Tu ne tueras point

L’évangile de Matthieu

Tu ne tueras point – Matthieu 5:21-22

Le chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu s’ouvre sur le discours sur la montagne, les béatitudes, que nous avons vu lors de l’étude 21 et dans la continuité de son discours, Jésus-Christ va opérer une réforme de la loi morale établie par l’homme pour en ressortir uniquement la Vérité, c’est-à-dire pour l’épurer de la tradition. Petit à petit, Jésus-Christ va détruire le venin du mensonge de la loi morale humaine par la Vérité de Dieu, et cela va concerner toutes les instances de nos vies.

Ainsi, Jésus-Christ va revenir sur les cinq dernières paroles des dix commandements, la Loi de Moïse, afin de recentrer la relation à l’autre en Dieu, cette relation à l’autre qui fait défaut aux scribes et aux pharisiens. Et alors, la loi devient une loi d’Amour et Jésus-Christ commence par le commandement « tu ne tueras point ».  

Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.

 

²¹Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; celui qui tuera mérite d’être puni par les juges.

²²Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère mérite d’être puni par les juges ; que celui qui dira à son frère : Raca ! Mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! Mérite d’être puni par le feu de la géhenne.

Matthieu 5:21-22, Traduction Louis Segond

 

Revenons aux 10 commandements et à la Loi d’Amour.

On voit clairement que tous les commandements de la loi de Moïse tournent autour de l’amour.

La loi de Moïse a été donnée par Dieu pour mettre en évidence le péché, pour donner une ligne de conduite aux Hébreux. Or, la loi produit le péché lorsqu’elle est transgressée et elle est transgressée parce que l’homme n’a pas compris qu’elle est avant tout une loi d’amour.

Et c’est ce que Jésus-Christ va expliquer, et résumer par la loi d’Amour : aimer Dieu et aimer son prochain comme soi-même.

En effet, si l’on aime Dieu, on ne va pas se chercher un autre dieu, on ne va pas citer son nom en vain, c’est-à-dire que l’on ne va pas se servir Dieu pour son propre intérêt, mais servir Dieu pour la gloire de Dieu, on ne va pas tenter Dieu. Et l’on va se souvenir de Dieu pour l’honorer et toujours rester dans l’espérance, car l’on sait que Dieu déroule son plan et qu’Il nous invite à y participer. On se souvient aussi de sa Parole et l’on garde sa Parole dans notre cœur.

Puis, on a le commandement numéro 5, celui d’honorer ses parents, un commandement qui fait le lien entre Dieu et autrui.

Et enfin, les dernières paroles qui décrivent la relation à autrui. Lorsqu’on aime son prochain, on ne va pas le voler, on ne va pas convoiter ses biens, on ne va pas le tuer, on ne va pas porter de faux témoignages contre lui, on ne va pas commettre l’adultère… C’est logique, et pourtant…

Ainsi, la loi de Moïse qui révèle le péché par sa transgression devient une loi d’Amour qui ne peut être transgressée. Celui qui aime accomplit de fait la loi. Et c’est cela que Jésus-Christ va expliquer notamment aux pharisiens et aux docteurs de la loi qui eux appliquaient la Loi de Moïse. Il va remettre au centre la relation à autrui, car justement c’est cette relation à l’autre qui fait défaut aux religieux de son époque. Les pharisiens aimaient Dieu, mais ils n’aimaient pas leur prochain puisqu’ils se plaçaient au-dessus des autres et méprisaient ceux qu’ils jugeaient d’une condition inférieure à eux, comme Jésus le rappellera par la Parabole de bon samaritain que nous avons lue lors de l’étude précédente. Les pharisiens, ainsi que les sadducéens, les docteurs de la Loi se préoccupaient du paraître et d’eux même. Et Jésus va remettre l’essence même de ces paroles qui concernent l’amour de l’autre en les explicitant davantage, mais surtout, par la suite, il terminera par dire qu’il faut aimer son ennemi, abolissant ainsi la loi du talion. On le verra dans la suite de nos études.

Dans cette étude, nous allons expliciter le sens profond et spirituel de cette parole de Dieu que l’on peut lire en Exode 20:13 et au Deutéronome 5:17 : « Tu ne tueras point. »

 

Cet adjectif découle du mot ἀρχή – arche qui signifie commencement, origine, ce par quoi tout commence, l’origine, la cause, le premier, le chef.

Cette racine grecque se retrouve dans les mots archétype et archaïque, par exemple. C’est la base, ce qui a été donné à l’origine.

Et effectivement, cette loi a été donnée dès l’origine, et le premier meurtrier de l’humanité fut Caïn qui tua par jalousie son frère Abel.

Ainsi, cette loi originelle qui rappelle que toute vie doit être respectée, car elle vient de Dieu est donnée à Moïse et gravée sur la pierre. Et cette loi met en évidence le meurtre. Ainsi, ceux qui la transgressent sont des meurtriers. En connaissant la Loi, le croyant doit lutter contre le mal qui est à l’intérieur de lui, l’ego, pour ne pas l’enfreindre et tuer par colère ou jalousie ou par intérêt. Jésus-Christ rappelle cette loi originelle et va l’expliciter.

Cette loi, nous pouvons la lire en Exode 20:13 et au Deutéronome 5:17 : « Tu ne tueras point. »

Elle est simple, évidente… et pourtant. Combien tuent pour la religion ? Pour garder le pouvoir ? Pour des guerres de territoire ? Pour de l’argent ? Par jalousie ? Par colère ? Par plaisir ? Pour éliminer quelqu’un de gênant ? Et j’en passe et des meilleurs ! Cependant, attention, car il n’y a pas que le fait que tuer le corps, il y aussi la seconde mort, celle de l’esprit, que l’on a souvent tendance à oublier. Et beaucoup veulent tuer l’esprit, faire des gens des zombis en les éloignant de Dieu.

Tuer, en hébreu c’est le verbe רָצַח – ratsach qui signifie assassiner, tuer. Au radical qal, il désigne le meurtre prémédité, accidentel, intentionnel ou vengeur. Au radical nifal, il signifie être tué. Au radical piel, il signifie tuer, abattre, assassiner, meurtrier, assassin.

Et d’après la Loi, celui qui tue devra comparaître devant les juges.

Dans la traduction française, celui qui tue mérite d’être puni par les juges. On a l’impression que oui, il mérite une punition, mais le doute est émis sur le fait qu’il va ou pas la recevoir. Or, dans le texte originel en grec ancien, Jésus-Christ est très clair sur le fait que celui qui tue aura son jugement. Ajoutons, pour être plus précis, que celui qui ne s’en repend pas aura son jugement.

Le jugement, c’est celui de Dieu.

Après avoir rappelé cette 6e parole de la Loi de Moïse, Jésus-Christ va l’expliciter au verset suivant.

 

 

Par cette parole de Jésus-Christ, on comprend alors que nous sommes tous pécheurs, car tous, à un moment ou à un autre de notre vie, nous avons ressenti de la colère pour un proche ou insulté un proche. Regardons cela de plus près.

Il s’agit du verbe ὀργίζω – orgizo qui signifie irriter, soulever à la colère, être provoqué à la colère, être fâché, être courroucé.

Ainsi, celui qui s’irrite, qui se laisse aller à la colère, qui est fâché, qui est courroucé et qui ne fait rien pour retrouver un état de paix avec son frère, qui garde son état d’esprit, qui veut rester fâché, celui-là mérite d’être puni par les juges.

Ce verbe ὀργίζω – orgizo vient du nom ὀργή – orge qui signifie la colère, la disposition naturelle, l’humeur, le caractère, l’agitation de l’âme, l’impulsion, l’émotion violente, l’indignation.

Ainsi, cette colère est liée à l’émotion, c’est-à-dire à l’ego. Et c’est pour cela qu’il faut la combattre, car celui qui ne la combat pas est prisonnier de l’ego, et c’est pour cela qu’il est déjà en jugement.

Remarquons que Jésus-Christ dit qu’il ne faut pas rester fâché ou en colère contre son frère. Il aurait pu dire contre le voisin, ou une connaissance. Il s’agit du frère. Qui est notre frère dans la Parole de Dieu ?

Dans la Parole de Dieu, ce mot prend le sens de celui qui est en Christ. En Christ, nous sommes frères et sœurs.

Ce mot αδελφω – adelphos se compose de deux parties :

→ La lettre α – alpha, qui découle de la lettre hébraïque א – alèf qui est la lettre de Dieu, le Premier, le Commencement. C’est pour cela que Jésus-Christ a pu dire : « Je suis l’alpha et l’oméga » (Apocalypse 1:8), c’est-à-dire le Premier et le Dernier, le Tout.

→ delphus qui est la matrice.

Ainsi, le frère c’est celui qui est en lien avec Dieu. Et c’est avec celui-là qu’il ne faut pas rester fâché, donc, qu’il faut toujours chercher à être en paix. Dieu ne veut pas la division, Il veut l’union.

C’est aussi à ce frère qu’il ne faut pas dire « Raca » ni insensé.

Or, Jésus-Christ nous dit que celui qui dit à un frère qu’il ne vaut rien, qu’il est insignifiant, qu’il n’a aucune valeur morale mérite d’être puni par le Sanhédrin.

Le Sanhédrin désigne le conseil, l’Assemblée. Ainsi, celui qui insulte ainsi un frère doit comparaître devant l’Assemblée, c’est-à-dire devant l’Église du Christ, devant les disciples du Christ, afin qu’il puisse confesser sa faute et en demander le pardon.

Ainsi, il ne faut jamais dire à son frère, c’est-à-dire à celui qui est en Jésus-Christ qu’il est fou et sans Dieu au risque d’aller tout droit dans le feu de la Géhenne.

L’enfer est un état d’esprit, l’état d’esprit de celui qui n’est pas dans son bon sens. Celui qui est en enfer est comme coincé dans son esprit, avec ses regrets, ses ressentiments, ses peurs, ses angoisses… sans possibilité d’exprimer ses émotions et en n’y voyant aucune porte de sortie. C’est l’angoisse totale dans les ténèbres totales. C’est l’absence de Dieu.

Ainsi, celui qui dit à son frère, c’est-à-dire à celui qui a la foi, qu’il est sans Dieu, en vérité, il est lui-même sans Dieu, il marche dans les ténèbres, il est déjà en enfer.

En vérité, Jésus-Christ a élevé spirituellement cette loi « Tu ne tueras pas », qui était comprise uniquement pour le corps, et l’a explicitée pour la seconde mort, qui est celle de l’esprit. Lorsque l’on pense au meurtre, on pense au corps. Or, Jésus-Christ nous dit que nous ne sommes pas uniquement qu’un corps. Nous avons aussi un esprit, et donc, est un meurtrier, celui qui tue l’esprit de son frère ou qui fait plonger son frère dans l’angoisse, soit parce qu’il garde rancune à son frère, parce qu’il ne veut pas la paix avec son frère, soit parce qu’il lui dit qu’il est quelqu’un qui est inutile, sans valeur, soit parce qu’il lui dit qu’il est sans Dieu. On ne peut dire cela à un frère au risque de provoquer chez lui des émotions négatives qui alimentent l’ego. Les pharisiens étaient toujours dans l’humiliation de ceux qu’ils jugeaient inférieurs à eux, et pourtant qui aspiraient à Dieu. Ainsi, les pharisiens ne s’approchaient pas d’un pauvre ni d’un lépreux. Ils étaient toujours dans l’insulte à l’autre, qu’ils traitaient de vaurien, d’incapable, d’impur. Et en disant de telles choses, ils livraient les malheureux à l’angoisse, et donc, à l’ego. Jésus-Christ nous demande de ne pas leur ressembler, et de ne pas se croire au-dessus de son frère, de ne pas le juger.

Soyez bénis.

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