L’évangile de Matthieu
La première tentation – Matthieu 4:1-4
Le chapitre quatre de l’Évangile de Matthieu montre un plan en trois grandes parties : la triple tentation dans le désert, l’appel des premiers apôtres et le début du ministère de Jésus-Christ.
Dans notre étude qui concerne les versets 1 à 4 de l’Évangile de Matthieu, nous allons nous pencher sur la première grande partie, qui concerne l’enseignement spirituel des trois tentations dans le désert, et notamment, dans cette étude, la première tentation. Que signifie-t-elle ? Et l’on verra que le Diable n’est pas forcément celui que l’on croit !
Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.
¹Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans le désert, pour être tenté par le diable. ²Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. ³Le tentateur, s’étant approché, lui dit : Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. ⁴Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu
Matthieu 4:1-4, traduction Louis Segond.
Cet adverbe reprend ce qui est juste avant, à savoir le baptême de Jésus-Christ, c’est-à-dire sa sacrificature qui marque le début de son ministère. Après avoir été immergé dans l’eau du Jourdain par Jean qui a transmis la sacrificature à Jésus, afin qu’il devienne le Souverain Sacrificateur, après avoir été inondé par l’Amour du Père qui a reconnu le Fils, alors, Jésus-Christ est emmené dans le désert par l’Esprit.
Le verbe ἀνάγω – anago signifie conduire, emmener ailleurs, amener.
Ainsi, l’Esprit conduit Jésus ailleurs, c’est-à-dire dans le désert.
Pourquoi dans le désert ? On nous dit pour être tenté par le diable. Qui est le diable ? Pourquoi Jésus doit-Il être tenté par le Diable ?
Le désert, c’est le lieu où l’on se met à l’écoute de Dieu, le lieu où dans la solitude, on écoute Dieu et on se laisse instruire par Dieu. C’est dans le désert, c’est-à-dire dans la solitude, que l’on se met à l’écoute de Dieu, et que Dieu nous parle d’Esprit à esprit. C’est dans le silence que Dieu nous parle, et qu’Il nous prépare.
Jésus-Christ a été mené dans le désert, littéralement, Il a été mené loin de la foule pour se mettre à l’écoute du Père, afin de préparer son ministère. Et la première préparation qu’Il reçoit, c’est celle de subir la tentation. Jésus-Christ n’était pas forcément dans le désert, Il a été mené dans un endroit où il a pu se mettre à l’écoute de Dieu, à l’écoute de l’Esprit, dans la solitude, afin de recevoir ses instructions. Souvent, d’ailleurs, Jésus s’isolait pour parler avec le Père et recevoir ses instructions et ainsi planifier ses déplacements. Alors, Jésus savait où aller, avec qui parler, quoi dire… Dieu le Père donnait le Plan, Jésus-Christ accomplissait le plan. De la même manière qu’à la Genèse, où Dieu le Père a construit le Plan et Jésus-Christ a accomplit le Plan par la Parole.
Donc, l’Esprit de Dieu emmène Jésus dans un lieu seul afin que Jésus soit éprouvé, tenté par le diable.
Cet adjectif διάβολος – diabolos découle du verbe διαβάλλω – diaballo, un verbe qui était utilisé par les philosophes grecs 600 ans avant que soient écrites les Évangiles, et qui a été christianisé et associé à tort à Satan. Or, le διάβολος – diabolos n’est pas Satan. En réalité, le diable est nos pulsions, nos émotions, nos pensées mauvaises. C’est ce que j’ai appelé l’ego, celui qui est dans la chair et enflamme les pulsions. C’est ce que certains ont appelé le for intérieur, ce qui est dans la nature de l’homme, ces pulsions les plus primitives attachées à l’âme. Le diable, ou l’ego, c’est notre ennemi. Satan est l’ennemi de Dieu, le diable est notre ennemi, et bien sûr, le diable sert les intérêts de Satan, et l’on verra pourquoi et comment lorsque l’on va étudier la troisième tentation. Nous n’avons pas à lutter contre Satan, mais contre notre ego. Et si nous faisons cela, alors Satan ne peut pas nous approcher, puisque l’on est avec Dieu.
Donc, Jésus est emmené dans la solitude pour être tenté par sa nature humaine. Jésus a-t-il un ego ? Non, puisqu’il a été conçu sans la morsure du péché originel, car l’ego est la bouffée orgueilleuse qui est apparue du péché originel, la conséquence du péché originel, l’héritage du péché originel. Mais, Jésus, parfaitement homme, doit comprendre comment l’ego agit sur la nature humaine, Il doit apprendre à maîtriser sa nature humaine. Et donc, il doit connaître comment l’ego agit sur l’homme afin de montrer comment le maîtriser. Et l’on verra que cette nature humaine qui contient l’ego tente toujours par la chair et l’orgueil.
L’ego est dans la chair, et donc, il va se servir des désirs de la chair comme d’un levier pour s’exprimer, il va attiser et constamment tourner notre attention vers les désirs de la chair. Maintenant que l’on sait cela, l’expression « avoir le diable au corps » prend tout son sens.
Ici, si on lit la traduction, on comprend que Jésus a jeûné pendant 40 jours et 40 nuits, et donc, il a faim. Ce qui est logique.
Or, en grec, l’expression « quarante jours et quarante nuits », c’est ημερας τεσσερακοντα και νυκτας τεσσερακοντα – hèmeras tesserakonta kai nuktas tesserakonta, littéralement jour quarante et quarante nuits. Il s’agit d’une expression grecque dont la construction est un peu particulière, et qui ne signifie pas nécessairement que Jésus a jeûné 40 jours et 40 nuits, mais plutôt qui est utilisée pour exprimer le fait que Jésus a jeûné un certain temps. Il y a une certaine symétrie dans cette expression, afin de mettre en évidence le fait que Jésus, après avoir jeûné, a eu faim, et c’est ce détail qui est le plus important dans ce verset. Jésus a eu faim, parce qu’il était un homme, et que bien sûr, s’il ne mange pas pendant un certain, comme tout homme, il ressent la faim.
Souvent, les théologiens s’attardent sur ces quarante jours et quarante nuits, en mettant en relation ce fait avec le peuple hébreu qui était resté quarante ans dans le désert. En vérité, en grec, il y a effectivement, dans cette expression, une construction inhabituelle que les critiques littéraires se sont empressés de corriger. Or, cette construction était voulue, car elle pointe le fait que Jésus a faim, et parce qu’il a faim, alors, il va se passer la suite, c’est-à-dire le fait qu’il va être tenté. Mais l’on va voir que cette tentation n’en est pas une, mais plutôt un comblement d’un besoin naturel.
Certains commentateurs ont avancé le fait que si Jésus n’avait pas jeûné pendant 40 jours et 40 nuits, Satan, et pour eux Satan c’est le Diable, n’aurait pas pu l’approcher, et que c’est à cause de cet amenuisement physique que Satan a pu approcher Jésus.
En réalité, Jésus s’est isolé, Il n’a pas vraiment été dans le désert, Il s’est isolé pour recevoir ses instructions du Père, comme Il le fera souvent durant son ministère, et après un certain temps, Il a ressenti la faim.
Et donc, là, c’est son corps qui a réagi, en lui disant « donne-moi à manger, j’ai faim ». Et cela a toute son importance pour la compréhension de la suite du texte.
À cause de la traduction française, à cause de la correction de ceux qui pensent savoir mieux que Dieu, en lisant ce texte, on a l’impression que Jésus a erré dans le désert pendant 40 jours et 40 nuits, et seulement qu’après cela, il a commencé à avoir faim. Et que ce chiffre quarante symbolise l’errance dans le désert du peuple hébreu. Or, non. Jésus s’est isolé, et après un certain temps passé sans manger, en pleine communication avec le Père, il a ressenti la faim. J’insiste, car ce détail va éclairer la suite du texte, et donc permettre de remettre les choses dans l’ordre, de casser certaines programmations mentales religieuses, de sortir des mensonges de la religion.
Ce qui est appelé épreuve, ou tentation, c’est aussi une expérience. Car c’est quand on est éprouvé par le corps, comme cela va être le cas pour Jésus ici, on acquiert de l’expérience et c’est cette expérience qui nous permettra de repousser les désirs de la chair.
Donc, littéralement, dans le texte en grec, c’est le corps de Jésus qui réclame de la nourriture et qui va envoyer un signal dans la pensée de Jésus en disant : « puisque tu es Fils de Dieu, puisque tu es Dieu, et que là tu as faim, sers toi de tes pouvoirs pour combler ta faim, sers toi de tes pouvoirs pour satisfaire un besoin naturel. »
Manger est un besoin naturel. L’homme a des besoins naturels, et Dieu connaît parfaitement les besoins naturels de l’homme. Jésus-Christ a jeûné et il a eu faim. Jusque là, rien d’anormal. Mais alors, c’est quoi cette tentation ?
Si tu es fils de Dieu ⇒ il ne s’agit pas d’une supposition. Il faudrait lire plutôt : « comme tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. »
Donc, clairement, la pensée qui vient du corps est cette tentation de se servir de sa toute-puissance pour combler un besoin naturel. Jésus-Christ a le pouvoir de transformer les pierres en pains, mais s’Il le fait, Il va se servir de son pouvoir pour lui-même. La tentation fut donc de faire passer les besoins naturels avant la Parole de Dieu. Et pour faire taire cette mauvaise pensée qui vient d’un besoin naturel du corps, Jésus-Christ va répondre par la Parole de Dieu.
Et pour nous, les hommes, c’est la tentation de se servir des connaissances humaines, de savoirs humains, pour combler un besoin naturel, et donc, de ne pas faire appel à Dieu.
Verset 4
Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.
Jésus cite un passage du Deutéronome 8:3 : « Il t’a humilié et t’a fait avoir faim et t’a fait manger la manne, que tu ne connaissais pas et que n’avaient pas connue tes pères, afin de t’apprendre que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais que l’homme vivra de tout ce qui sort de la bouche de l’Éternel. »
Jésus-Christ dit que l’homme ne vivra pas seulement de pain, mais il vivra de l’esprit et de pain. Jésus-Christ ne dit pas que le corps ne sert à rien, qu’il faut arrêter de se nourrir. Il dit que l’homme a besoin de la nourriture terrestre et de la nourriture spirituelle.
En 1 Timothée 4:7-8, nous lisons : « Repousse les contes profanes et absurdes. Exerce-toi à la piété ; car l’exercice corporel est utile à peu de chose, tandis que la piété est utile à tout, ayant la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir. »
Que dit Paul ? L’exercice corporel est utile à peu de chose. Cela ne veut pas dire que l’exercice corporel n’est pas utile, il est utile à peu de chose. Ce qui est utile à tout, c’est la piété, et la piété vient du spirituel. C’est d’abord le spirituel, après le corps, contrairement à ce qu’enseigne le monde qu’il faut d’abord combler les désirs du corps avant de s’occuper de spiritualité, la Parole de Dieu nous enseigne qu’il faut d’abord nourrir son esprit avant de vouloir combler les besoins naturels du corps.
Et c’est exactement ce que dit Jésus-Christ : l’homme ne vit pas que de pain, mais il vit avant tout de l’esprit. La priorité numéro un et absolue c’est d’abord de nourrir l’esprit par la Parole de Dieu, et donc, de se saisir de l’épée de l’esprit.
Or, le monde nous fait croire le contraire, et nous a programmés à croire le contraire, qu’il faut d’abord combler les besoins du corps avant de s’occuper de spiritualité. Et Dieu nous dit de d’abord nous nourrir de la Parole de Dieu, avant de nous occuper des besoins naturels du corps. Car l’esprit est vivant, et c’est lui qui est éternel. Le corps, quoi qu’il arrive, est voué à la mort.
Beaucoup de pratiques dites de bien-être s’occupent du corps, réduire les douleurs, réduire le stress, sans jamais s’occuper du spirituel. Alors que Dieu nous dit de d’abord nous occuper de revenir à la vie de l’esprit, avant de nous occuper du corps avec Dieu. Car si l’on revient à la vie de l’esprit, si l’on renaît à la vie, alors avec Dieu, on peut rétablir le corps.
Ainsi, cette première tentation, est celle de croire qu’il faut d’abord s’occuper du corps, s’occuper de tout ce qui est terrestre, de combler nos besoins naturels, se remplir de biens matériels, avant de s’occuper de spirituel. Cette première tentation c’est de faire passer ses besoins naturels avant la Parole de Dieu. D’abord l’esprit, après le corps. D’abord nourrir l’esprit par la Parole de Dieu avant de nourrir le corps.
Et cela rejoint cette Parole de Jésus-Christ en Matthieu 6:24-34 : « Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. C’est pourquoi je vous dis : ne vous inquiétez pas pour votre vie de ce que vous mangerez ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’amassent rien dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu’eux ? Qui de vous, par ses inquiétudes, peut ajouter une coudée à la durée de sa vie ? Et pourquoi vous inquiéter au sujet du vêtement ? Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent ; cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a pas été vêtu comme l’un d’eux. Si Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui existe aujourd’hui et qui demain sera jetée au four, ne vous vêtira-t-il pas à plus forte raison, gens de peu de foi ? Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. »
Mammon est l’esprit de l’argent qui crée l’injustice. On ne peut servir Dieu et être attaché aux biens matériels et à l’argent pour combler son désir orgueilleux de l’avoir avant l’être. C’est la première tentation. Et le corps, la chair, nous tente continuellement dans ce sens avec la pensée qu’il faut aimer plus l’avoir que l’être (notre être spirituel), de s’inquiéter pour sa santé, ses vêtements, ses biens matériels, sa nourriture, son apparence… Jésus-Christ nous dit de d’abord rechercher le Royaume des Cieux, de rechercher la justesse de Dieu, c’est-à-dire de revenir au plan de Dieu, de chercher la vie de l’esprit, avant de rechercher toutes les autres choses, car ces autres choses seront données par Dieu.
Soyez bénis,
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