L’évangile de Matthieu
La visite des mages – Matthieu 2:1-6
Dans ce deuxième chapitre de son Évangile, Matthieu raconte la naissance de Jésus à Bethléem, mais l’accent n’est pas mis sur Jésus, mais sur les mages et Hérode, ainsi que des prophéties de l’Ancien Testament. Rappelons que Matthieu s’adresse à des juifs qui connaissent la Loi et les prophètes, et son but est de montrer que Jésus est le Messie, le Christ, afin que les juifs se convertissent. C’est pour cela qu’il fait souvent référence aux prophéties de l’Ancien Testament, afin de montrer que tout a été fait selon ce que Dieu avait révélé aux prophètes. Dans cet article, nous nous pencherons sur les versets 1 à 6, afin d’établir le climat politique et spirituel qui régnait à l’époque de la naissance de Jésus.
Lisons Matthieu 2 les versets 1 à 6
« ¹Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, ²et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.
³Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
⁴Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ.
⁵Ils lui dirent : À Bethléhem en Judée ; car voici ce qui a été écrit par le prophète : ⁶Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, car de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple. »
Traduction Louis Segond
Cette première lecture du texte amène à faire plusieurs remarques :
⇒ Matthieu ne raconte pas en détail la naissance de Jésus, contrairement à Luc qui donne des détails qui permettent de dater l’évènement dans l’histoire, notamment lorsqu’il précise que la naissance de Jésus est survenue pendant le recensement ordonné par Rome comme on peut le lire en Luc 2:1-2 : « En ce temps-là parut un édit de César Auguste, ordonnant un recensement de toute la terre. Ce premier recensement eut lieu pendant que Quirinius était gouverneur de Syrie. »
Luc donne des détails historiques attestés, et ainsi, on peut situer la naissance de Jésus. On nous a toujours dit que Jésus était né à l’an 0, et donc, sa naissance, dans le christianisme, a servi de point de départ de la nouvelle ère. Or, Jésus-Christ est né en – 7 avant notre ère. Il y a eu une erreur de calcul qui n’a jamais été rectifiée. Mais cette erreur de comptage réalisée par les historiens de l’époque est comme un clin d’œil de Dieu, déjà par le chiffre 7, mais aussi par le fait que Jésus est le seul à être né sur Terre avant lui-même. C’est incroyable !
⇒ Notons, aussi, qu’à aucun moment le texte biblique ne nous parle de rois mages. C’est la tradition humaine qui nous a amenés à penser que ces mages étaient des rois, mais il s’agit bien de mages.
⇒ De la même manière, à aucun moment, le texte biblique ne précise qu’ils étaient trois. Il y avait effectivement plusieurs mages, mais on n’en sait pas le nombre. Cette croyance qu’il y avait trois mages vient d’Origène, considéré comme le père de l’exégèse biblique, au début du 3e siècle de notre ère. Ce dernier, par recoupements et surtout, par le fait que ces mages apportent trois cadeaux, a considéré qu’il y avait trois mages. Mais cela, le texte biblique ne permet pas de le dire.
Maintenant, intéressons-nous au sens de chaque verset.
Versets 1 et 2
« ¹Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem, ²et dirent : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer. »
Au temps du roi Hérode ⇒ Jésus-Christ est né à Bethléhem et l’on verra pourquoi cette ville est importante. Il est né au temps du roi Hérode. Pourquoi cette précision ? Pour une question de dater l’évènement dans l’histoire, me diriez-vous, afin que l’on sache à quelle période est né Jésus-Christ. Mais Luc est beaucoup plus précis dans ce domaine. Que veut nous dire Matthieu ? Il rappelle aux juifs à quelle période historique est né Jésus. Il faut savoir que dans l’histoire d’Israël et du peuple juif, la période hérodienne, qui se situe entre 34 av. J.-C. et 4 av. J.-C. est la pire, non pas en termes de violence, bien qu’elle a été très violente, mais plutôt en termes d’une augmentation du paganisme qui a débordé sur le judaïsme. En effet, à cette époque, non seulement les pharisiens, avaient ajouté de la parole à la Parole de Dieu, créant de nouvelles lois qui n’étaient pas divines, mais les Romains avaient exigé de nommer les souverains sacrificateurs du Temple. On peut dire que cette période hérodienne était vraiment la période la plus sombre de l’évolution du judaïsme. Du fait que les Romains nommaient les souverains sacrificateurs, qui n’étaient pas juifs, mais de culture romaine, le paganisme était entré au sein du judaïsme avec force, et cela commençait à poser de sérieux problèmes. Tout s’effondrait. La foi s’effondrait. Il n’y avait plus rien de « sacré », tout était bafoué. Ajoutons que les pharisiens, les sadducéens… avaient ajouté de la parole à la Parole de Dieu, tout était bancal, mensonger. D’un côté le paganisme, l’idolâtrie à de faux dieux, de l’autre le mensonge, le tout se mêlant pour arriver à un culte de l’ego, un culte idolâtre bien loin de la Parole de Dieu.
Aujourd’hui, on peut noter la même chose au sein des Églises, des personnes qui ne sont pas croyantes ont en pris le contrôle, et beaucoup de courants religieux chrétiens ont ajouté de la parole à la Parole de Dieu, pour suivre une tradition et des coutumes humaines. Il y a, comme ce fut le cas à l’époque, beaucoup d’hérésies qui se sont glissées dans les cultes religieux, et l’on y voit l’infiltration d’un néopaganisme, avec toutes ces doctrines qui mêlent le culte des anges ou des saints à Dieu. Nous revenons, spirituellement, à la même époque de la naissance de Jésus.
Ajoutons que Hérode s’était proclamé roi de la Judée après la révolte des Maccabées et avait pris le pouvoir politique de force aux prêtres qui dirigeaient la Judée. Et pour écarter toute rivalité politique qui était susceptible de renverser son pouvoir, il avait fait assassiner son épouse légitime Mariamne ainsi que plusieurs de ses enfants.
On peut dire que Jésus-Christ est arrivé dans le monde au pire moment de l’histoire de l’humanité, au moment où tout semblait se perdre, où tout semblait être en déliquescence, où l’humanité semblait se perdre. Et Il reviendra dans le monde aussi dans un moment où tout semblera se perdre, où toutes les valeurs humaines sont inversées, où le bon sens aura fait place à non-sens, où chacun vouera un culte à l’ego… Ce sera le monde des insensés, et les justes iront à contre-courant du monde qui court à sa perte. Jésus-Christ arrivera pour les délivrer à l’ouverture du 5e sceau décrit par le Livre de l’Apocalypse.
Des mages d’Orient ⇒ Ces mages, dont on n’en connaît pas le nombre, viennent d’Orient, c’est-à-dire de l’est. Si l’on prend une carte, que l’on part de Jérusalem, donc d’Israël, et que l’on se dirige vers l’est, on va rencontrer les territoires de l’Arabie Saoudite, du Qatar, du Pakistan, de l’Inde, et plus loin encore, de la Chine et de la Corée du Nord et du Sud. Donc, on peut penser que ces mages venaient de ces territoires éloignés de l’actuelle Chine ou de l’Inde.
Ces mages ont fait tout le trajet jusqu’à Jérusalem, et à l’époque, ils se déplaçaient à pied ou à dos de cheval, d’éléphant ou de chameau, pour venir jusqu’à Jérusalem parce qu’ils avaient vu une étoile. Cela devait vraiment être important pour entamer un tel voyage de plusieurs jours !
Le mage c’est μάγος – magos dans le texte grec. Ce mot a trois sens :
→ Le mage peut être le nom donné par les Babyloniens (Chaldéens), les Mèdes, les Perses et autres, aux hommes sages, enseignants, prêtres, médecins, astrologues, voyants, interprêteurs de rêves, augures, devins, sorciers… ce sont ces mages qui ont le savoir de parler aux 72 ego. Cela je l’explique dans le dossier « Les médias et l’ego« , car c’est avec ce procédé que les médias programment votre mental.
→ Le mage est aussi l’homme sage oriental (astrologue, astronome). Ces mages sont ceux qui ont découvert l’étoile, et ont su que le Messie venait de naître. Ce sont ces mages-là que nous parle Matthieu.
→ Et plus généralement, le mage est un faux prophète et un sorcier.
Ici, Matthieu fait référence à ces hommes sages qui viennent d’Orient, donc ceux qui scrutaient les étoiles et qui avaient connaissance d’une prophétie.
Car nous avons vu son étoile en Orient ⇒ Ici, nous avons la confirmation que ces mages étaient des astrologues et des astronomes, qui scrutaient les étoiles. Ils ont vu son étoile, au roi des juifs qui vient de naître, et ils sont venus l’adorer. Donc, ces mages venus d’Orient, de l’est, attendaient la venue de Jésus-Christ. Et, il existe, en effet, des écrits très anciens, qui viennent de Chine, et qui racontent l’histoire de la révélation de Dieu qui s’adresse aux mages, à ceux qui ont la connaissance de l’astronomie, mais aussi des sciences. Et dans ces textes qui sont vraiment très anciens, il est écrit que Dieu enverra son Fils, et que les mages sauront quand et où ce Fils naîtra, car une étoile les guidera jusqu’à lui.
Et le plus extraordinaire dans tout cela, c’est que Johannes Kepler (1571 – 1630, astronome et physicien allemand, à qui l’on doit les Lois de Kepler qui sont des relations mathématiques qui permettent de calculer la trajectoire des planètes sur leur orbite), avait découvert que les étoiles s’étaient alignées trois fois à la période correspondante à la naissance de Jésus, début avril de l’an -7. Ce qui concorde parfaitement au récit que Luc donnera de la naissance de Jésus-Christ.
Cette date de naissance de Jésus-Christ qui a été tardivement reconnue dans le christianisme et imposée aux croyants comme le 25 décembre a été fait pour correspondre à une fête païenne. Pour les païens, il s’agissait de fêter le solstice d’hiver, appelé Naissance du soleil. C’est le moment où les jours recommencent à s’allonger, et donc, cela est le signal de la reprise de la vie. C’était une coutume très populaire que de fêter ce solstice, coutume qui a été reprise par l’Église de Rome. Voici un exemple de l’ajout de la parole (une coutume humaine) à la Parole de Dieu.
Les versets 3 à 5
³Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. ⁴Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ. ⁵Ils lui dirent : À Bethléhem en Judée ; car voici ce qui a été écrit par le prophète : ⁶Et toi, Bethléhem, terre de Juda, tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, car de toi sortira un chef qui paîtra Israël, mon peuple. »
Fut troublé ⇒ εταραχθη – etarachthé en grec ancien. Il s’agit de la conjugaison à la troisième personne de l’aoriste et au passé du verbe ταράσσω – tarasso qui signifie :
→ agiter, troubler une chose en la remuant.
→ causer à quelqu’un une commotion interne, emporter sa tranquillité d’esprit, déranger sa sérénité.
→ inquiéter, enlever le repos, troubler, bouleverser.
→ rendre anxieux ou déprimé.
Comme le verbe est conjugué à l’aoriste, il n’y a aucune notion de temps, aucune notion de durée ou de résultat. Et comme le verbe est au passif, il n’y a pas d’augmentation. C’est-à-dire que la venue des mages a troublé la tranquillité d’esprit de Hérode, l’a rendu anxieux, lui a enlevé le repos, l’a terrassé.
Lui qui croyait être tranquille sur son trône, qui pensait avoir éliminé tous ses concurrents susceptibles de monter sur le trône à sa place, voici que les mages lui annoncent la naissance du roi des Juifs.
Et pourquoi Jérusalem fut-elle troublée ? Tous les juifs attendaient le Messie, la naissance du Fils de Dieu, car tous savaient que le Messie allait les sauver. Beaucoup pensaient qu’Il allait les sauver de l’envahisseur romain. C’est pour cela que tout Jérusalem fut troublé. La prophétie allait-elle se réaliser ? Le Fils de Dieu allait-Il enfin arriver sur Terre ?
À Bethléhem en Judée ⇒ quel est ce prophète cité ici par Matthieu ? Il s’agit de Michée, et nous pouvons lire la prophétie en Michée 5:1 : « Et toi, Bethléem Ephrata, petite pour être entre les milliers de Juda, c’est de toi que me sortira celui qui doit être dominateur en Israël et dont l’origine est dès les temps anciens, dès les jours éternels. »
Tous les prêtres et les scribes connaissaient cette prophétie. Le Messie devait naître à Bethléhem en Judée, et c’est justement là que l’étoile menait les mages.
Bethléhem en grec ancien, c’est Βηθλεέμ – Bethleem, littéralement, la « maison du pain ». Cette ville, ou plutôt ce village, était situé à environ 10 kilomètres au sud de Jérusalem.
En hébreu, Bethléem Ephrata, c’est בֵּיתּ לְעַפרָה – Beyth le-`Aphrah. C’est un mot composé de deux mots :
בַּיִת – bayith qui signifie maison, foyer, demeure, et עָפָר – `aphar qui signifie terre sèche, poussière, poudre, cendres, terre, sol, mortier, rebuts.
Donc, Bethléem était une terre sèche, mais de cette terre sèche naîtra le pain vivant descendu du ciel. Et effectivement, Jésus-Christ est le pain vivant et l’eau vive. Il est celui qui fait vivre, qui nourrit l’esprit pour le rendre vivant.
Ainsi, rien que par la prophétie de la naissance de notre Seigneur Jésus-Christ, on comprend que Jésus redonne vie même aux esprits les plus arides. Soyez bénis.
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