L’évangile de Matthieu
Rectifier son comportement – Matthieu 5:25-26
Le chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu s’ouvre sur le discours sur la montagne, les béatitudes, que nous avons vu lors de l’étude 21 et dans la continuité de son discours, Jésus-Christ va opérer une réforme de la loi morale établie par l’homme pour en ressortir uniquement la Vérité, c’est-à-dire pour l’épurer de la tradition. Petit à petit, Jésus-Christ va détruire le venin du mensonge de la loi morale humaine par la Vérité de Dieu, et cela va concerner toutes les instances de nos vies.
Après les Béatitudes, Jésus-Christ va revenir sur les cinq dernières paroles des dix commandements, la Loi de Moïse, afin de recentrer la relation à l’autre en Dieu, cette relation à l’autre qui fait défaut aux scribes et aux pharisiens. Et alors, la loi devient une loi d’Amour. Dans ces versets de notre étude, Jésus-Christ nous demande de nous accorder avec l’adversaire. Quel est le sens véritable de cette Parole de Vérité ?
Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.
²⁵Accorde-toi promptement avec ton adversaire, pendant que tu es en chemin avec lui, de peur qu’il ne te livre au juge, que le juge ne te livre à l’officier de justice, et que tu ne sois mis en prison.
²⁶Je te le dis en vérité, tu ne sortiras pas de là que tu n’aies payé le dernier quadrant.
Matthieu 5:25-26
Le verset 25 est la suite immédiate du verset 24 que nous avions expliqué lors de l’étude précédente. Au verset 24, Jésus demande que l’on se réconcilie avec son frère. Au verset 25, il s’agit d’une réconciliation avec l’ennemi. Jésus-Christ distingue donc le frère, dans son sens grec ἀδελφός – adelphos, c’est-à-dire frère et sœur en Christ et l’adversaire. Pour l’ἀδελφός – adelphos, il est demandé la réconciliation. Concernant l’adversaire, Jésus-Christ nous demande de nous accorder avec lui, pendant que l’on est en chemin avec lui, c’est-à-dire pendant qu’il en est encore temps.
Et l’on comprend, au verset 26, que cet adversaire peut mener à un créancier ou à un débiteur. Ainsi, avant que l’adversaire nous emmène devant le juge et que l’on ait une amende à payer, il faut s’accorder avec lui.
Cependant, on peut se poser la question si le sens de cette Parole se limite à cela, à simplement s’accorder avec son ennemi pour éviter le jugement du tribunal et l’amende ? Et l’on va voir que cette Parole de Jésus-Christ est avant tout un conseil de prudence et de sagesse qui concerne notre comportement vis-à-vis de ceux qui sont du monde. Et en effet, tous les hommes avancent inexorablement vers le seul Juge, Dieu, qui va juger chacun d’entre nous. Et durant ce chemin qui mène à Dieu, durant notre vie, par cette Parole qui est une parabole, Jésus-Christ nous demande de nous réconcilier avec Dieu, de faire la paix avec Dieu, pendant qu’il en est encore temps, pendant que nous sommes encore sur Terre et cette réconciliation passe nécessairement par l’acceptation du plan de Dieu, et donc de la volonté de Dieu. Quelle est la volonté de Dieu ? Que tous Le trouvent et se convertissent. Même l’adversaire ! Ainsi, Dieu nous demande de prier pour les adversaires afin qu’ils fassent la paix avec Dieu. Voyons tout cela en détail.
Le premier mot, ισθι – isthi est le verbe εἰμί – eimi conjugué à la voix active et à l’impératif présent. Le verbe εἰμί – eimi est le verbe être, et de par sa conjugaison dans le texte, on peut alors le traduire par « sois ».
Le second mot ευνοων – eunoôn est la conjugaison du verbe εὐνοέω – eunoeo qui signifie désirer du bien, être bien disposé, d’un esprit pacifique. Ce verbe est un hapax, c’est-à-dire qu’on le retrouve uniquement dans ce verset.
Si l’on regarde la signification de ce verbe dans le Grand Bailly, le dictionnaire de référence grec, il est écrit que ευνοων – eunoôn signifie être bienveillant ou être traité avec bienveillance.
Ce verbe ευνοων – eunoôn est composé :
→ de l’adverbe εὖ – eu qui signifie être bien, aller bien, prospérer, bien agir, faire bien.
→ du nom masculin νοῦς – nous qui désigne la faculté intellectuelle, la compréhension, la raison, la capacité d’accepter la vérité spirituelle, la faculté de percevoir les choses divines, de reconnaître le bien du mal.
Ainsi, il ne s’agit pas de s’accorder avec l’adversaire, mais plutôt d’être bienveillant avec lui, de désirer son bien, d’être disposé à son encontre d’un esprit pacifique. Il ne faut donc pas nourrir des idées de vengeance envers cet ennemi, de vouloir lui faire mal, mais plutôt de vouloir son bien.
Ainsi, il ne faut pas tarder pour avoir de bonnes pensées envers notre adversaire, pour être bienveillant avec lui, pour désirer son bien, pour chercher à faire la paix avec lui.
Il s’agit du nom masculin ἀντίδικος – antidikos qui signifie l’adversaire, l’opposant, l’adversaire dans un procès, l’ennemi.
Ce mot ἀντίδικος – antidikos est composé de :
→ la préposition ἀντί – anti, que l’on connaît en français comme la particule qui se place devant un nom pour signifier une idée d’opposition. En grec, elle désigne aussi l’idée d’une opposition, et elle peut aussi se traduire par pour, au lieu de cela, à la place de quelque chose, pour ceci, parce que.
→ du nom féminin δίκη – dike qui signifie coutume, usage, un procès, une décision judiciaire, une sentence de condamnation, la Justice de Dieu.
Ainsi, l’adversaire est celui qui s’oppose à la Justice de Dieu, et donc, littéralement, qui rejette Dieu, qui ne vit pas avec les commandements de Dieu dans son cœur. Celui-là est déjà condamné par la Justice de Dieu, il souffre déjà de son éloignement de Dieu, il souffre dans son cœur, car il n’est pas en paix.
Ainsi, c’est celui qui s’est éloigné de Dieu, celui qui a choisi de s’éloigner de Dieu qu’il faut traiter avec bienveillance et nourrir de bonnes pensées à son égard. Il faut prier pour qu’il rencontre Dieu et l’accepte dans son cœur, prier pour qu’il se repente et fasse la paix avec Dieu.
Voici ce que Dieu nous demande de faire, de prier pour que celui qui s’est égaré, celui qui s’oppose à Dieu, revienne à Dieu. Et cela, il faut le faire rapidement, pendant que l’on est encore sur Terre.
Ainsi, c’est pendant que l’on est sur Terre qu’il faut traiter avec bienveillance celui qui s’oppose à Dieu, et cela passe par une manière de se conduire vis-à-vis de lui, et de penser. Il faut donc changer sa manière de penser envers lui, de peur que, c’est-à-dire que si l’on ne change pas sa manière de penser à son encontre, alors il peut nous arriver la suite du verset, c’est-à-dire que l’adversaire nous livre au juge, le juge à l’officier de justice et jeté en prison.
Le verbe παραδίδωμι – paradidomi signifie mettre dans les mains d’un autre, donner selon le pouvoir de quelqu’un, livrer à la détention, puni, torturé, mis à mort, livrer traîtreusement, obliger quelqu’un à être modelé, livrer verbalement, exposer par narration.
Ainsi, si l’on n’a pas envers l’adversaire des pensées bienveillantes, ce dernier peut nous livrer traîtreusement, nous torturer, nous obliger à être modelés, nous livrer verbalement. Il faut comprendre que ce que Jésus-Christ nous demande c’est de ne pas affronter l’adversaire, c’est-à-dire celui qui s’oppose à Dieu, car l’adversaire qui est sous l’emprise de son ego cherchera alors à nous nuire. Il vaut mieux chercher la paix avec lui et le confier à Dieu, au lieu de rechercher le conflit avec lui, car cela nous mènerait à notre perte.
En effet, le mal n’a aucune limite, et celui qui est dirigé par son ego ne connaît aucune limite. Il peut aller très loin dans la malveillance. Et l’on peut tomber avec lui, car il peut nous forcer à ressentir de la haine, il peut nous pousser à nourrir des idées de vengeance. C’est pour cela qu’il faut s’en éloigner, et prier pour qu’il trouve la paix. Ainsi, en évitant le conflit, on gardera notre paix. Ajoutons que le conflit peut induire en nous des pensées parasites, troubler notre sommeil, nous mettre en colère, nous pousser à bout, nous rendre anxieux… donc, nous enlever la paix. Il est inutile de jeter de l’huile sur le feu. Jésus-Christ nous demande de ne pas se faire justice soi-même, mais de rechercher la Justice de Dieu.
Ainsi, on comprend que si l’on cherche querelle à celui qui s’oppose à Dieu, si l’on ne veut pas son bien, alors ce dernier peut nous mener devant la justice de l’homme, la justice injuste de l’homme, ou faire sa propre justice. C’est pour cela qu’il faut s’en remettre à la Justice divine, et non vouloir se faire justice. Car le monde fait condamner les justes et les méchants sont adulés. Laissons à Dieu la justice.
Ainsi, l’adversaire, si l’on s’oppose directement à lui, va nous livrer au juge qui va faire appel à ses serviteurs, sa cour, pour nous punir.
Est aussi appelé ὑπηρέτης – huperetes le prédicateur de l’Évangile, forcément puisqu’il est serviteur de Dieu, il accomplit quelque chose pour Dieu, comme l’officier de justice va accomplir quelque chose pour le juge.
Ainsi, il ne s’agit pas d’une prison, mais plutôt du fait d’être surveillé, d’être observé, et ainsi de ne plus avoir aucune liberté.
Et c’est exactement ce qu’il se passe en ce moment dans notre monde. Ceux qui s’opposent à la politique actuelle, aux chefs d’État malveillants qui ont choisi l’orgueil, le pouvoir, qui imposent des idéologies et des lois contraires à la Parole de Dieu, beaucoup sont surveillés et l’on va chercher à les discriminer. On va scruter les moindres détails de leur vie pour trouver le détail qui va les faire chuter, on va les punir en leur enlevant des droits, de la liberté. C’est pour cela qu’il ne faut pas s’opposer aux adversaires de Dieu, car Il s’en charge. Nous, en silence, nous devons prier pour qu’ils fassent la paix avec Dieu, c’est-à-dire qu’ils se repentent et reviennent dans leur bon sens.
Donc, à tous ceux qui crient leur colère sur les réseaux sociaux, qui s’opposent ouvertement aux hommes politiques qui ont fait le choix de s’opposer à Dieu et qui sont sous emprise de leur ego, attention, car il peut leur arriver qu’ils soient jetés en prison, littéralement, qu’on les soumette à un procès qui leur fera tout perdre, procès auquel aussi ils peuvent se perdre.
Nous avons déjà vu cette formule lors de nos précédentes études. Ici, Jésus annonce une vérité immuable. En effet, si l’on s’oppose à l’adversaire de Dieu, celui-ci peut nous mener devant la justice de l’homme, et cela peut nous conduire à la perte de notre liberté, à être placé sous surveillance. Si cela arrive, alors ce qui suit une vérité, c’est-à-dire que l’on va payer jusqu’au dernier quadrant.
Le temps parfait désigne quelque chose qui est fait et qui a été annoncé, il montre le résultat actuel et durable d’une action, le résultat d’un processus achevé. Ainsi, si l’on s’oppose directement à l’adversaire, il peut arriver qu’il nous livre au juge, et le résultat sera que ce Jésus annonce au verset 26.
Le verbe ἀποδίδωμι – apodidomi prend le sens de délivrer, donner avec profit ce qui nous appartient, vendre, payer, s’acquitter d’une dette, de taxes, rendre, rembourser.
Ce verbe est composé de :
à la préposition ἀπό – apo qui donne l’idée d’une séparation ou d’origine.
à du verbe δίδωμι – didomi qui signifie donner quelque chose à quelqu’un, donner son accord, donner des présents, donner ce qui est dû ou obligatoire, se donner à quelqu’un, suivre quelqu’un comme un maître.
On comprend alors qu’il ne s’agit pas simplement du fait de payer, mais il s’agit de se séparer de quelque chose qui nous appartient, d’être forcé à se séparer de quelque chose qui nous appartient, et ce quelque chose peut être notre dignité. C’est aussi le fait d’être forcé à reconnaître quelqu’un comme son maître, d’être forcé à se soumettre à lui, de lui accorder des droits sur notre vie, d’être forcé à lui faire des cadeaux…
Donc, tout sera fait à l’extrême, on sera vraiment poussé dans nos derniers retranchements, poussé à bout.
Le quadrant est une petite pièce de bronze équivalant au quart de l’as. À l’époque de Jésus-Christ, le quadrant désignait le quart d’un sou.
Donc, dans cette bataille avec l’adversaire de Dieu, on perdra le quart de ce qui nous appartient, tant matériellement que psychologiquement ou spirituellement puisque l’on perdra notre paix intérieure.
C’est pour cela que Dieu nous dit que la vengeance lui appartient. Il est inutile d’aller affronter les adversaires de Dieu, de monter au front, car cela nous conduirait forcément à des pertes immenses. Dieu ne nous demande pas de combattre ses adversaires, Il s’en occupe lui-même. Il ne nous demande pas de mener ce combat à sa place, car cela serait de l’orgueil. Il nous demande, au contraire, de prier pour eux, et d’aller annoncer la Bonne Nouvelle, c’est-à-dire de parler de Lui en Vérité. Ce que Dieu nous demande c’est de toujours rechercher la paix et de montrer aux autres que la Lumière existe, en étant nous-mêmes des reflets de cette Lumière.
Soyez bénis.
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