Les scribes et les pharisiens

L’évangile de Matthieu

Scribes et Pharisiens – Matthieu 5:17-19

Le chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu s’ouvre sur le discours sur la montagne, les béatitudes, que nous avons vu lors de l’étude 21 et dans la continuité de son discours, Jésus-Christ va opérer une réforme de la loi morale établie par l’homme pour en ressortir uniquement la Vérité, c’est-à-dire pour l’épurer de la tradition. Petit à petit, Jésus-Christ va détruire le venin du mensonge de la loi morale humaine par la Vérité de Dieu, et cela va concerner toutes les instances de nos vies.

Lors de l’étude précédente des versets 17 à 19 du chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu, nous avions expliqué que Jésus-Christ n’est pas venu pour abolir la Loi, mais pour l’accomplir. Et au verset 20, qui est la continuité des versets précédents, Jésus-Christ demande à ses disciples de ne pas ressembler aux scribes et pharisiens. Qui sont les scribes et les pharisiens ? Pourquoi ne faut-il pas leur ressembler ni même les suivre ? Pourquoi les scribres et les pharisiens n’entrent-ils pas dans le Royaume des Cieux ? 

Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.

Car, je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

Matthieu 5:20, Traduction Louis Segond

Cette Parole de Jésus-Christ doit nous alerter, car Il dit clairement que si l’on imite les pharisiens et les scribes, si notre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, alors on n’entrera pas dans le royaume des Cieux. Il s’agit bien du royaume des Cieux et non du royaume de Dieu.

La différence entre les deux ? Le royaume de Dieu, c’est la conversion. On reconnaît Jésus-Christ comme son Sauveur. Le royaume des Cieux, c’est la sanctification. On reconnaît Jésus-Christ comme son Seigneur, et l’on se met en route avec Lui sur le Chemin qui mène au Père. Beaucoup de religieux sont dans le royaume de Dieu. Ils ont reconnu Jésus-Christ comme leur Sauveur. Mais ils suivent le dogme religieux, le « chef » religieux, la doctrine religieuse… Cela pour eux est devenu leur seigneur. Alors que ceux qui sont dans le royaume des Cieux suivent Jésus-Christ et sa Parole, et essaient de toute leur force de ne pas dévier des préceptes de Dieu. Ils ne suivent pas une doctrine, mais la Parole de Dieu qu’ils lisent et méditent dans leur cœur. Les scribes et les pharisiens disaient être des hommes de Dieu, mais ne suivaient pas les préceptes de Dieu.

Ainsi, Jésus-Christ demande à ses disciples de ne pas s’arrêter au royaume de Dieu, comme c’est le cas pour les pharisiens et les scribes, mais de fixer Dieu, sa Parole, qui est Jésus-Christ. Il faut que Jésus-Christ devienne l’unique Seigneur.

Relisons le verset précédent, le verset 19 : « Celui donc qui supprimera l’un de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire de même, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les observera, et qui enseignera à les observer, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux. »

Supprimer même l’un des plus petits commandements de Dieu, c’est exactement ce qu’ont fait les scribes et les pharisiens. Jésus-Christ demande à ses disciples de ne pas ajouter ou retrancher de la parole à la Parole de Dieu. Ajoutons que les pharisiens et les scribes avaient écrit de nombreux commentaires basés sur leurs propres réflexions, c’est le Talmud, et ils enseignaient aux juifs leurs préceptes. C’est le principe même de toute religion qui élabore ses propres doctrines et les enseigne aux adeptes. Il faut s’en tenir uniquement à la Parole de Dieu, sans rien y ajouter, sans rien y retrancher.

Pour aller plus loin, je vous invite à lire ou à relire l’article « Dieu se révèle dans sa Parole » pour comprendre que Dieu nous a donné sa Parole. À nous de la garder précieusement, à nous d’écouter ce que Dieu dit pour appliquer les préceptes de Dieu dans notre vie.

Reprenons le verset 20.

Dans le texte originel en grec, il est écrit « Je dis en effet à vous ». Ainsi, on sait que ce que dit ici Jésus-Christ est bien dans la continuité de ce qu’Il a dit précédemment, donc des versets précédents, par l’introduction de « en effet ». Et par ce « je dis », Jésus-Christ nous interpelle, Il affirme, Il enseigne, Il conseille, Il exhorte, Il commande, et surtout, comme Jésus-Christ est la Parole, Il annonce la Parole. Donc, ce qui va suivre est un commandement de Dieu.

Ce nom féminin découle de l’adjectif δίκαιος – dikaios qui désigne le juste, celui qui observe la loi divine, celui qui garde les commandements de Dieu.

Ainsi, Jésus-Christ demande à ses disciples de garder les commandements de Dieu, d’observer la loi divine. Chose que les scribes et les pharisiens ne font pas. Ainsi, Jésus-Christ demande de ne pas suivre les scribes et les pharisiens, mais de fixer Dieu.

Le verbe περισσεύω – perisseuo a plusieurs sens :

  • excéder un nombre fixé de mesure, être laissé et mis de côté au-dessus d’un certain nombre ou d’une certaine mesure.
  • être en plus, rester.
  • exister ou être en abondance.
  • être grand (abondant).
  • chose qui vient en abondance, ou déborde sur quelqu’un, quelque chose qui arrive dans une large mesure.
  • abonder, déborder.
  • être abondamment fourni de, avoir en abondance, une chose qui abonde.
  • être prééminent, exceller.
  • exceller encore plus, excéder.
  • faire abonder.
  • fournir quelqu’un richement pour qu’il soit dans l’abondance.
  • rendre abondant ou excellent.

Ainsi, Jésus-Christ appelle ses disciples à la croissance vers l’état de juste.

Remarquons qu’Il dit clairement que les scribes et les pharisiens n’entreront pas dans le Royaume des Cieux. Pourquoi ne peuvent-ils pas y entrer ? Que font-ils qui les empêchent d’y entrer ?

Les pharisiens constituaient un groupe religieux et politique juif, des fervents religieux qui sont apparus avec les sadducéens et les esséniens en Palestine lors de la période Hasmonéenne vers le milieu du IIe siècle av. J.-C, en réponse à l’hellénisation voulue par les autorités d’alors. À l’origine, un groupe d’hommes, que l’on a appelé les pharisiens, a rejeté cette hellénisation de la culture juive, mais dans leur zèle, ces hommes ont scruté les Écritures pour y ajouter leurs commentaires, que l’on appelle le Talmud. En faisant ainsi, ils ont annulé des commandements de Dieu et ont enseigné aux juifs à faire de même. Les pharisiens étaient très influents dans la sphère religieuse politique de l’époque. Leur groupe gérait le Sanhédrin, c’est-à-dire l’Assemblée législative traditionnelle d’Israël ainsi que son tribunal suprême. Et le Sanhédrin siégeait à Jérusalem.  

Les pharisiens détenaient donc le pouvoir religieux et politique et ils avaient émis des lois très contraignantes qu’eux-mêmes ne respectaient pas. C’est pourquoi Jésus-Christ dira d’eux qu’ils sont hypocrites, car ils disent et ne font pas.

Le scribe, appelé aussi Docteur de la Loi, était quelqu’un qui scrutait les Écritures et qui écrivait les textes administratifs, religieux et juridiques. Le scribe, qui pouvait être pharisien, connaissait parfaitement les Écritures, puisqu’il les lisait, les analysait, les copiait. Le pharisien connaissait aussi parfaitement les Écritures. Pharisiens et scribes, eux qui étaient considérés comme sages, s’étaient déclarés comme les seuls garants de la Parole de Dieu et donc, hommes de Dieu. Ils avaient ajouté de la parole à la Parole de Dieu pour construire leur propre doctrine qu’ils imposaient au peuple, doctrine qu’eux-mêmes ne suivaient pas.

Jésus s’est souvent adressé aux scribes et aux pharisiens, et souvent pour leur faire des reproches, pour les mettre face à la vérité. Cela n’a pas plu aux pharisiens, et c’est pour cela qu’ils ont mis au point un plan pour faire tuer Jésus-Christ. Mais en faisant cela, ils ont appliqué, sans le vouloir, le Plan de Dieu. Les scribes et les pharisiens ne rejettent pas Dieu, du moins, l’image de Dieu qu’ils se sont créée. Ils rejettent Jésus-Christ, c’est-à-dire la Parole de Vérité. Et en rejetant Jésus-Christ, ils rejettent le Père. Donc, les scribes et les pharisiens, parce qu’ils veulent suivre leur doctrine, rejettent Dieu.

Jésus-Christ nous met en garde contre le levain des pharisiens, et dans un discours que l’on peut lire en Matthieu 28, Il déroule chacun des points qui fait défaut aux pharisiens. Je vous laisse lire l’article « Les pharisiens dans la Bible » pour comprendre pourquoi Jésus nous met en garde contre les scribes et les pharisiens, puisqu’Il cite les deux à la fois dans son discours.

Lisons la parabole du pharisien et du publicain :

⁹Il dit encore, à l’adresse de certains qui se flattaient d’être des justes et n’avaient que mépris pour les autres, la parabole que voici :

¹⁰ » Deux hommes montèrent au Temple pour prier ; l’un était Pharisien et l’autre publicain.

¹¹Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : Mon Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien encore comme ce publicain ;

¹²je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que j’acquiers.

¹³Le publicain, se tenant à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel, mais il se frappait la poitrine, en disant : Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis !

¹⁴Je vous le dis : ce dernier descendit chez lui justifié, l’autre non. Car tout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé. »

Luc 18:9-14, Bible de Jérusalem

Que se passe-t-il dans cette parabole donnée par Jésus-Christ ? Pourquoi le pharisien n’est-il pas justifié, alors qu’il est considéré par le peuple comme un homme de Dieu ? Au contraire du publicain qui est vu comme un traître par le peuple, il est justifié par Dieu ?

En vérité, le pharisien se présente avec assurance devant Dieu, et confie d’abord tout le mal qu’il ne fait pas, puis tout le bien qu’il fait. Le pharisien se justifie lui-même et se glorifie, se vante d’être saint. Le pharisien est plein d’assurance, il se présente à Dieu suivant sa propre justice. Le pharisien est gonflé d’orgueil, et il se justifie par sa propre pensée. Il n’est qu’apparence, il montre aux autres qu’il fait les choses bien, mais en dedans de lui, ses pensées sont mauvaises.

Le publicain se tient à l’écart. Il n’ose lever la tête vers Dieu, car il est conscient de son état de pécheur. Il se place devant Dieu en Vérité, reconnaissant sa faute, et demande la miséricorde du Seigneur. Il ne cherche pas à se justifier ou à se glorifier, il se tient dans une attitude humble.

Jésus-Christ nous demande d’être juste, c’est-à-dire d’avoir cette attitude humble du publicain, de reconnaître Jésus-Christ comme son Sauveur et son Seigneur et d’arrêter de justifier l’injustifiable par de vains discours et raisonnements mensongers et alambiqués, d’arrêter d’ajouter de la parole à la Parole de Dieu, et de vouloir expliquer la Parole de Dieu à sa sauce, comme cela nous arrange, par une théologie issue de la pensée humaine qui veut justifier une doctrine religieuse qui est contraire à la Parole de Dieu, qui s’oppose à la Parole de Dieu.

Jésus-Christ nous demande de fixer notre regard, notre lampe, qui est notre œil, sur Lui, la Parole, et de ne pas en dévier, ne serait-ce que d’un iota, et cela, peut importe ce que les « chefs » religieux enseignent.

Et nous verrons, dans la suite de ces études, que Jésus-Christ va mettre l’accent sur notre relation à autrui, relation à autrui qui fait défaut aux scribes et aux pharisiens, car eux s’aiment, mais ils n’aiment pas les autres, et donc, n’aiment pas Dieu.

Terminons par lire la parabole du bon Samaritain pour le comprendre :

Un docteur de la loi se leva, et dit à Jésus, pour l’éprouver : Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ?

Jésus lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Qu’y lis-tu ?

Il répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et de toute ta pensée ; et ton prochain comme toi-même.

Tu as bien répondu, lui dit Jésus ; fais cela, et tu vivras.

Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ?

Jésus reprit la parole, et dit : Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tomba au milieu des brigands, qui le dépouillèrent, le chargèrent de coups, et s’en allèrent, le laissant à demi mort. Un sacrificateur, qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre. Un Lévite, qui arriva aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre. Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte, et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour. Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé au milieu des brigands ? C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui, répondit le docteur de la loi. Et Jésus lui dit : Va, et toi, fais de même.

Luc 10:25-37, Traduction Louis Segond

Le sacrificateur et le lévite, ce sont les religieux, qui appliquent la loi, notamment ici, celle de ne pas s’approcher d’un mort au risque de devenir impur. Et après, en laissant un homme mourir sur le chemin, ils vont prier au Temple, ils vont faire leurs rituels, pensant servir Dieu. Or, celui qui sert Dieu, c’est le Samaritain qui fait preuve de compassion, qui s’arrête pour aider le mourant, qui le soigne, qui le met à l’abri pour qu’il retrouve ses forces, qui pourvoit à ses besoins.

Les scribes et les pharisiens étaient dans l’apparence, et leur attitude est décrite par cette Parole de Dieu que l’on peut lire en Matthieu 15:8-9 : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi. C’est en vain qu’ils m’honorent, en enseignant des préceptes qui sont des commandements d’hommes. »

Ainsi, dans la suite de notre étude, nous verrons que Jésus-Christ met en avant cette relation à autrui par cinq des paroles des dix commandements. Soyez bénis.

Pour visionner la vidéo de cette étude 

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