L’évangile de Matthieu
L’étoile de Bethléem – Matthieu 2:7-12
Lors de l’étude précédente concernant les versets 1 à 6 du chapitre 2 de l’Évangile de Matthieu, nous avions défini le climat politique, religieux et spirituel qui régnait lors de la naissance de Jésus-Christ, un climat de déliquescence où tout semblait se perdre, et c’est justement à ce moment-là que Dieu s’est fait homme pour sauver l’humanité captive. Dans cette étude qui concerne les versets 7 à 12 du second chapitre de l’Évangile de Matthieu, nous allons nous intéresser à l’étoile qui a conduit les mages à la ville de Bethléem, où ils purent adorer Jésus et offrir leurs cadeaux. Et ces cadeaux qui sont apportés par les mages au Fils de Dieu ont aussi une portée symbolique très forte. Rappelons que Matthieu adresse son évangile à des croyants qui connaissent les coutumes juives, et que son but est de montrer que Jésus est le Christ, le Messie annoncé par les prophéties. Il est certainement l’évangéliste qui fait le mieux comprendre que le Nouveau Testament est éclairé par l’Ancien Testament lequel ne se comprend qu’à la Lumière du Nouveau Testament.
Lisons Matthieu 2, les versets 7 à 12
⁷Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. ⁸Puis il les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer. ⁹Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta. ¹⁰Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. ¹¹Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. ¹²Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Nous avions vu, lors de l’étude précédente, que Hérode fut troublé lorsqu’il comprit que l’étoile que suivaient les mages annonçait la naissance du roi des juifs, le Christ et que cette étoile concordait avec la prophétie de Michée. À partir de ce moment-là, Hérode craignit de perdre le trône. Pourquoi fait-il appeler en secret les mages ?
Versets 7 et 8
⁷Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait. ⁸Puis il les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.
Fit appeler ⇒ καλεσας – kalesas, qui est la conjugaison à l’aoriste du verbe καλέω – kaleo, qui signifie appeler, inviter, nommer.
En secret ⇒ λάθρα – lathra, mot qui découle du verbe λανθάνω – lanthano qui signifie être caché, secrètement, à l’insu de, sans savoir.
Littéralement, Hérode ayant appelé secrètement les mages. Pourquoi secrètement ? Hérode agit par ruse, il ne veut pas que les sacrificateurs et les scribes du peuple, qu’il avait convoqué avant l’audience des mages, en Matthieu 2:4 (il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ), sachent quand doit naître le Messie. Le peuple attendait le Messie, et pour éviter que le peuple le fasse descendre de son trône où il s’était lui-même érigé, il voulait garder l’information secrète, afin d’éviter le soulèvement du peuple.
Les scribes connaissaient les Écritures, ils savaient où devait naître le Messie, mais pas quand il devait naître. C’est un peu comme pour le retour de Jésus sur Terre, on sait qu’Il doit revenir, mais quand, personne ne le sait, sauf le Père. C’est cette dernière information que Hérode tentait de cacher au peuple, avec sa question de savoir depuis combien de temps l’étoile brillait.
Brillait ⇒ φαινομενου – phainomenou, conjugaison du verbe φαίνω – phaino qui signifie briller, apparaître, paraître, voir.
Donc, Hérode fit convoquer en secret les mages pour connaître quand l’étoile est apparue. Pourquoi cette information est-elle importante pour lui ? Afin de connaître l’âge de l’enfant, parce que dans sa tête, il voulait déjà le faire chercher.
La prophétie de Michée disait que le Messie devait naître à Bethléhem. Hérode le savait, et nous avions vu que Bethléhem était un petit village situé proche de Jérusalem. Donc, Hérode envoya les mages comme des sortes d’éclaireurs, afin que ces derniers, une fois revenus, puissent lui dire exactement où se trouve le Messie, le Christ.
Verset 9
⁹Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta.
Ils partirent ⇒ επορευθησαν – eporeuthesan dans le texte en grec. Il s’agit de la conjugaison du verbe πορεύομαι – poreuomai, qui signifie aller, poursuivre le voyage qui a été commencé, continuer son voyage, suivre quelqu’un (devenir son disciple), conduire ou ordonner sa propre vie.
Littéralement, ces mages, après avoir entendu l’ordre d’Hérode, après avoir compris son instruction, vont poursuivre leur voyage. Les mages ne sont pas venus à Jérusalem pour voir Hérode, ils ont suivi l’étoile, et cela les a amenés à Jérusalem, où ils furent appelés par Hérode. L’audience auprès de Hérode n’a jamais été le but de leur voyage. Cependant, ils l’écoutent et reprennent leur voyage avec l’intention de revenir auprès de Hérode, selon ce qu’il leur avait demandé. D’où cette notion de suivre quelqu’un. Les mages avaient l’intention de suivre la parole de Hérode. Et l’on verra par la suite que l’Esprit de Dieu leur fera changer d’avis.
Marchait devant ⇒ προηγεν – proegen dans le texte en grec, conjugaison du verbe προάγω – proago qui signifie mener en avant, aller de l’avant. Littéralement, cette étoile conduisait les mages jusqu’à l’enfant. Elle se déplaçait pour conduire les mages, et elle s’est arrêtée là où était le berceau de Jésus.
Elle s’arrêta ⇒ εσταθη – estathe en grec, littéralement « elle se tienne ». Il s’agit du verbe ἵστημι – histemi qui signifie placer, faire tenir en place, rendre ferme, établir, se tenir, s’arrêter, se tenir immobile, maintenir.
Littéralement, l’étoile s’est fixée, elle est devenue immobile, afin de montrer le lieu exact où est né Jésus-Christ. Et l’on comprend, par l’utilisation de verbe, que cela va fixer la règle, va rendre ferme la prophétie : le Messie est né.
Verset 10
¹⁰Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie
Quand ils aperçurent l’étoile ⇒ Cette traduction est un peu bizarre. En effet, les mages suivent une étoile, donc forcément, ils la voient, car on ne peut suivre quelque chose que l’on ne voit pas. Et là, tout d’un coup, au verset 10, on nous dit qu’ils aperçoivent l’étoile, alors que cette dernière s’est figée à un endroit, donc, si elle s’est arrêtée, ils devraient la voir encore mieux que si elle bouge. Il y a ici, dans cette traduction, comme un problème.
Le verbe qui a été traduit par apercevoir dans notre texte en français est le verbe εἴδω – eido, littéralement voir, connaître, percevoir avec les yeux, apercevoir avec les sens, examiner, inspecter, percevoir.
Les mages, lorsqu’ils virent l’étoile s’arrêter, ils comprirent qu’elle indiquait l’endroit précis où était né Jésus-Christ, ils ont perçu dans chacun de leurs sens qu’ils se préparaient à la grande rencontre avec le Fils de Dieu, et c’est pour cela qu’ils furent remplis d’une grande joie. Leur voyage touchait à son but, ils allaient enfin voir le Fils de Dieu.
Donc, non, ils n’aperçurent pas l’étoile, ils virent qu’elle s’était figée, et surent que la grande rencontre qu’ils attendaient depuis des années était imminente. La prophétie se réalisait, ils vivaient là un grand moment, l’accomplissement d’une grande attente.
Il aurait peut-être fallu traduire ainsi, pour ne pas induire le lecteur dans l’erreur : « Ils furent remplis d’une très grande joie en la voyant là. »
Verset 11
¹¹Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
La maison ⇒ οἰκία – oikia en grec, littéralement, une maison, un logis, un édifice habité. Jésus ne se trouve pas dans une grotte, comme souvent cela est raconté dans les contes de Noël, les mages ne viennent pas le visiter dans une grotte, ou une étable, mais bien une maison.
L’étoile s’est levée lorsque Jésus est né, et les mages ont suivi l’étoile qui les a menés jusqu’à Jésus. Combien de temps s’est-il écoulé entre l’arrivée des mages et la naissance de Jésus ? On ne le sait pas, et c’était bien là la question de Hérode, de savoir quand Jésus est né, de s’enquérir de son âge.
Ce que l’on sait ici, c’est que l’étoile a guidé les mages jusqu’à une maison.
Mais alors, d’où vient la tradition de la crèche ?
Luc rapporte aussi les évènements de la naissance de Jésus et en Luc 2:4-7, nous lisons : « Joseph aussi monta de la Galilée, de la ville de Nazareth, pour se rendre en Judée, dans la ville de David, appelée Bethléhem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David, afin de se faire inscrire avec Marie, sa fiancée, qui était enceinte. Pendant qu’ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, et elle enfanta son fils premier-né. Elle l’emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie. »
C’est là qu’apparaît le « mot » crèche. Luc était originaire d’Antioche, il était très instruit. Médecin grec, il était quelqu’un de très méticuleux et précis. Luc était un ami de Paul et il avait entrepris de mener une enquête sur Jésus-Christ et son ministère. Il n’a pas connu Jésus-Christ de son vivant, mais méticuleusement et méthodiquement, il est allé interroger tous les témoins de l’époque afin de relater les faits, ce qu’il s’est réellement passé lors du ministère de Jésus-Christ et ce que les apôtres ont fait après la résurrection du Christ (le Livre des Actes des Apôtres). On peut supposer qu’il a parlé aux disciples du Christ, à Marie, à Marie-Madeleine et tant d’autres… Son récit est précis, et il s’adresse à tous, même s’il le destinait à Théophile. Et par son récit, Luc apporte la preuve à tous, mais surtout aux Grecs, que Jésus est bien le Christ.
Donc, lorsque Luc rapporte que Marie avait emmailloté l’enfant et l’avait couché dans une crèche, il nous faut regarder ce qui signifie le mot utilisé par Luc et qui a été traduit par « crèche » dans nos Bibles. Il s’agit du mot φάτνη – phatne en grec, littéralement une mangeoire.
Ainsi, Luc nous dit clairement que Joseph arriva à Bethléem pour se faire recenser suite à l’édit de César qui imposa que tous les juifs se fassent recenser dans leur ville natale. Donc, Joseph, né à Bethléem, entreprit le voyage avec Marie, qui était enceinte de Jésus. Et lorsque le couple arriva à Bethléem, il y avait tellement de monde dans le petit village, qu’il ne trouva aucune auberge pour les accueillir. Alors Marie donna naissance à Jésus dans une étable, d’où la tradition de la crèche de Noël.
Luc ne rapporte pas le même évènement que Matthieu, disons, pas le même temps de cet évènement. Luc rapporte le moment de la naissance de Jésus, tandis que le récit de Matthieu se situe plus loin dans le temps, alors que Marie et Joseph ont trouvé refuge dans une maison. Donc Jésus a au moins un jour, peut être plus, on ne le sait pas.
Et nous comprenons qu’il est nécessaire de recouper les évangiles, car ils se complètent. Luc nous rapporte le moment même de la naissance, avec la visite des bergers, alors que Jésus vient de naître dans une étable. Et Matthieu nous raconte la suite, c’est-à-dire la visite des mages alors que Marie et Joseph, toujours à Bethléem, ont trouvé refuge dans une maison.
D’ailleurs, lorsque les mages entrent dans la maison, ils trouvent l’enfant avec Marie, mais il n’est nullement fait mention de Joseph. On peut alors supposer que Marie et Joseph sont restés un peu de temps à Bethléem et que Joseph avait trouvé du travail, puisque plus tard, il quittera le village, sous l’ordre de Dieu, pour se rendre en Égypte.
Se prosternèrent et l’adorèrent ⇒ Le verbe adorer n’existe pas dans le texte en grec, et le verbe prosterner c’est προσκυνέω – proskuneo, littéralement s’agenouiller en signe de révérence.
Leurs trésors ⇒ θησαυρός – thesauros. Il s’agit d’un coffre qui servait à garder des choses de valeurs. Donc ces mages ouvrirent ces coffres où ils y avaient mis des choses de valeurs ou les offrir à Jésus.
Et qu’ont-ils offert à Jésus ? De l’or, de l’encens et de la myrrhe, des choses très précieuses. Rien, dans le texte, ne nous fait dire qu’un mage a offert de l’or, un autre de l’encens, un autre de la myrrhe. On peut supposer, et cela serait plus probable, que plusieurs ont offert de l’or, plusieurs de l’encens et plusieurs de la myrrhe, ou que chacun avait offert ces trois choses précieuses.
Symboliquement, le choix des présents est très fort. Celui qui a fait du catéchisme doit se souvenir qu’on lui avait dit que les « rois mages » symbolisaient l’universalité de l’humanité. Par eux, c’est toute l’humanité qui est venue se prosterner et reconnaître Jésus-Christ, en suivant l’étoile.
Remarque : suivre son étoile, symboliquement, c’est écouter son ange gardien, qui mène à Jésus-Christ, qui est la porte et le chemin qui mène au Père. Donc, symboliquement, ces mages ont suivi une étoile qui les a menés au Christ, et nous aussi, nous devons suivre notre étoile, l’information que nous donne notre ange gardien, car cette étoile nous montre le chemin jusqu’au Christ. Comment faire ? Tout est expliqué à cette page « Votre Plan – Votre ange gardien ».
Revenons aux trois présents.
L’or, symboliquement, représente la richesse, ce que l’on peut avoir matériellement. L’encens fait appel à l’émotion. Et la myrrhe à tout ce qui est de l’ordre du sentiment.
Ainsi, nous avons l’or qui représente le matériel, le corps, l’encens qui représente l’âme (rattachée aux émotions) et la myrrhe qui représente l’esprit (rattaché aux sentiments). On y voit donc les trois axes, le corps-l’âme-l’esprit, donc tout ce qui est de l’ordre du physique, de l’émotionnel et du spirituel. Par ces présents, les mages ont déposé aux pieds de Jésus tout ce qui est de l’ordre du physique, de l’émotionnel et du spirituel de l’humanité, montrant que Jésus-Christ est le Roi à tous les niveaux.
Verset 12
¹²Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.
Leur pays ⇒ χώρα – chora, littéralement leur région, une contrée.
Donc, tous les mages venaient de cette région. Le mot χώρα – chora dérive du mot χάσμα – chasma, qui signifie ouverture béante, un abîme, un gouffre.
Donc, par cette dérivation, on comprend que ce mot χώρα – chora contient l’idée d’une vaste étendue vide. Ainsi, ces mages venaient d’une vaste région peu peuplée, du moins, où il existait de vastes étendues désertes. Et c’est pour cela que l’on peut supposer qu’ils viennent de l’actuelle Chine, un vaste territoire. Et cela corrobore le fait de la prophétie de l’étoile qui indique le Fils de Dieu retrouvée sur des textes très anciens.
Ces mages, qui étaient des hommes de science pour leur époque, qui scrutaient le ciel, devaient normalement retourner chez Hérode pour lui dire qu’ils avaient trouvé l’enfant. Mais, Dieu leur envoya la pensée qu’ils ne devaient pas y retourner.
D’une manière purement logique, lorsque l’on connaît la suite du texte, on peut se dire que Dieu a permis à Jésus de grandir un peu avant d’entamer un long voyage jusqu’en Égypte. En effet, si les mages étaient retournés vers Hérode, ce dernier aurait entrepris de le chercher. Mais en prenant un autre chemin, Hérode les a attendus, on ne sait combien de temps, et ce temps d’attente a permis à Joseph et à Marie de reprendre des forces, ainsi qu’à Jésus de grandir un peu.
On sait, par Luc, que Jésus a été présenté au temple à l’âge de 8 jours, comme le veut la coutume. Donc, nous sommes après la présentation au Temple, et ainsi, on peut penser que Jésus a au moins deux semaines, peut-être plus.
La sagesse de Dieu est grande, et Dieu agit toujours en son temps, et Il gère tout pour que tout arrive à temps. Faisons-lui confiance pour conduire nos vies, comme Il a conduit la vie de Joseph et de Marie.
Soyez bénis.
Pour visionner la vidéo de cet article
Pour aller plus loin