange avec modération. Mais, si l’on se laisse aller à la gourmandise à cause de sa douceur qui flatte les papilles, alors, ce sont nos sens que l’on flatte, et c’est le piège, car cela va alimenter l’orgueil et l’égoïsme. L’égoïsme parce que l’on veut garder ce qui est bénéfique pour soi, et l’orgueil parce que l’on pense que cette douceur n’est faite que pour nous, que l’autre n’a pas le palais assez fin pour en profiter. Maintenant, analysons cela à la lumière spirituelle, celle de Dieu. Dieu avait interdit les sacrifices de mets faits de miel (Lévitique 2:11), car le miel est attaché à ce qui provient du cœur de l’homme, et l’homme naturel a un cœur rusé et orgueilleux.
La Parole de Dieu est souvent comparée au miel (Psaume 19 :10, Ezéchiel 3 :3…) ; mais il faut faire attention de la laisser agir en nous, sur notre esprit, et non nous en servir pour asservir ou contraindre les autres ou la garder pour soi en se disant que l’autre ne la comprendra pas. Gardons en tête que nous sommes serviteurs de Christ, et nous ne devons pas nous servir de Jésus-Christ pour nourrir notre orgueil, flatter notre ego, en pensant qu’éclairés par la Parole, nous connaissons quelque chose que d’autres ne savent pas, et surtout, qu’ils sont trop bêtes pour comprendre.
Et ce miel dont se nourrissait Jean était sauvage, c’est-à-dire que Jean était nourri par la Parole de Dieu, et non par une doctrine humaine, comme c’était le cas pour les pharisiens qui, eux, étaient tombés dans le piège des sens. De plus, par ce détail, on comprend que Dieu avait donné à Jean la faculté de s’imposer face à des hommes féroces, en colère… et c’est exactement ce qu’il va faire lorsqu’il va s’opposer aux pharisiens et plus tard à Hérode.
Dans ce verset, ce qui nous intéresse, c’est ce « tout ». Les habitants de Jérusalem, ce sont les israélites, donc ceux qui connaissent les Écritures et qui attendent le Messie. Eux pensent voir le prophète Elie.
Ceux qui viennent de toute la Judée et de tout le pays des environs du Jourdain, cela nous est précisé pour bien montrer que Jésus s’adresse à tous, les juifs, ceux qui viennent de Jérusalem et de la Judée et les Gentils, c’est-à-dire les païens. La Judée symbolise la lignée du roi David. Le ministère de Jésus va concerner le monde entier, car Jésus va s’adresser à tous, et à tous, Il va offrir à tous la possibilité d’entrer dans le Royaume des Cieux, peu importe sa nationalité, peu importe son genre, peu importe son statut social.
Verset 6
et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain.
Remettons les mots dans l’ordre tels qu’ils apparaissent dans le texte grec :
« Et ils étaient baptisés dans le Jourdain fleuve par lui confessant les péchés d’eux »
Ce n’est pas très français, mais cela va nous permettre de mieux travailler sur le sens de ce verset. Reprenons notre verset avec les mots mis dans l’ordre tels qu’ils apparaissent dans le texte grec.
Nous avions déjà rencontré le verbe βαπτίζω – baptizo lors de notre étude précédente, et nous avions dit qu’il désignait l’action de plonger, d’immerger, de purifier en plongeant, de rendre pur avec de l’eau. Il y a aussi, dans ce verbe, une notion d’accabler, forcément puisque la repentance à laquelle appelle Jean est le fait de s’accabler pour voir en vérité son état de pécheur, car reconnaître que l’on est pécheur est douloureux et demande un travail sur soi pour ne pas se chercher des excuses et faire taire son orgueil. Ce verbe βαπτίζω – baptizo comporte aussi la notion d’une action de longue durée, définitive, qui engendre de grands changements intérieurs.
En hébreu, יַרדֵּן – Yarden, littéralement « celui qui descend ». Le Jourdain est un fleuve de Palestine qui prend sa source près du Liban et qui se jette dans la Mer Morte. Sa longueur est d’environ 320 kilomètres. La racine hébraïque est יָרַד – yarad qui est un verbe qui signifie descendre, décliner, aller vers le bas.
Ainsi, et comme la Parole de Dieu est précise, Jean baptisait dans le Jourdain, fleuve qui symbolise le fait de « descendre », c’est-à-dire de s’abaisser devant Dieu, de se faire humble. On ne peut se repentir si l’on ne se fait pas humble devant Dieu, si l’on n’admet pas que sans Dieu on ne peut rien faire, que Dieu gère toutes les situations. Ajoutons que cette eau vive descend, symboliquement, descend du ciel. De plus, le Jourdain, symboliquement, emporte les péchés à la Mer Morte, donc, symboliquement, les péchés sont détruits par la repentance, on est renouvelé, lavé des péchés, purifié et rendu saint.
Mais, on sait que le Jourdain est un fleuve. Pourquoi prendre la peine de le préciser ? Ce mot ποταμός – potamos dérive du mot πότος – potos qui signifie beuverie, faire la fête, lui-même dérivant du mot πίνω – pino qui est un verbe traduit par boire. Ce verbe πίνω – pino a un sens figuré qui est celui de recevoir dans l’esprit ce qui sert à le rafraîchir, le fortifier, le nourrir jusqu’à la vie éternelle. Recevoir l’eau du Jourdain, l’eau qui descend (symboliquement du ciel), permet de fortifier et nourrir l’esprit.
Donc, se confesser c’est reconnaître son état de pécheur, de les déposer au pied de la croix et de promettre de s’en séparer définitivement et de s’engager avec Dieu sur le chemin de la sanctification.
Le péché est une erreur et un faux état d’esprit. Le pécheur est celui qui est dans l’erreur, qui erre sans Dieu et qui a un faux état d’esprit. Le pécheur est celui qui réfléchit sans Dieu.
Donc, Jean appelle tout le monde à se repentir de toutes les fois où l’on a agi sans penser à Dieu, toutes les fois où l’on a pensé sans Dieu, toutes les fois où l’on a oublié Dieu et agit contrairement à la Parole de Dieu.
Voici ce qu’est le baptême, se rendre compte de toutes les fois où, orgueilleusement, on a pensé, parlé et agit sans Dieu, toutes les fois où l’on a voulu construire des choses sans Dieu, toutes les fois où l’on a cru que l’on pouvait se passer de Dieu pour bâtir sa vie, toutes les fois où l’on a considéré le visible, c’est-à-dire les choses du monde, au lieu de l’invisible, c’est-à-dire les choses de Dieu.
Comme le mal est l’absence de Dieu, toutes les fois où l’on a agi sans penser à Dieu, sans fixer Dieu, on a pu faire le mal. Celui qui convoite ne pense pas à Dieu. L’orgueilleux ne pense pas à Dieu. L’adultère ne pense pas à Dieu… car s’il pensait à Dieu, il ne commettrait pas le mal.
Soyez bénis
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