L’évangile de Matthieu
La lumière s’est levée – Matthieu 4:12-17
Le chapitre quatre de l’Évangile de Matthieu montre un plan en trois grandes parties : la triple tentation dans le désert, le début du ministère de Jésus-Christ et l’appel des premiers disciples. Lors de nos études précédentes, nous avions expliqué la triple tentation dans le désert. Après cet évènement commence le ministère de Jésus-Christ.
Et ce début de ministère s’effectue en Galilée, et plus précisément à Capernaüm afin que s’accomplisse la prophétie d’Esaïe. Quelle est cette prophétie ? Pourquoi choisir la Galilée, et plusieurs le territoire de Nephthali et de Zabulon, pour débuter son ministère ? Nous verrons tout cela dans cette étude qui concerne les versets 12 à 17 du chapitre 4 de l’Évangile de Matthieu.
Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.
¹²Jésus, ayant appris que Jean avait été livré, se retira dans la Galilée. ¹³Il quitta Nazareth, et vint demeurer à Capernaüm, située près de la mer, dans le territoire de Zabulon et de Nephthali, ¹⁴afin que s’accomplît ce qui avait été annoncé par Ésaïe, le prophète : ¹⁵Le peuple de Zabulon et de Nephthali, de la contrée voisine de la mer, du pays au-delà du Jourdain, et de la Galilée des Gentils, ¹⁶ce peuple, assis dans les ténèbres, a vu une grande lumière ; et sur ceux qui étaient assis dans la région et l’ombre de la mort la lumière s’est levée. ¹⁷Dès ce moment Jésus commença à prêcher, et à dire : Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche.
Matthieu 4:12-17, Traduction Louis Segond.
Verset 12
Jésus, ayant appris que Jean avait été livré, se retira dans la Galilée.
Lisons ce même verset selon la traduction de la Bible Juive complète de David H. Stern : « Quand Yéchoua apprit que Yohanan avait été mis en prison, il repartit en Galilée. »
Et si l’on compare les deux traductions, on note deux points différents : selon la traduction de Louis Segond, Jean, et il s’agit de Jean le baptiste, a été livré. À qui ? Aux Romains ? Aux pharisiens ? À Hérode ? Qui voulait qu’on lui livre Jean ? Et selon la traduction de Stern, on comprend que Jean a été jeté en prison. Entre livrer quelqu’un et le jeter en prison, il y a une différence. Cela est le premier point.
Voyons le second point : dans la traduction de Louis Segond, on lit que Jésus s’est retiré en Galilée, comme si Jésus a fui quelque chose, car se retirer a le sens de se mettre à l’abri. Dans la traduction de David Stern, on lit que Jésus est reparti en Galilée, il n’y a plus cette notion de mise à l’abri.
De plus, la traduction de David Stern semble dire que dès que Jésus a appris que Jean est jeté en prison, alors, à ce moment-là, il est parti pour la Galilée, comme si le premier évènement a donné le signal, le point de départ au second évènement.
Pour y voir plus clair, regardons le texte originel en grec :
Il s’agit de la conjugaison du verbe ἀκούω – akouo dont le sens est entendre, considérer ce qui est dit ou a été dit, être doté de la faculté d’entendre, entendre quelque chose, percevoir par l’oreille ce qui est annoncé devant nous, apprendre par l’écoute, quelque chose qui parvient à nos oreilles.
Donc, c’est après avoir entendu la nouvelle que Jean a été mis en prison, que Jésus est parti pour la Galilée.
Marc nous rapporte le même évènement en Marc 1:14-15 : « Et après que Jean eut été livré, Jésus alla dans la Galilée, prêchant l’Évangile de Dieu, et disant : Le temps est accompli, et le royaume de Dieu est proche ; repentez-vous, et croyez à l’Évangile. »
Donc, c’est bien après que Jean fut jeté en prison ou livré que Jésus alla en Galilée.
Il s’agit du verbe παραδίδωμι – paradidomi qui signifie mettre dans les mains d’un autre, donner selon le pouvoir de quelqu’un, livrer à quelqu’un une chose à garder, livrer à la détention, livrer traîtreusement.
Le verbe est conjugué à l’aoriste et au subjonctif passif, ce qui signifie que quelqu’un a livré Jean, que cet évènement a eu lieu antérieurement à la décision prise par Jésus d’aller en Galilée, et que l’on ne sait pas combien de temps Jean restera captif.
Nous savons que Jean avait dénoncé le mariage illicite entre Hérode Antipas, fils d’Hérode le Grand, avec Hérodiade, femme de son frère Philippe. Hérode Antipas était tétrarque et non roi. Dans l’Antiquité, à Rome, le titre de tétrarque était inférieur à celui de roi et Hérode Antipas visait le titre de roi. Toute sa vie, il visera ce titre auprès de Rome. Hérode Antipas était marié avec Hérodiade, qui était sa belle-sœur. Il faut dire que Hérodiade visait le pouvoir. Elle était mariée à Philippe, frère de Hérode Antipas, mais en restant avec Philippe, elle ne pouvait pas obtenir le titre de reine. Alors, elle s’est mise avec Hérode Antipas, sans divorcer de Philippe, ce qui fait que l’union entre Hérodiade et Hérode Antipas était illicite, et c’est cela que dénonçait Jean, et c’est ce qui a valu son emprisonnement par Hérodiade qui voulait le faire taire. Car Jean avait dévoilé la supercherie au peuple.
Il s’agit du verbe ἀναχωρέω – anachoreo qui a deux sens : celui de repartir, de retourner, sous-entendu d’où l’on vient, ou celui de se retirer, comme quelqu’un qui se retire une assemblée en quittant une pièce.
Et Jésus s’est retiré ou est reparti en Galilée.
En Matthieu 3:13 nous lisons : « Alors Jésus vient de Galilée au Jourdain, auprès de Jean, pour être baptisé par lui ; »
Jésus est venu de la Galilée pour rencontrer Jean au Jourdain, donc, il repart simplement d’où il est arrivé.
En Matthieu 2:22 nous lisons : « Mais ayant appris qu’Archélaüs régnait en Judée à la place d’Hérode son père, il craignit d’y aller ; averti divinement en songe, il se retira dans la région de la Galilée »
Il s’agit de Joseph, qui a après son retour d’Égypte, s’est installé à Nazareth, ville qui se trouve dans la région de Galilée.
Jésus ne retourne pas à Nazareth, mais va dans la ville de Capernaüm.
Nous avions déjà parlé de la région de Galilée lors de l’étude 13 de l’Évangile de Matthieu, rappelons-nous la signification spirituelle de la Galilée.
Jésus vient de la Galilée ð Γαλιλαία – Galilaia, qui est la translittération du mot hébreu גָּלִיל – Galiyl, une région qui délimite un territoire en Nephthali, occupé par de nombreux païens, un regroupement de villes, notamment les vingt villes données par Salomon à Hiram, roi de Tyr, en paiement du transport du bois du Liban vers Jérusalem, le bois qui a servi à la construction du Temple.
Et Jésus vient de cette région. C’est très symbolique. Il vient d’un territoire occupé par de nombreux païens, le même territoire qui abrite des villes données en paiement à Hiram pour le bois de construction du Temple. Le fait que Jésus vienne de cette région signifie qu’Il va s’adresser aux Hébreux, mais aussi aux païens. Son ministère concernera le monde entier et il sera bâti sur le bois de construction de l’Ancien Testament. On y reviendra dans la construction et l’on comprendra que l’Ancien Testament contient le plan de construction de l’œuvre de Christ et que Jésus-Christ va réaliser la construction.
Ainsi, Jésus va commencer son ministère en Galilée, chez les Gentils, dans ces villes données à Hiram, et c’est sur ces villes qu’Il va commencer à bâtir son Église, la véritable Église de Christ, celle qui n’est pas faite de pierres, mais spirituelle et qu’Il va rassembler tous les disciples de Christ du monde entier.
Quelle est cette prophétie d’Esaïe accomplie par Jésus-Christ qui s’établit dans le territoire de Zabulon et de Nephthali ?
En Esaïe 8:23, nous lisons : « Car il n’y a plus de ténèbres pour la terre qui a été dans l’angoisse ; comme le premier temps a couvert d’opprobre le pays de Zabulon et le pays de Nephthali, le dernier temps remplira de gloire le chemin de la mer, la contrée d’au-delà du Jourdain, le district des Gentils. »
En Esaïe 9:1 nous lisons : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière, et la lumière resplendit sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort. »
Ainsi, Jésus-Christ a accompli cette prophétie d’Esaïe. Tout a été dit, tout a été prophétisé, et Jésus-Christ a accompli la Parole de Dieu donnée aux prophètes de l’Ancien Testament. Pourquoi le peuple marchait-il dans les ténèbres ? Parce que ce territoire, jadis sous la domination assyrienne, avait vécu de nombreuses guerres qui l’avaient affaibli, et surtout, affaibli spirituellement, puisque l’Assyrie avait fait régner un temps idolâtre, comme on le verra plus tard.
Donc, il s’agit du territoire de la tribu de Zabulon et de Nephtali. Et non d’un peuple, car le mot peuple désigne un ensemble de personnes soumises à l’influence d’un chef. Ce n’est pas le sens du texte dans ces versets, car il pointe un territoire, et dans ce territoire, qui était la terre des tribus de Zabulon et de Nephtali, cohabitaient des populations diverses.
Zabulon, en grec Ζαβουλών – Zaboulon, découle de l’hébreu זֶבוּלוּן – Zebuwluwn qui est le dixième fils de Jacob. La mère de Zaboulon est Léa, et Zaboulon est le sixième fils et le dernier fils de Léa. Il est le fondateur de la tribu de Zabulon qui s’est établi en Galilée, sur une terre appelée le territoire de Zabulon. En hébreu, Zabulon signifie habitation. C’est la tribu qui honore, qui exalte, qui reste ferme.
Nephtali, en grec Νεφθαλείμ – Nephthaleim et en hébreu נַפתָּלִי – Naphtaliy, est le cinquième fils de Jacob. La mère de Nephtali est Bilha la servante de Rachel. Littéralement, le nom Nephtali signifie celui qui lutte, celui qui combat.
Ainsi, nous avons d’un côté celui qui reste ferme et de l’autre celui qui combat. Ce sont donc ceux qui luttent et ceux qui restent fermes qui ont vu une grande lumière. Ces deux territoires étaient plongés dans les ténèbres, mais ils restaient fermes et ils luttaient. Et la lumière s’est enfin levée pour eux. Ainsi, toutes les contrées voisines du Jourdain à l’est et à l’ouest de la mer de Galilée, jusqu’à la Galilée des Gentils, c’est-à-dire les régions païennes du nord de la Phénicie verront cette grande lumière se lever.
Et Jésus va s’établir à Capernaüm, donc Il va exercer le début de son ministère dans ces contrées semi-païennes. Ainsi, on peut voir que Jésus-Christ commence son ministère par la délivrance de ce pays opprimé, qui lutte à cause des fréquentes guerres entre les Syriens et Israël, et plus tard les Assyriens, mais qui reste ferme. Jésus-Christ leur apporte la lumière. Ces contrées, dévastées par les guerres, sont très misérables. Et Jésus-Christ commence son ministère dans ces régions misérables, Il commence par parler aux pauvres qui luttent pour survivre, aux pauvres qui gardent espoir dans leur cœur. Jésus-Christ va chercher le plus humble pour l’élever en l’éclairant. Et ce début de ministère montre dès le départ comment Jésus-Christ va le mener, en s’abaissant vers les plus humbles pour les élever à Dieu.
En Jean 21:1, nous lisons : « Après ces choses, Jésus se manifesta de nouveau aux disciples sur les bords de la mer de Tibériade, et voici comment il se manifesta. »
Après ces choses, cette indication nous montre qu’il faut s’intéresser à ce qu’il s’est passé précédemment. Et précédemment, il y a eu la mort et la résurrection de Jésus-Christ, puis Jésus qui se manifeste aux disciples. Et dans ce passage, Jean nous parle de la dernière apparition de Jésus-Christ aux disciples, et cette dernière apparition a lieu sur les bords de la mer de Tibériade, appelée aussi la mer de Galilée par Matthieu ou de lac de Génézareth par Luc. C’est le même lac, qui porte trois noms différents qui sont rapportés par les trois évangélistes, car selon que l’on était israélites, grecs ou romains, on appelait ce lac selon sa culture d’origine.
Ainsi, Jésus-Christ débute son ministère en Galilée, et Il apparaît la dernière fois en Galilée. Et c’est lors de sa dernière apparition qu’aura lieu la seconde pêche miraculeuse ! La première pêche miraculeuse a eu lieu sur ce même lac et a permis la conversion de Pierre, André, Jacques et Jean. La seconde pêche miraculeuse a lieu sur le même lac et permettra aux disciples d’ancrer leur foi.
En Jean 21:14, nous lisons : « Ce fut déjà la troisième fois que Jésus se manifesta aux disciples, après être ressuscité d’entre les morts. »
Ainsi, Jean précise que c’est la troisième fois que Jésus s’est manifesté aux disciples, la troisième et la dernière fois. Trois fois, pour la Trinité, et tout est accompli. Et cette seconde pêche miraculeuse montre à présent ce qu’il va se passer dans le monde par l’annonce de la Bonne Nouvelle par les disciples de Christ.
Qui était Nahum ? Nahum, dont le nom hébreu signifie consolateur, fait partie des douze petits prophètes de l’Ancien Testament. Il vécut à la fin du VIIe siècle av. J.-C. C’est lui qui a reçu de Dieu la prédiction de la chute et la destruction de Ninive, la capitale de l’empire Assyrien, symboliquement, la destruction de l’idolâtrie. Nahum annonce que cet empire Assyrien sera brûlé, détruit par le Messie. L’Assyrie, aussi appelée le pays d’Assur, était une région située au nord de la Mésopotamie, qui est devenue un royaume puissant, un empire universel, le premier dans l’Histoire. Et donc, symboliquement, Jésus-Christ, le Messie, va détruire ce puissant royaume de l’idolâtrie, cet empire universel, et bien sûr, Il va consoler les opprimés.
La particule απο – apo est une préposition qui marque l’idée d’une séparation ou qui montre l’origine. Ainsi, l’origine c’est la ville de Capernaüm.
Et τοτε – tote est un adverbe que l’on peut traduire par alors ou à cet instant.
Donc, c’est à partir de Capernaüm, dès son arrivée à Capernaüm que Jésus va débuter son ministère, et cela va commencer par la consolation et se terminer par la destruction de l’idolâtrie. Celui qui accepte Jésus-Christ est consolé et délivré de l’idolâtrie qui le retient captif de ses peurs, de ses angoisses, et de la religiosité.
Remarquons que Jésus reprend exactement la même proclamation de Jean le Baptiste, sur les bords du Jourdain : repentez-vous, car le Royaume des Cieux est proche.
La Bonne Nouvelle est la repentance. Jésus-Christ appelle à la repentance.
Jésus-Christ appelle à changer notre état d’esprit, à revenir dans son bon sens, par l’acceptation de la Vérité, et cette acceptation passe par l’acceptation de se voir en vérité, de voir son état de pécheur afin d’en demander le pardon. Comprendre que l’on s’est détourné de Dieu, comprendre ce qui nous a été détourné de Dieu, toutes nos mauvaises pensées qui nous détournent de Dieu, permet de changer son état d’esprit afin de revenir à Dieu.
Et nous verrons, à l’étude prochaine, l’appel des premiers disciples.
Soyez bénis.
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