Le sel de la Terre

L’évangile de Matthieu

Le sel de la Terre – Matthieu 5:13

Le chapitre 5 de l’Évangile de Matthieu s’ouvre sur le discours sur la montagne, et lorsqu’on pense à ce discours, on a en tête les huit béatitudes que Jésus prononce. Mais son discours ne s’arrête pas à ces huit paroles, car Jésus-Christ, dans la continuité de son discours, va opérer une réforme de la loi morale établie par l’homme pour en ressortir uniquement la Vérité, c’est-à-dire pour l’épurer de la tradition. Petit à petit, Jésus-Christ va détruire le venin du mensonge de la loi morale humaine par la Vérité de Dieu, et cela va concerner toutes les instances de nos vies.

Nous avions expliqué les huit paroles de Jésus-Christ, c’est-à-dire les Béatitudes, lors de l’étude précédente. Dans cette étude, seul le verset 13 sera étudié, car cette simple parole « vous êtes le sel de la Terre » demande que l’on s’y attarde pour comprendre sa portée spirituelle.

Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament, lequel ne se comprend qu’à la lumière du Nouveau Testament.

¹³Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes.

Matthieu 5:13, traduction Louis Segond.

 

La première question que l’on doit se poser est à quoi sert le sel ?

La première réponse qui nous vient à l’esprit est celle du sel qui sert à donner du goût aux aliments. Donc, être le sel de terre, c’est donner le goût de la vie, donner de la saveur à la vie. Jésus-Christ nous demande de donner de la saveur à la vie dans un monde anxiogène, morbide, violent, dépressif.

Mais, le sel a d’autres utilités. On sait que le sel sert à rehausser la saveur sucrée d’un dessert. Ainsi, en pâtisserie, on met une pointe de sel pour rehausser le goût du sucre. Et de la même manière, le sel dans le chocolat rehausse le goût du chocolat. Donc, être le sel de la terre, c’est aussi rehausser le goût de la vie. Donner et rehausser le goût de la vie, voilà ce que Jésus-Christ nous demande de faire, de montrer sa joie de vivre pour redonner ou rendre l’espérance à ceux qui n’aiment plus la vie. Jésus-Christ nous demande d’être celui qui ravive la flamme de celui qui a perdu le goût de vivre.

Ajoutons que le sel protège et conserve les aliments. En effet, pendant des siècles, le sel permettait la conservation des aliments frais. Ainsi, Jésus-Christ nous demande de protéger et de conserver la Parole de Dieu, la Vérité. Jésus-Christ nous demande d’être des témoins de la Vérité.  

On sait aussi que le sel permet de réguler le feu. En effet, si l’on met du gros sel sur des braises, on ravive le feu. Et si l’on jette du sel sur un feu qui s’emballe, un feu avec des flammes très violentes, on réduit les flammes et l’on diminue la température. Le sel est donc un régulateur du feu, et spirituellement, Jésus-Christ nous demande d’être celui qui régule le feu qui s’embrase dans les pensées de nos proches. Jésus-Christ nous demande de réguler les ardeurs de ceux qui s’emballent. Il nous demande d’être celui qui calme les situations qui s’enflamment, d’être un artisan de la paix, de réagir avec calme, afin de réfréner l’action précipitée de celui qui est dans la panique.

Et comme le feu permet de réguler les flammes, il a aussi son utilité sur les routes enneigées. En effet, on met du sel sur la route en hiver afin de faire fondre la glace, si elle est déjà présente, et en prévision, afin que plus tard, la pluie ou la neige, lorsque la température extérieure passe en dessous de zéro degré Celsius, l’eau ne se transforme pas en glace. Le sel permet donc à l’eau de réduire le risque d’apparition de glace sur les routes. Et Jésus-Christ nous demande d’être celui qui va réduire chez son prochain le risque de dérapage par l’exemple de notre comportement.

Le sel est aussi utilisé par le potier. En effet, lorsque le potier a terminé sa poterie, il la met à cuire afin de la fixer et de la durcir. Et pendant la cuisson, il jette du sel sur la poterie, ce qui va permettre de rendre la poterie imputrescible, brillante et belle. Ainsi, Jésus-Christ nous demande d’être celui entre les mains du potier, qui se laisse façonner et devient incorruptible, non touchable par le péché.

Certains produits salins, comme le sel d’Epsom par exemple, sont utilisés par les jardiniers pour nourrir et fertiliser les sols. Ainsi, Jésus-Christ nous demande de nous nourrir de ses Paroles, afin d’être fertiles sur un sol qui n’est pas nourri, c’est-à-dire le monde.

Et, au temps de Jésus-Christ, le sel était surtout un moyen d’échange et de paiement, puisque le sel était quelque chose d’indispensable. D’ailleurs, le mot salaire vient du mot sel. Ainsi, nous sommes le salaire de Jésus-Christ, qui nous fait changer et nous utilise pour faire changer les autres.

Maintenant que l’on a compris l’utilité du sel et pourquoi précisément Jésus-Christ a pris l’image du sel pour expliquer son propos, voyons le texte dans son sens originel.

 

En effet, ἅλας – halas est effectivement le sel qui sert à assaisonner les aliments, il est aussi le sel que l’on met sur les offrandes. Ce mot désigne aussi les produits salins utilisés pour fertiliser les terres arables. Il est aussi le sel qui protège les aliments de la putréfaction et la conserve. Les Orientaux avaient pour habitude de partager le sel lors de la ratification des traités. Et enfin, spirituellement, ce mot grec désigne la sagesse et la grâce exprimées dans des paroles.

On y retrouve toutes les propriétés et usages du sel.

N’oublions pas que cette phrase suit directement les neuf béatitudes. Ainsi, après avoir donné la carte, Jésus-Christ nous demande d’être le sel de la Terre. Dans les Béatitudes, Jésus-Christ nous demande de nous mettre en route selon le point de départ sur notre chemin personnel, c’est-à-dire selon notre capacité naturelle (étude 21). Et tout cela afin de devenir le sel de la terre.

Rappelons aussi qu’avant le discours sur la montagne, il y eut l’appel des disciples Simon-Pierre, André, Jacques et Jean. C’est un tout, une continuité. Et souvenons-nous que Jésus-Christ a dit à Pierre et à André qu’Il fera d’eux des « pêcheurs d’hommes » (étude 18). Nous avions vu que le mot pêcheur, c’est ἁλιεύς – halieus en grec. Il s’agit bien du métier de pêcheur. Ce mot découle du mot ἅλς – hals qui signifie sel. Et l’on y retrouve le mot sel. Donc, être un pêcheur d’hommes, c’est être celui qui redonne le goût de la vie, qui rehausse le goût de la vie, qui protège et conserve la vérité, qui régule les ardeurs de ceux qui s’enflamment, qui pacifie les situations houleuses, qui est un artisan de paix, qui ravive la flamme de celui qui s’éteint, c’est-à-dire de celui qui perd l’espérance, qui se laisse façonner par Dieu pour devenir incorruptible par le péché.

Il s’agit de la conjugaison du verbe μωραίνω – moraino qui signifie être fou, agir follement, faire des folies, d’un goût plat et sans saveur. Ce verbe s’utilise lorsque l’on veut signifier qu’un sel a perdu de sa force et de sa saveur.

En Romains 1:21-22 nous lisons : « puisqu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous ; »

Dans ce texte, on retrouve le verbe μωραίνω – moraino dans l’adjectif fou. Ainsi, dans ce texte, dans nos Bibles françaises, ce verbe a été traduit par l’adjectif fou. Est devenu μωραίνω – moraino, c’est-à-dire fou, sans saveur, d’un goût plat, celui qui n’a pas connu Dieu, celui qui s’est égaré dans ses pensées, celui dont le cœur est sans intelligence parce que plongé dans les ténèbres.

En 1 Corinthiens 1:20 nous lisons : « Où est le sage ? où est le scribe ? où est le raisonneur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas fait de la sagesse du monde une folie ? »

Là encore, le mot μωραίνω – moraino a été traduit par le mot folie. Et l’on comprend que la sagesse du monde est une folie. Dans ce monde, celui qui est sage est l’insensé qui s’égare dans ses pensées et qui ne connaît pas Dieu. Il est vu comme sage par ceux du monde, mais aux yeux de Dieu, il est fou, égaré, sans saveur.

Donc Jésus-Christ nous demande de ne pas nous égarer, de ne pas penser sans Dieu et avec l’aide de Dieu, pour ne pas devenir sans saveur, c’est-à-dire sans intelligence, un insensé, quelqu’un qui n’est pas dans son bon sens.

Pourquoi ? Parce que rien ne peut resaler le sel, rien ne peut redonner du goût au sel.

Ainsi, la question est de savoir comment peut-on rendre de nouveau salé un sel qui a perdu sa saveur ? En le resalant, en l’aspergeant de sel ? Or, on aura beau ajouter du sel à un sel qui a perdu sa saveur, il ne pourra pas retrouver sa saveur.

Si tout le monde sur terre devient fou, qui sera le garant de la Vérité ? Qui calmera les ardeurs de ceux qui s’emballent ? Qui ravivera la flamme de celui qui s’éteint ? Qui montrera l’espoir ? Qui donnera le goût de la vie ? S’il n’y a que des insensés, des fous, alors tout s’écroule. Et c’est bien ce qu’il va se passer lors de l’ouverture du 5e sceau du Livre de l’Apocalypse, lors de l’enlèvement des justes. Il ne restera plus que des insensés, et alors, le monde partira en roue libre, car il n’y aura plus de garants de la Vérité. Et cela permettra enfin à la folie de se dévoiler, afin de permettre à certains d’ouvrir les yeux et de chercher la Vérité avec un cœur droit, et non, comme aujourd’hui, pour sa propre gloire, avec le cœur partagé de celui qui veut davantage plaire à la doctrine, ou à ses adeptes, plutôt qu’à Dieu.

Il (n’) fort ð ισχυει – ischuei. Il s’agit de la conjugaison du verbe ἰσχύω – ischuo qui signifie être fort, être fort de corps, être robuste, être en bonne santé, avoir le pouvoir, avoir la force pour vaincre, être une force, être capable de.

Ainsi, ce sel qui perd de sa saveur, rien ne pourra le rendre fort, c’est-à-dire robuste, en bonne santé, rien ne pourra lui donner la force de vaincre ses mauvaises pensées, rien ne pourra le rendre capable, rien ne le rendra fort.

Rappelons que Jésus-Christ s’adresse à ses disciples et à la foule qui le suit. Il leur dit d’être ceux qui vont rehausser le goût de la vie, qui vont être des agents de paix, qui vont réguler les ardeurs, qui vont montrer l’espérance, les sensés, les gens qui avancent avec intelligence, avec un cœur droit et qui gardent la Parole de Dieu. Donc, celui qui est un sel selon la Parole de Dieu, s’il s’égare, c’est-à-dire s’il décide volontairement de s’égarer et de suivre le monde, il perdra sa saveur, sa force, sa vigueur, son goût de la vie, sa santé…

Dans notre monde, il est facile de s’égarer, car tout nous pousse dans le mensonge. C’est pour cela qu’il faut demander à Dieu de nous chercher dès que l’on s’égare, et de nous ramener à la raison, dans notre bon sens. Mais pour cela, il faut se laisser enseigner et guider par Dieu, Jésus-Christ, notre Seigneur et notre Berger. Celui qui veut partir du troupeau, celui qui décide de partir du troupeau, pour suivre le monde, c’est-à-dire la masse, Dieu n’ira pas contre notre décision, car elle nous appartient. Donc, il faut faire la différence entre celui qui s’égare par mégarde et que Dieu viendra chercher, et celui qui décide de quitter le troupeau pour aller chercher si l’herbe est plus verte ailleurs. Celui-là va s’égarer, et cet égarement sera la conséquence de son choix.

Donc, celui qui décide de quitter le troupeau de brebis pour s’émanciper de Dieu, qui décide de suivre le monde, devient fade, et rien ne pourra lui redonner sa saveur. Et celui là, il sera jeté dehors et piétiné par les hommes. Et dans la construction du texte, on comprend qu’il ne servira qu’à être jeté dehors et piétiné par les hommes, c’est-à-dire qu’il va servir de défouloir aux insensés, à ceux du monde, puisqu’il va perdre la protection de Dieu.

Le verbe jeter est la traduction du verbe βάλλω – ballo qui signifie jeter ou laisser tomber une chose sans se préoccuper de l’endroit de la chute, éparpiller. Et comme ce verbe est attaché dans son écriture à l’adverbe ἔξω – exo, c’est-à-dire dehors, en dehors des portes, à l’extérieur, on comprend que ceux qui prennent la décision, après avoir connu Dieu, de rejeter Dieu pour suivre le monde et ses fausses pensées, seront jetés dehors, littéralement, Dieu ne se préoccupera plus d’eux, puisqu’ils ont fait le choix de vivre sans Dieu.

Être piétiné ou fouler aux pieds est la traduction du verbe καταπατέω – katapateo qui signifie marcher dessus, piétiner, fouler aux pieds, et métaphoriquement traiter avec rudesse, insulter, repousser.

Le verbe καταπατέω – katapateo découle du verbe πατέω-pateo auquel on a ajouté la particule κατά – kata qui est une préposition qui désigne depuis, entre. Le verbe πατέω-pateo signifie marcher, mais aussi piétiner, écraser avec les pieds, marcher pour vaincre, poser le pied sur quelque chose pour le vaincre, et traiter avec insulte et mépris tout ce qui est saint, dévaster et outrager.

Ainsi, ceux qui auront fait le choix volontaire de perdre sa saveur, celui là sera traité avec rudesse, insulter, repousser par les hommes. Il sera vaincu par les insensés, il sera outragé, dévasté.

En Hébreux 10:29 nous lisons : « Ne pensez-vous pas qu’il sera jugé digne d’une punition bien plus sévère, celui qui a foulé aux pieds le Fils de Dieu, et qui a estimé profane le sang de l’alliance par lequel il avait été sanctifié, et qui a outragé l’Esprit de grâce »

Dans ce texte, on retrouve le verbe καταπατέω – katapateo qui a été traduit par « fouler aux pieds ». Ainsi, comme Jésus-Christ a été traité, tels seront traités ceux qui font le choix volontaire de piétiner à leur tour Jésus-Christ en se détournant volontairement de lui. C’est une loi divine. Le monde reconnaîtra ces personnes et le monde se fera un malin plaisir de détruire en eux ce qu’il reste de saint. Et c’est actuellement ce qu’il se passe dans notre monde. Tous ceux qui sont plongés dans la doctrine religieuse, qui connaissent Dieu mais préfèrent suivre la doctrine, tout ce qui est saint est piétiné par ceux qui vivent sans Dieu. Le sacré est désacralisé, parce que justement, la doctrine n’est pas sacrée, ni le bâtiment qui abrite la doctrine. Et c’est la porte ouverte à toutes les sortes de doctrines insensées qui vont nourrir l’ego des croyants qui deviendront la risée des gens qui sont sans Dieu.

Cela signifie que si l’on fait le choix d’adhérer à une chose du monde, à une pensée du monde, très vite, on peut être happé par le monde, car le monde va détruire en celui qui dévie un peu volontairement tout ce qui était saint en lui. Il faut comprendre que si l’on fait le choix d’adhérer à une doctrine qui comporte ne serait-ce qu’une fausse croyance, un mensonge, alors parce que l’on a accepté ce premier mensonge, on va en accepter un deuxième et ainsi de suite, jusqu’à l’extension totale de notre bon sens.

Et donc, ces personnes qui perdent de la saveur, c’est-à-dire ceux qui devaient être les garants de la Vérité mais qui ont fait le choix de ne plus l’être en adhérant à des mensonges, vont être piétinés par des hommes, littéralement ἄνθρωπος – anthropos, c’est-à-dire un être humain homme ou femme. Ces personnes ne seront pas la proie de démons, mais bien des hommes. C’est-à-dire que ce sont les hommes qui vont les faire chuter encore davantage, les insensés qui peuplent le monde. Ces personnes insensées vont se servir de la faiblesse de celui qui chute pour le faire chuter davantage. Ainsi, on comprend que les religieux vont être piétinés, raillés par ceux qui vivent sans Dieu.

C’est pour cela que Jésus-Christ nous demande de veiller et de ne pas nous endormir, afin de garder notre saveur, afin de ne pas être happé par une fausse doctrine qui nous ferait basculer dans l’idolâtrie, le mensonge et la fausse croyance.

Soyez bénis.

 

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