Il sera appelé Nazaréen

L’évangile de Matthieu

Il sera appelé Nazaréen – Matthieu 2:19-23

 

Nous avons vu, lors de nos études précédentes, que le roi Hérode avait cherché l’Enfant Jésus pour l’élever dans son palais, car dans sa folie, il voulait s’approprier la messianité du Fils de Dieu. Averti par Dieu de ce que Hérode s’apprêtait à faire, Joseph a fui en Égypte pour mettre à l’abri Marie et Jésus, pour les tenir loin de Hérode. Nous avions vu aussi que tout s’est passé suivant le Plan de Dieu, puisque tout a été fait pour que se réalisent plusieurs prophéties concernant le Messie. Tout s’est passé conformément à la Parole de Dieu : le Messie (le Christ) devait naître d’une vierge (Esaïe 7:14), le Messie (le Christ) devait naître à Bethléem (Michée 5:1), et il serait appelé hors d’Égypte (Osée 11:1), et enfin que le roi Hérode perdrait la raison et dans sa folie a kidnappé les enfants de Bethléem dans le but de s’approprier la messianité (Jérémie 31:14).

Dans cette étude concernant les versets 19 à 23, nous allons voir qu’une cinquième prophétie de l’Ancien Testament est accomplie. Tout a été mené conformément à la Parole de Dieu, tout suit parfaitement le Plan de Dieu, afin de montrer que Jésus-Christ est le Messie annoncé par les Écritures, le Messie que tous les juifs attendaient. Dieu gère tout et met tout en place.

Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.

¹⁹Quand Hérode fut mort, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, ²⁰et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts. ²¹Joseph se leva, prit le petit enfant et sa mère, et alla dans le pays d’Israël. ²²Mais, ayant appris qu’Archélaüs régnait sur la Judée à la place d’Hérode, son père, il craignit de s’y rendre ; et, divinement averti en songe, il se retira dans le territoire de la Galilée, ²³et vint demeurer dans une ville appelée Nazareth, afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.

Matthieu 2:19-23, Traduction Louis Segond

 

En première lecture, on comprend aisément que Hérode est mort, et qu’il n’y a donc plus de danger, la famille peut retourner à sa terre natale, au pays d’Israël, c’est-à-dire la terre de Judée. Mais, Joseph ne va pas s’établir en Judée, mais en Galilée. Pourquoi ? Quelle est la différence entre la Judée et la Galilée ? Et par ce choix de se fixer en Galilée, dans la ville de Nazareth, Joseph permet la réalisation de plusieurs prophéties de l’Ancien Testament.

Remarquons, au verset 20, qu’il est dit « car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts ». Étaient-ils plusieurs ceux qui voulaient s’approprier le pouvoir messianique ? Le fait que le sujet soit au pluriel ici doit nous alerter.

Voyons tout cela en détail.

 

Versets 19 et 20

¹⁹Quand Hérode fut mort, voici, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, en Égypte, ²⁰et dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et va dans le pays d’Israël, car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts.

Dans ces versets, et comme nous l’avions déjà expliqué lors de nos études précédentes où il est question de songes et d’un ange du Seigneur, Dieu « illumine » l’esprit de Joseph, éclaire son esprit et fait naître une pensée dans l’esprit de Joseph. Joseph n’est pas en train de dormir, il n’est pas en train de rêver, il reçoit une pensée qui vient de Dieu et qui éclaire son esprit. Certainement, que l’information que le roi Hérode est mort est arrivée jusqu’en Égypte, et que lorsque Joseph reçoit cette information, il comprend qu’il est temps pour lui de rentrer chez lui, et Dieu met en lui le désir de rentrer en terre de Judée, au pays d’Israël.

Ce qui est surprenant, c’est l’emploi du pluriel au verset 20, lorsqu’il est dit : « car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts ». Étaient-ils plusieurs à vouloir la mort de l’esprit du Messie pour s’emparer de son pouvoir ?

Dans un premier temps, remettons dans l’ordre les mots de ce verset 20 tels qu’ils apparaissent dans le texte originel en grec ancien :

 

Rappelons que la psychée, en grec ψυχή – psuche et en hébreu רוח – rouah, c’est l’âme, le souffle divin qui rend vivant, qui anime le corps suivant l’ADN reçu.

Ainsi, et cela rejoint notre étude précédente concernant la folie de Hérode, Hérode avait voulu s’emparer de l’âme du Messie, pour s’accaparer son pouvoir. Et, par l’emploi du pluriel, on comprend qu’il s’était entouré de personnes qui l’aidaient dans ses recherches, qui cherchaient pour lui la méthode pour extirper l’âme d’un enfant afin de se l’approprier. Ces recherches étaient certainement menées par un groupe de sorciers et autres devins au service de Hérode.

Mais à la mort de Hérode, ces recherches cessèrent et plus personne ne chercha à s’emparer de l’âme du Messie. Cette idée tomba dans l’oubli, car finalement, ceux qui étaient au service de Hérode perdirent eux aussi la raison, et moururent spirituellement. Et donc, cette folle idée qui était née dans l’esprit dérangé de Hérode, ou plutôt, dans l’ego de Hérode, et qui l’avait rendu fou, s’est complètement asséchée, a disparu avec la mort de Hérode, et avec elle, ceux qui l’entouraient ont cessé les recherches.

On sait qu’à partir de là, plus personne n’aurait l’idée saugrenue de vouloir s’emparer de l’âme du Messie pour s’en revêtir.

Dans ce monde qui court à sa perte, beaucoup de « chefs insensés » se sont levés, et tant qu’ils étaient vivants, leurs idées étaient présentes et ceux qui les entouraient faisaient vivre ces idées en les appliquant ou en aidant ces chefs dans la réalisation de leurs projets insensés. Mais une fois le chef insensé mort, toutes ces idées meurent avec lui, et ceux qui le suivaient s’évanouissent, oubliant les idées de leur chef.

Et donc, parce que Joseph a entendu parler de la réputation d’Archélaüs que, guidé par l’Esprit Saint, il préféra se rendre en territoire de la Galilée, dans la ville de Nazareth.

On comprend que lorsque Joseph revient d’Égypte, Archélaüs est déjà établi sur le trône. Donc, il s’est passé un certain temps entre la mort de Hérode le Grand et l’ascension au pouvoir d’Archélaüs. D’autant plus que l’on sait que cette région de la Judée était sous la gouvernance romaine, et que Archélaüs a dû se rendre à Rome pour se faire nommer gouverneur, ou plutôt ethnarque, de la Judée, de la Samarie et de l’Idumée. Tout cela ne s’est pas fait en un jour !

Donc, en Égypte, le bruit s’est répandu que Hérode le Grand est mort. Alors, Joseph comprend qu’il peut retourner chez lui. Mais, arrivé en Judée, il entend la réputation d’Archélaüs, et décide de s’établir en Galilée.

Pourquoi le territoire de la Galilée ? Au temps de Jésus-Christ, la Galilée, région située au nord de l’Israël, était une région méprisée des habitants de la Judée, région qui abritait Jérusalem. Contrairement à la Judée, la Galilée était une région ouverte au commerce extérieur et une région hellénisée, où Hébreux et Grecs se côtoyaient et vivaient en paix. 

En Judée, et notamment à Jérusalem, vivait le peuple qui se disait « élu », celui qui se disait gardien des traditions, celui qui ne se mélangeait pas, et donc, qui méprisait ceux de Galilée. Et c’est cette région de la Judée qui était gouvernée par Archélaüs.

À cette époque, la Galilée était une région montagneuse et verdoyante, baignée par le Jourdain, et bordée par le lac de Tibériade. Vivaient là essentiellement des pêcheurs, des éleveurs de bétail, des agriculteurs qui cultivaient les oliviers, les fruits, les céréales, et autres vignerons. À Jérusalem, la population était composée de notables, de dignitaires, de riches propriétaires, et bien sûr, de pharisiens qui détenaient le pouvoir religieux et politique. La Galilée était donc une région plus humble, et surtout, plus calme. Et c’est dans cette région méprisée par les chefs religieux et les « grands » du monde, que Jésus a le plus souvent prêché.

La Galilée, en hébreu הגליל Ha-galîl, signifie cercle, région. Un cercle, un rond, comme le monde, un cercle d’où part la vérité qui va s’étendre concentriquement à toutes les régions du monde par l’envoi des disciples.

Et c’est en Galilée que commencera le début de tout, le début de l’évangélisation de Jésus-Christ, c’est dans cette région du monde où il sera le mieux reçu, écouté, et suivi. Jésus-Christ rejeté par la Judée, qui représente le faste religieux, la religion humaine et les richesses qui entraînent à l’injustice, mais adoré en Galilée qui représente tout ce qui est petit et humble, l’ouverture au monde, le commerce équitable, le travail sans notion de richesse.

Historiquement, c’est suite à la révolte des Maccabées, entre 167 à 140 av. J.-C, épisode raconté dans les Livres des Maccabées, que fut établi cette différence entre la région de la Galilée et la région de la Judée. En effet, il y a eu la révolte des Juifs de Judée contre les Séleucides, et un conflit interne au peuple juif opposant les traditionalistes aux Juifs hellénisants. Et ce conflit a conduit à la fondation de la dynastie des Hasmonéens en Judée qui prit le pouvoir en Judée contre les descendants du roi David, lesquels se retirèrent en Galilée et notamment dans la région de Nazareth.

Et c’est là que Joseph a choisi de s’établir, dans la terre de ses ancêtres, à Nazareth, accomplissant ainsi ceux que les prophéties annonçaient, le Messie sera appelé Nazaréen, car originaire de la ville de Nazareth.

Le Messie devait être de la lignée de David, la lignée royale, qui s’était réfugiée en Galilée. Il était attendu, car il devait sauver son peuple. Mais beaucoup pensaient que le Messie allait reprendre le contrôle en levant une armée, à la manière forte, en faisant la guerre à l’envahisseur romain. Jésus-Christ est le Sauveur, non pas des romains, mais qui nous montre le chemin qui mène au Salut, le Prince de la paix. Il nous sauve spirituellement, Il rend vivant l’esprit.

Nazareth, l’humble village de Galilée, qui était une retraite princière, là où les héritiers de David avaient trouvé refuge, était méprisée par ceux de la Judée, qui pensaient que Nazareth ne pouvait pas donner naissance au prince qui serait capable de rétablir la dynastie davidique. Il y avait les prophéties, certes, qui annonçaient que le Messie viendrait de Nazareth, donc la Parole de Dieu, et il y avait ceux qui ne croyaient pas en la Parole de Dieu et qui la remettaient en doute. Beaucoup pensaient que rien de bon ne pourrait surgir de Nazareth, d’où la réflexion de Nathanaël : « De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? » Jean 1 : 46.

Pour beaucoup, et malgré les prophéties qui l’annonçaient, le Messie ne pourrait pas venir de Nazareth. Et pourtant… Et Matthieu rappelle ce fait, rappelle que les prophéties annonçaient ce que beaucoup n’ont pas voulu entendre ni voir. Car c’est bien de Nazareth qu’est surgi le Christ, le Sauveur du monde, le Fils de Dieu. Et c’est par la Croix, symbole de toute son œuvre, de sa résurrection, que Jésus-Christ va établir la Nouvelle Alliance, non pas en détruisant l’Ancienne Alliance, mais en l’épurant de toutes les paroles humaines qui l’ont rendu opaque, incompréhensible, et en remettant au centre, en lumière, la Parole de Dieu.

Notons, enfin, que dans cette région de la Galilée se trouvent les villes de Cana, de Capharnaum, de Magdala… des villes que l’on retrouve dans la Bible. C’est à Cana que Jésus-Christ réalisa son premier miracle en changeant l’eau en vin. C’est à Capharnaum qu’il démarra son ministère publiquement et qu’il prêcha le plus, humblement, et jamais dans la faste Jérusalem où il a été méprisé et mis à mort. C’est à Capharnaum qu’ont habité Pierre, André, Jacques, Jean et Matthieu. Et c’est en Galilée, sur les bords du Jourdain, que prêchait Jean le baptiste.

Dieu n’agit jamais à grand fracas, et les orgueilleux ne peuvent l’entendre. Les pharisiens ne purent l’entendre, et ils rejetèrent Jésus-Christ. Eux qui étaient instruits, eux qui se vantaient de connaître les Écritures, méprisèrent et rejetèrent Jésus-Christ qui fut adoré et suivi par les humbles de cœur, ceux qui n’étaient pas instruits et qui vivaient simplement.

En Matthieu 26:71 nous lisons : « Une autre [servante] le vit, comme il était sorti dans le vestibule ; et elle dit à ceux qui étaient là : Celui-ci aussi était avec Jésus le Nazaréen. »

En Marc 10:47 nous lisons : « Ayant entendu dire que c’était Jésus le Nazarénien, il se mit à crier et à dire : Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! »

En Luc 24:19 nous lisons : « Il leur dit : Quoi donc ? Ils lui dirent : Ce qui concerne Jésus le Nazaréen, qui était un prophète puissant en œuvre et en parole devant Dieu et devant tout le peuple ; »

En Jean 18:5 nous lisons : « Ils lui répondirent : Jésus le Nazaréen. Jésus leur dit : C’est moi. Judas, qui le livrait, se tenait là avec eux. »

En Actes 22:8 nous lisons : « Et moi je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Il me dit : Je suis Jésus le Nazaréen que tu persécutes. »

Soyez bénis.

Pour visionner la vidéo de cet article

 

Laisser un commentaire

Social Share Buttons and Icons powered by Ultimatelysocial
error: Halte au copié collé