La troisième tentation

L’évangile de Matthieu

La troisième tentation – Matthieu 4:8-11

 

Le chapitre quatre de l’Évangile de Matthieu montre un plan en trois grandes parties : la triple tentation dans le désert, l’appel des premiers apôtres et le début du ministère de Jésus-Christ. Et c’est à la première grande partie que nous allons nous intéresser dans cette étude, plus précisément à la troisième tentation, le dernier volet de cette première grande partie.

Nous avions vu, lors de nos deux études précédentes, la signification spirituelle de la première tentation, qui est celle de faire passer les désirs du corps avant la Parole de Dieu, ainsi que la seconde tentation qui est de tenter Dieu. Dans cette étude des versets 8 à 11 du chapitre 4 de l’Évangile de Matthieu, nous allons découvrir la signification spirituelle de la troisième tentation.

Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.

⁸Le diable le transporta encore sur une montagne très élevée, lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire, ⁹et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si tu te prosternes et m’adores.

¹⁰Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ! Car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul.

¹¹Alors le diable le laissa. Et voici, des anges vinrent auprès de Jésus, et le servaient.

Matthieu 4:8-11, traduction Louis Segond

On remarque que c’est toujours le « fameux » διάβολος – diabolos qui agit, donc l’ego, et non Satan. On avait expliqué que le diable, ou διάβολος – diabolos en grec, a été christianisé et assimilé à tort à Satan, alors que les philosophes grecs utilisaient déjà ce mot bien 600 ans avant l’écriture des Évangiles pour désigner les pulsions, les émotions mauvaises, les mauvaises pensées qui naissent dans l’homme et qui poussent l’homme a faire le mal, à aller au sens contraire de ce qu’il est réellement. C’est l’ego.

Pourtant, au verset 10, le texte laisse sous-entendre que Satan est présent, et que c’est lui qui a agi, et que Jésus lui ordonne de se retirer. Encore une fois, le texte en grec ne dit pas cela. Dans sa construction, il montre que Satan est totalement passif, il est là, mais totalement passif, il n’a rien fait, et qu’il est totalement soumis à Jésus. Expliquons tout cela, et essayons de comprendre la véritable signification spirituelle de cette troisième tentation.

L’adjectif élevé, en grec ὑψηλός – hupselos, signifie effectivement élevé, mais aussi, métaphoriquement, éminent, exalté en influence et honneur, élever son esprit, rechercher les grandes choses, comme les honneurs et les richesses, aspirer à s’élever.

On commence à comprendre que cette troisième tentation de l’ego est celle de l’orgueil, l’orgueil de celui qui veut s’élever et devenir son propre dieu, l’orgueil de celui qui veut s’élever par son influence sur les honneurs, qui recherche les honneurs, les richesses.

Donc, ce διαβολος – diabolos montre à Jésus, expose aux yeux de Jésus ce qui est visible, c’est-à-dire les royaumes du monde et leur gloire. Il fait naître dans la pensée de Jésus cette image des royaumes du monde.

Pour comprendre cette tentation, il nous faut revenir en Genèse, et notamment à la tentation d’Eve, lorsque le Serpent s’est approché d’elle. Lisons Genèse 3:1-6 : « Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? La femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez point ; mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal. La femme vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence ; elle prit de son fruit, et en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea. »

Que s’est-il passé ici ? Le serpent a attiré l’attention d’Eve vers l’arbre du fruit de la connaissance du bien et du mal, en disant que son fruit allait l’élever au même rang que Dieu. C’est l’orgueil de devenir son propre Dieu. Et Eve a regardé l’arbre, elle a examiné son fruit, et elle en a déduit qu’il était bon à manger. Le serpent n’a fait que montrer le fruit de l’arbre de la connaissance et mentir à son sujet. C’est Eve qui a pris la décision de prendre le fruit et de le manger, après l’avoir considéré. Le serpent a montré le visible, a tourné l’attention d’Eve sur le fruit de l’arbre de la connaissance.

Dans notre texte, le διαβολος – diabolos agit de la même manière, il ne fait que montrer la gloire des royaumes, et accompagne cela d’une promesse, celle de posséder tous les royaumes. Il fait tourner le regard sur le visible, et donc, détourne le regard de l’Invisible, c’est-à-dire Dieu. Il montre les choses du monde, afin que nous les considérions, que nous voyons l’éclat du monde, qui est un faux éclat, au lieu de voir la gloire de Dieu.

Le διαβολος – diabolos promet la gloire de tous les royaumes, donc, il promet l’obtention d’avoir le pouvoir sur tous les royaumes du monde et donc de devenir un dieu pour le monde. Mais, pour obtenir ce pouvoir, il réclame son adoration. Et là, on va comprendre pourquoi Satan est à côté et qu’il attend la réponse de Jésus !

L’ego est la bouffée orgueilleuse, héritage du péché originel, celui d’avoir voulu devenir son propre dieu. Satan contrôle tous les ego, qui est notre petit démon intérieur à nous. Et si l’on se soumet à notre ego, alors on devient l’ego, donc un démon. C’est-à-dire que l’on va agir sans amour, comme un démon, et être à la merci de Satan. Satan veut qu’on l’adore lui au lieu d’adorer Dieu. Il veut se substituer à Jésus-Christ, et c’est pour cela d’ailleurs qu’il se fait appeler Lucifer. C’est une usurpation d’un titre de Jésus-Christ. Pour le comprendre, je vous laisse lire l’article « Le prince de ce monde » sur mon blog.

L’ego, qui sert les intérêts de Satan, va amener à l’adoration de Satan. L’ego fait miroiter la promesse de s’élever au rang de divinité si et seulement Jésus se prosterne et l’adore. Il y a ici une condition.

Tombant, c’est le verbe πίπτω – pipto qui signifie descendre d’un lieu élevé vers un lieu plus bas, descendre d’une position debout à une position de prosternation, être abattu, prostré dans la position de ceux qui sont vaincus par la terreur ou le chagrin ou sous l’attaque d’un mauvais esprit, tombant subitement mort, se prosterner dans une position d’adoration, perdre son pouvoir par la mort. 

C’est très pernicieux en réalité. L’ego va montrer la grandeur, mais si on regarde ce qu’il nous montre, on va descendre du lieu élevé où il nous a porté, on va être vaincu par la terreur, soumis à un mauvais esprit, qui est Satan, et l’on va tomber subitement mort, comprenez qu’il s’agit ici de la mort de l’esprit, et non le décès, c’est-à-dire la mort du corps physique.

L’ego montre le beau, le visible, les choses du monde. Il attire notre attention vers tout cela, il fait naître la convoitise de s’élever, de devenir un dieu, et donc de posséder les choses du monde. Mais, en contrepartie, celui qui accepte cette promesse va chuter et s’éteindre spirituellement. C’est la seconde mort, celle de l’esprit.

Et le verbe prosterner, c’est προσκυνέω – proskuneo, littéralement révérer, rendre hommage, marquer son obéissance à quelqu’un ou à Dieu.

Donc, l’ego demande à Jésus de lui obéir, de marquer son obéissance en s’agenouillant devant lui. Et en échange, il obtiendra le pouvoir de dominer les royaumes du monde. Il s’agit clairement d’un pacte, car tout pacte a sa condition : je te donne ça si tu fais ça.

 

C’est une construction assez particulière en grec qui montre que Satan est là, il est présent, mais que ce n’est pas lui qui a tenté. Il est simplement présent, comme un spectateur, mais il n’a rien fait.

C’est le διαβολος – diabolos, l’ego qui est dans l’homme et que Jésus devait expérimenter qui a tenté. Jésus, totalement homme devait connaître cette tentation, cette bouffée d’orgueil, pour comprendre comment elle agissait, et surtout, pour la terrasser, pour dominer son corps.

Pourquoi Satan est-il là ? Pourquoi sa présence est-elle spécifiée maintenant ?

Littéralement, dans le texte, Satan est écrit sans la majuscule. Il est l’adversaire, car le mot grec Σατανᾶς – Satanas désigne l’adversaire. Il est l’adversaire de Jésus, celui qui veut se faire adorer à la place du Fils de Dieu. Il est celui qui s’oppose à Dieu. Satan est l’ennemi de Dieu. Et notre ennemi, c’est l’ego. Et Satan passe par l’ego pour nous atteindre. C’est pour cela qu’il est présent, dans l’attente que Jésus réponde à la bouffée orgueilleuse qu’a fait naître l’ego dans le mental de Jésus, et là, il pourra attaquer. Pour le moment, il attend.

En 1 Pierre 5:8-9 nous lisons : « Soyez sobres, veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. Résistez-lui avec une foi ferme, sachant que les mêmes souffrances sont imposées à vos frères dans le monde. »

Ici, encore le diable c’est διαβολος – diabolos, l’ego, et c’est lui notre adversaire. Il est dans notre nature humaine, dans les pulsions, et c’est à lui que nous devons résister.

Ce mot Σατᾶν – Satan découle de l’hébreu שָׂטַן – satan qui est un verbe qui signifie être ou agir comme un adversaire, résister, s’opposer.

En Matthieu 16:21-23 nous lisons : « Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour. Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit : À Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas. Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : Arrière de moi, Satan ! Tu m’es en scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes. » Jésus dit à Pierre qu’il est son adversaire, car Pierre s’est opposé à Jésus.

A ce moment précis, Pierre s’est opposé au plan de Dieu, donc, il a pensé avec sa nature humaine, et non avec l’Esprit de Dieu. Et c’est pour cela que Jésus lui dit : arrière de moi, Satan. Pierre n’est pas possédé par Satan, mais il parle avec sa nature humaine, avec son ego, et de fait, l’ego s’oppose au plan de Dieu.

Ici, on a la même chose.

Il s’agit du verbe ὑπάγω – hupago qui signifie mener, conduire sous, apporter au-dessous, se retirer, s’en aller, partir.

L’emploi de ce verbe montre que Jésus parle à Satan comme un maître parle à son chien. Il n’y a rien de péjoratif. C’est un maître qui donne un ordre à son animal, et ce dernier lui obéit. Satan est totalement soumis à Jésus, et Jésus le tient en laisse comme le laisse entendre la fin du mot, ἄγω – ago, qui signifie mener en tenant en laisse. Satan est totalement soumis à l’autorité de Dieu, il n’a rien fait, et quand il en reçoit l’ordre, il part.

On ne peut faire taire l’ego que par la Parole de Dieu, et c’est pour cela qu’il faut la garder dans notre cœur, et dès qu’une pensée mauvaise, qui vient de notre for intérieur et qui s’oppose à Dieu, veut surgir dans le mental, il faut toujours s’en référer à la Parole de Dieu, dans la prière et le dialogue avec Dieu.

 

Et alors, c’est-à-dire parce que Jésus a répliqué par la Vérité, le διαβολος – diabolos est parti.

 

Résumons les trois tentations :

La première tentation : faire passer ses besoins naturels avant Dieu, donner plus d’importance au matériel qu’au spirituel.

La deuxième tentation : tenter Dieu.

La troisième tentation : l’orgueil de vouloir devenir son propre dieu, l’orgueil de vouloir se placer au-dessus des autres, d’avoir du pouvoir. Cette troisième tentation s’accompagne d’un pacte avec Satan. Elle est la tentation de celui qui pense s’élever vers Dieu par ses propres moyens, par des techniques et des solutions humaines.

L’ego tente toujours de la même manière, en fonction de nos faiblesses, de notre vécu, de notre expérience, des épreuves de la vie, de nos programmations mentales… Il y a des personnes qui s’identifient uniquement à l’image qu’elles reflètent chez les autres. Ces personnes ne sont jamais elles-mêmes, mais elles jouent un rôle que l’ego a formé pour elles. Et forcément, il va en découler des problèmes mentaux. On ne peut pas jouer un rôle toute sa vie, à un moment donné, notre véritable personnalité, qui est l’esprit, souffre, et cette souffrance se matérialisera par des dysfonctionnements du mental et du corps. D’autres vont tenter Dieu, se servir de Dieu pour servir leurs objectifs. Ce sont les loups déguisés en brebis, l’ivraie qui pousse au milieu du bon blé. Ces gens vont parler de Dieu, mais pas pour servir Dieu, mais se servir de Dieu pour leurs causes ou leur doctrine. Enfin, la troisième tentation, c’est l’orgueil, et là, c’est le pacte, c’est-à-dire que l’on devient esclave de Satan par l’adoration.

Pourquoi Dieu le Père a-t-Il permis que Dieu le Fils soit ainsi tenté, comme tout homme est tenté tout au long de sa vie de cette même manière ? Pour que nous ayons l’assurance d’avoir un souverain sacrificateur, Jésus-Christ, capable de compatir à nos faiblesses et à nos infirmités (Hébreux 4:15), puisque Lui-même les a expérimentées.  Ainsi, Jésus-Christ sait parfaitement ce que l’on ressent et Il nous aide à porter notre joug.

Et par cet épisode de la triple tentation, Jésus nous montre comment y faire face. Il est notre modèle à suivre lorsque nous aussi, nous sommes éprouvés. Il nous a montré comment faire taire l’ego. En citant la Parole de Dieu, en tenant ferme la Parole de Dieu dans notre cœur.

Et ces trois tentations, on les retrouve dans les trois levains, et Jésus nous met en garde contre ces trois levains.

En Matthieu 16 :6, nous lisons « Or Jésus leur dit : « Ouvrez l’œil et méfiez-vous du levain des pharisiens et des sadducéens ! » »

En Marc 8 :15, nous lisons « Or il leur faisait cette recommandation : « Ouvrez l’œil et gardez-vous du levain des pharisiens et du levain d’Hérode. » »

Le levain des pharisiens, c’est le paraître, accorder plus d’importance au paraître, qu’à Dieu. Ce sont les rituels, la religiosité. Et Jésus insiste sur ce levain, car il est cité deux fois, car c’est par ce levain que le reste s’enchaîne. On commence toujours par accorder plus d’importance au paraître, aux rituels, qu’à Dieu.

Le levain des sadducéens, c’est le scepticisme, celui qui conduit à tenter Dieu, à se servir de la Parole de Dieu pour son propre intérêt. On le retrouve dans les pratiques New Age et dans les pratiques dites de bien-être qui promettent la guérison sans Dieu. C’est toutes les fois où l’on cherche une solution à un problème dans des théories humaines, sans se tourner vers Dieu, et où, finalement, on veut forcer Dieu à agir.

Le levain de Hérode, c’est la recherche de la gloire par la ruse, c’est vouloir devenir son propre dieu, vouloir dominer, c’est l’orgueil.

Souvent, tout démarre par la première tentation, celle de considérer le monde, et de vouloir être dans le monde, et puis tout s’enchaîne. Le programme d’aide à la délivrance vous aide à vous situer par rapport à tout cela, afin que vous puissiez rectifier le tir et faire taire votre ego.

Soyez bénis,

 

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