L’évangile de Matthieu
L’appel de Jacques et Jean – Matthieu 4:21-22
Le chapitre quatre de l’Évangile de Matthieu montre un plan en trois grandes parties : la triple tentation dans le désert, le début du ministère de Jésus-Christ et l’appel des premiers disciples. Lors de nos études précédentes, nous avions expliqué la triple tentation dans le désert et le début du ministère en Galilée, ainsi que l’appel de Simon et André.
Dans cette étude, nous allons découvrir qui étaient Jacques et Jean, qui ils étaient en réalité. Tous deux étaient pêcheurs de métier, et tous deux avaient des caractères bien définis, des défauts qu’ils ont su dompter et des qualités qu’ils ont su travailler pour devenir des disciples de Christ.
Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.
²¹Et ayant passé de là plus avant, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans la barque avec Zébédée leur père, arrangeant leurs filets, et il les appela. ²²Et eux, laissant aussitôt la barque et leur père, le suivirent.
Matthieu 4:21-22, traduction Louis Segond
La première chose qui nous frappe, c’est la similitude entre l’appel de Simon-Pierre et André, avec l’appel de Jacques et Jean.
En effet, Simon-Pierre et André sont deux frères, et pêcheurs de métier. Relisons les versets 18 à 20 qui concernent leur appel : « Et marchant le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et André son frère qui jetaient un filet dans la mer, car ils étaient pêcheurs, et il leur dit : Venez, suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. Et eux, laissant aussitôt leurs filets, le suivirent. »
Comme dans les versets qui concernent notre étude, le mot « frère » est répété deux fois, comme pour montrer une insistance, comme si Matthieu, puisque c’est lui qui a écrit cet Évangile, veut exprimer le lien très fort qu’il peut exister au sein d’une fratrie, et que lui avait perdu à cause de son choix de devenir publicain.
Ce que l’on peut noter, c’est que l’écriture des deux appels est sensiblement la même, à la différence que pour Jacques et Jean, tous deux étaient dans la barque avec leur père Zébédée. Et donc, les deux fils ont laissé et leur barque, et leur père, alors que Pierre et André ont laissé leurs filets, et non leur barque ni leur père. Il y a donc une différence. Dieu nous appelle tous, et cet appel est toujours différent d’une personne à l’autre. Et chaque personne qui entend l’appel de Dieu doit abandonner quelque chose qui lui est personnel.
Il s’agit du verbe προβαίνω – probaino qui a été traduit par le verbe passer. Ce verbe signifie aller de l’avant, être avancé (en âge).
Donc, encore une fois, Jésus-Christ va de l’avant, Il continue à construire le Plan et va vers une pièce du Plan, ou plutôt deux pièces, qui sont Jacques et Jean.
Ce verbe, dans le texte, est conjugué au participe actif, et il est au nominatif. Ce qui signifie que le sujet est celui qui fait l’action, donc c’est Jésus. Et comme le verbe est au participe aoriste, cela signifie que c’est dans le déroulement du Plan que Jésus va interpeller les deux disciples. C’est dans la continuité de ce qu’Il avait déjà mis en place.
Ce nom Jacques vient de l’hébreu יַעֲקוֹב – Ya`aqob, littéralement Jacob, nom qui signifie « celui qui prend par le talon » ou « qui supplante ». Jacob était le fils d’Isaac, petit-fils d’Abraham, et il est né en tenant le talon de son frère jumeau Ésaü.
Ce nom découle de la racine hébraïque עָקַב – `aqab qui signifie supplanter, circonvenir, prendre par le talon, assaillir insidieusement, duper.
Ainsi, Jacques est celui qui supplante, celui qui dupe, celui qui assaille insidieusement, qui agit avec ruse pour obtenir un avantage, un privilège (circonvenir). Ainsi, on voit un autre trait de caractère que de nombreux êtres humains portent en eux. C’est le venin de la ruse, le levain de Hérode. Et Jacques avait fait lever en lui ce levain de la ruse.
Notons que Jacques, fils de Zébédée, n’est jamais mentionné sans son frère Jean. Nous y reviendrons lorsque nous nous pencherons sur le caractère de Jean.
Zébédée, en grec, Ζεβεδαῖος – Zebedaios signifie littéralement « l’Éternel a donné ». Ce mot découle de l’hébreu זַבדִּי- Zabdiy, littéralement « dotation, il (Dieu) a donné », qui découle de la racine זֶבֶד – zebed qui signifie dotation, don, cadeau.
Ainsi, Jacques et Jean sont des cadeaux, des dons de Dieu.
En Marc 3:17 nous lisons : « Jacques, fils de Zébédée, et Jean, frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanergès, qui signifie fils du tonnerre.
Ce surnom est donné aux deux disciples Jacques et Jean. Tous deux sont fils du tonnerre.
Boanergès → Βοανεργές – Boanerges, littéralement fils du tonnerre. Ce mot découle de l’araméen ben regaz, littéralement fils de la fureur, fils de la colère.
Tonnerre → βροντή – bronte, mot qui signifie tonnerre. Ce mot est un parent du mot βρεμω – bremo qui signifie gronder, retentir.
Ainsi, Jacques était quelqu’un de tourmenté, d’impétueux, et d’autoritaire, puisqu’il avait cette disposition à gronder et on l’a surnommé le Majeur, face à Jacques le Mineur (Marc 15:40). C’était quelqu’un qui aimait donner des ordres. Et il était quelqu’un de rusé, qui dupe, qui supplante pour obtenir ce qu’il veut.
Nous avions dit que Jean est aussi appelé fils du tonnerre, mais qu’en est-il en réalité ?
En fait, Jean était sous l’influence de son frère Jacques l’autoritaire. Quand il était avec Jacques, il réagissait et agissait comme Jacques, sans être véritablement lui-même.
Jean → Ἰωάννης – Ioannes, littéralement « l’Éternel a fait grâce ».
Encore une fois, dans la Bible, on trouve de nombreux personnages qui portent le nom de Jean. Citons Jean-Baptiste et Jean surnommé Marc, le compagnon de Barnabas et Paul, celui qui a écrit l’Évangile de Marc.
Jean, fils de Zébédée, c’est-à-dire le fils du cadeau, du don, est celui qui a écrit l’Évangile de Jean, ainsi que les Épîtres de Jean et bien sûr le Livre de l’Apocalypse. Dans ses écrits, il ne se nomme jamais, ce qui révèle une personne remplie d’humilité.
Lorsqu’il est avec son frère Jacques, il est fils du tonnerre, car influencé par son frère, il est lui aussi tourmenté et impulsif. Mais lorsqu’il est seul, lorsqu’il n’est pas soumis à l’influence de son frère, il est rempli d’humilité.
Nous avons donc Jacques l’autoritaire habité par le levain de la ruse, et Jean qui est sous son influence, mais qui seul, révèle sa véritable personnalité. Ainsi, Jacques, par la conversion, est devenu doux, et a su combattre cet esprit de ruse qui le rendait fils de tonnerre, et Jean a su prendre son envol, en devenant lui-même, et non plus comme son frère voulait qu’il soit.
Encore une fois, nous voyons que Jésus construit l’homme avec l’homme et fait devenir l’homme un être humain, l’esprit créé à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Nous voyons aussi que Jésus-Christ n’a pas choisi des disciples doux, mais avec des caractères trempés, et des disciples soumis, afin que toute l’humanité soit représentée par les disciples.
Ainsi, on comprend que c’est d’un cœur droit que les disciples ont suivi Jésus-Christ, un cœur juste et vrai. Il n’y avait en eux, à cet instant, aucune ambivalence, aucun calcul. À cet instant, ils n’ont pas pensé à ce que leur rapporterait le fait de suivre Jésus-Christ, ils l’ont suivi sans arrière-pensées.
Père, en grec, c’est πατήρ – pater, un mot racine qui comporte de nombreux sens :
→ Il peut revêtir le sens de géniteur ou ancêtre mâle, et donc, le sens de père biologique.
→ Il peut revêtir le sens d’un fondateur d’une race ou d’une tribu, l’initiateur d’un peuple, comme, par exemple, Abraham, père des Hébreux.
→ Il peut revêtir le sens de celui qui avancé en âge, un aîné.
→ Métaphoriquement, ce mot peut désigner celui qui est à l’origine et transmet toute chose, celui qui gouverne sur une tribu, sur une famille, celui qui veille sur une famille.
→ Ce mot désigne aussi un enseignant qui communique sa connaissance et son savoir à des élèves.
→ Et enfin, Dieu est appelé Père.
Ainsi, Jacques et Jean laissent leur géniteur terrestre, celui qui les a enseignés et guidés jusqu’à présent, pour rejoindre le Père. Il y a donc un transfert au niveau de l’enseignement. Zébédée a appris à ses fils les choses terrestres, du monde, il leur a aussi enseigné le métier de pêcheur. Mais maintenant, auprès de Jésus, ils vont être enseignés sur les choses de Dieu, les choses spirituelles.
Ce verbe est composé de la particule α – a, qui est la première lettre de l’alphabet grec, l’alpha. Or, Christ est l’Alpha pour indiquer qu’il est le commencement et la fin. Et cette lettre indique aussi une particule d’union. Elle unit à κέλευθος – keleuthos qui désigne une route, un chemin.
Donc, ce n’est pas simplement que les disciples ont suivi Jésus. Non, ils se sont unis à Jésus-Christ qui est le Chemin, ils se sont profondément unis à Lui, comme le sarment est uni à la vigne.
Ainsi, nous avons vu l’appel des disciples Simon-Pierre, d’André, de Jacques et Jean, et nous avons expliqué leur caractère, qui ils étaient. Dans la suite du chapitre quatre de l’Évangile de Matthieu, la suite et la fin, nous verrons la mise en place du ministère de Jésus-Christ en Galilée.
Soyez bénis.
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